Les malaises d'un blocage Jamais dans la longue histoire du football national un transfert n'aura autant duré et pourri le climat entre deux clubs présentés comme les modèles même de la grandeur et la réussite. Au-dela de cette pénible et fort longue transaction, c'est tout un système qui est remis en cause car le statut dont devrait se prévaloir le football marocain n'a que faire de ce genre de petitesses. Une chose est sûre dans le transfert de Redouane Allali du WAC au Raja : les dirigeants de notre football n'en sortent pas grandis. On se serait encore cru aux premières années de l'indépendance avec des dirigeants de clubs refusant de voir un de leurs joueurs changer de camp et qui plus est de rejoindre et donc de renforcer les rangs de l'équipe rivale. Le marché des transferts dans notre football reste hélas régi par des comportements illustrant la faiblesse et les petitesses des responsables de clubs écrasés par le poids d'une frange de leurs supporters, celle des surexcités qui utilise la force physique pour faire plier tout comité. Privé de compétition depuis une saison, Redouane Allali, sociétaire du WAC, a exprimé son désir de changer de club. Un souhait d'autant plus réalisable que le WAC, par la voix de son président Nasreddine Doublali n'a cessé de recommander une séparation à l'amiable tant le joueur était devenu indésirable. Et d'abaisser continuellement cette barre de départ de 2MDh à 500.000 DH. Les finances de la plupart des clubs étant au plus mal, seul le Raja s'est alors manifesté début juillet 2002 pour créer alors une vraie psychose dans le camp Wydadi. Dès lors les entraves à la transaction se sont multipliées au grand dam du joueur sans ressources depuis une saison au point de vivre le drame d'une coupure d'eau et d'électricité dans son foyer. Commencèrent alors les tentatives de récupération de Allali par le WAC pour l'empêcher de rejoindre le Raja. Seulement le joueur avait fait son choix et il refusa poliment mais fermement toutes les offres (même avec un chèque certifié de 600.000 DH). Il est vrai que l'ex n° 10 des Rouges ne pouvait oublier toutes les misères et les avanies qu'il avait vécues de la part du président Doublali et c'est cet acharnement à sa perte qui l'a détourné à tout jamais de ses anciennes couleurs. “Plutôt une nouvelle saison blanche que de vivre un autre cauchemar avec quelques dirigeants”, lâche Allali d'une voix calme. Bien que les dirigeants rajaouis aient accepté toutes les conditions de la transaction, (50 % sur un éventuel nouveau transfert), leurs homologues wydadis n'arrivent pas à accorder l'autorisation de départ. La raison ? Ils ont peur de la colère de leur public et craignent des «représailles». Au Raja, on se veut plus sereins : “Redouane n'a que 26 ans et après une saison sur la touche et donc sans jouer, il est prêt à en passer une seconde blanche pour retrouver la liberté. Dès janvier 2003, il pourra s'entraîner officiellement avec le Raja et signera une licence en juillet 2003”. Au milieu des années 70, feu Petchou, l'enfant terrible du Raja n'eut aucune difficulté à aller rejoindre le WAC avec lequel il écrivit plusieurs nouvelles pages glorieuses. Aujourd'hui on refuse à un surdoué du ballon rond flanqué d'un sale caractère de faire le chemin inverse. Et dire que l'on parle d'instauration du professionnalisme dans le football marocain. Sans doute devra-t-on le doter d'abord de dirigeants à la hauteur de ce nouveau statut.