L'actualité nationale a été marquée, la semaine écoulée, par un nouveau jalon posé par le Souverain dans la dynamique plurielle et soutenue des réformes dans le Royaume : la mise en place du Conseil Supérieur de l'Enseignement (CSE). Cette institution, constitutionnellement prévue et longtemps espérée par les démocrates et progressistes marocains, a finalement vu le jour dans une conjoncture propice et un contexte arrivé à maturité. C'est en substance, d'ailleurs, ce que le Souverain a souligné dans son allocution pour la circonstance : «Nous estimons, en effet, que le temps est venu pour affronter, avec le sens des responsabilités qui s'impose, les vrais maux de l'enseignement que chacun connaît et dont tout le monde pâtit». Force est de relever, que jamais plus haute magistrature d'un pays de ce monde n'avait, jusqu'à ce jour, établi un diagnostic aussi implacable, sans complaisance aucune, pour crever l'abcès et mettre les décideurs, éducateurs et parents d'élèves devant la dure réalité d'un système d'enseignement inopérant, anachronique, inadapté, parfois figé et privé du rythme requis de changement et de modernisation à l'heure de la société du savoir et des nouvelles technologies de l'information. Le message est clair : il n'est pas question de poursuivre, dès à présent, la politique de l'autruche ni de verser dans le populisme, la démagogie et la surenchère, puisque tous les violons sont définitivement accordés autour d'un diagnostic vrai, réaliste et alarmant : notre système d'Education-Formation se porte mal et notre enseignement, toutes catégories confondues, primaire, secondaire et supérieur est en crise. Et ce, en dépit de la réforme engagée, il y a quelques années, avec l'avènement de la Charte COSEF dont les grands principes peinent toujours à être concrétisés sur le terrain éducatif. Pour infléchir la tendance dans la bonne direction, le Souverain a énergiquement impulsé la dynamique de la réforme de l'éducation, en mandatant le nouveau Conseil des missions attendues dans les meilleurs délais et avec toute l'efficacité requise. Mohammed VI n'a-t-il pas mis l'accent sur l'engagement Royal en assurant que «Nous réaffirmons, à cet égard, la place privilégiée que Nous réservons, dans Notre Projet de développement de la société, à la réforme de l'éducation, tant son rôle est déterminant dans la diffusion du savoir, l'ancrage des valeurs de citoyenneté et la préparation des générations de demain». C'est le mot d'ordre de relance d'un secteur où les dysfonctionnements sont montrés du doigt et l'appel à toutes les bonnes volontés citoyennes vivement sollicitées pour un sursaut salvateur. Le Souverain a mis au pas de charge les membres du CSE pour stimuler un processus en panne qui n'en finissait pas de patauger dans la médiocrité et la redondance des mauvaises performances, malgré que le secteur vive sa quatrième année de réforme universitaire et plus encore, pour la refonte de son système éducatif général. Et la décision Royale a anticipé un «pourrissement» de la situation de crise dans laquelle s'engouffrait de plus en plus l'enseignement au Maroc et mis un frein vigoureux à la rupture qui menaçait un système en déliquescence. Des formations médiocres, des écoles supérieures mues en «machines» à fabriquer des chômeurs, un enseignement ne favorisant ni l'initiative, ni la critique ni l'épanouissement personnel. Bref, tous les travers qui se dressent, devant l'évolution d'une société souffrant à devenir pleinement citoyenne. Une rupture de confiance surtout, un terme, maintes fois cité dans l'allocution Royale, pour la restauration de laquelle ont été invitées à se coaliser toutes les forces vives et démocratiques de la nation, décideurs, administration, enseignants, élèves étudiants, parents et autres. «Partant du principe que l'éducation est une affaire qui engage tous les Marocains, Nous sommes certains que l'exploration des voies et moyens, pour une réforme constamment renouvelée du système éducatif, requiert du Conseil en tant qu'instance constitutionnelle, qu'il soit toujours à l'écoute des spécialistes et des autres acteurs intéressés ou opérant dans ce domaine vital».Un espace d'échanges, de réflexion, d'évaluation périodique, d'innovation pédagogique, de régulation des systèmes éducatifs public et privé, de contrôle stratégique, de réajustement des formations à la qualité et à la modernisation, bref, il est attendu du CSE, qu'il s'attaque activement aux priorités de remise sur la bonne voie d'un enseignement national «marginalisé» jusque-là. Pour rétablir la confiance dans notre système éducatif, réconcilier le citoyen avec l'école marocaine, responsabiliser enseignants et parents dans une synergie commune destinée à améliorer la qualité éducative, autant de défis et de challenges redoutables que le pays doit relever. C'est le prix à payer pour l'émergence d'une «Nouvelle école» dans une société citoyenne.