Si la jalousie existe dans toutes les cultures et reste un sentiment parfaitement naturel quand il est modéré, elle peut aussi devenir maladive, étouffante, et mettre en péril la santé mentale et la vie du couple. Explications. Pour Freud, il est anormal de ne pas éprouver de la jalousie, ce serait même un besoin. Ce sentiment, qui apparaît dès l'enfance, où nous éprouvons le besoin d'être aimé, et même préféré. Ce sentiment, que l'on observe dans toutes les cultures, reste toutefois influencé par les valeurs de la société : la place de la fidélité dans le couple est importante dans le développement de ce sentiment. Elle n'est, en effet pas la même dans les cultures où la polygamie est admise, par exemple… « Où étais-tu ? » Mais ce sentiment, parfaitement naturel quand il reste modéré, peut aussi devenir maladif, démesuré, étouffant. Dans ce cas, il met en péril la santé mentale et la vie de couple. Selon une étude effectuée au Canada, un groupe d'adultes a classé la jalousie au second rang des difficultés les plus importantes dans la vie d'un couple, parmi 37 situations conjugales. La jalousie peut en effet être extrêmement nocive : «A qui téléphones-tu ?» ; «où étais-tu ? Pourquoi ne me répondais-tu pas au téléphone ?» ; «Avec qui as-tu déjeuné ?»… la jalousie incontrôlée est néfaste pour tout le monde et le (la) jaloux(se) maladif(ve) fait de sa propre vie et de celle de son (sa) partenaire un véritable enfer. Si l'on ne possède pas de chiffres exacts sur ce phénomène, il semble y avoir plus d'hommes jaloux de manière pathologique que de femmes. D'autres avancent, au contraire, que ce sentiment serait équitablement partagé, mais simplement plus visible chez les hommes, peut-être à cause de nos valeurs culturelles : l'infidélité féminine est considérée comme plus grave, ce qui pourrait expliquer les réactions plus violentes de leurs partenaires. On considère en effet que les hommes peuvent avoir des relations uniquement pour le sexe, alors que les femmes mettent forcément des sentiments dans leurs relations… Parano possessif Rapidement obsessionnel, le jaloux pathologique n'a qu'un but : chercher coûte que coûte et par tous les moyens possibles (espionnage, vider les poches, regarder l'historique et les sms du téléphone portable, voire visite-surprise au bureau…), à découvrir l'atroce «vérité» : son partenaire le trompe. Cette réaction s'accompagne généralement d'une baisse de l'estime de soi. Le jaloux pense en effet qu'il ne mérite pas l'amour qu'on lui porte : «ma femme est plus jeune que moi, elle est trop jolie pour moi… ». Il vit dans le soupçon permanent, se « fait un film » à la moindre inquiétude, déforme les propos qu'on lui tient et fait une montagne d'un minuscule détail. Malheureux à cause de ses soupçons incessants, il peut aller jusqu'à détruire son couple. Face à cette situation, une seule solution : ne jamais abonder dans le sens du jaloux en jouant à le séduire, et ne surtout pas chercher à le provoquer, car ce petit jeu pourrait très vite dégénérer… N'oubliez pas que certains jaloux peuvent commettre des actes irréparables. Il faut donc soigneusement éviter les allusions, les phrases à double sens, qui risquent de le rendre fou de rage. Bien au contraire, il faut le rassurer en lui répétant que vous l'aimez et qu'il peut vous faire confiance. Mais attention : soyez prévenu(e) que, quoi qu'il en soit, tout ce que vous pourrez lui dire lors de ses crises «pourra être utilisé contre vous». Puisqu'il déforme tout, cela viendra nourrir sa jalousie. Il faut donc lui expliquer que vous ne répondrez pas à ses questions incessantes. Tenez bon et restez insensible à ses harcèlements. Si vous cédez à son harcèlement, vous risquez de mettre le doigt dans un terrible engrenage. Ainsi, de nombreux maris jaloux demandent à leurs femmes d'arrêter de travailler… et quand elles acceptent, elles le paient souvent très cher. Mises sous cloche, elles aliènent ainsi leur liberté et se retrouvent totalement sous l'emprise de leurs maris jaloux, qui les contrôlent. Cela fait froid dans le dos… Restaurer la confiance Trois mots clés qu'il faut à tout prix instaurer dans un couple pour en chasser la jalousie : la confiance, le respect et la liberté. Il faut croire en l'autre et en ce qu'il dit, sinon, la relation ne peut être solide. Pour se donner les moyens de s'épanouir, le jaloux doit donc nécessairement montrer à son partenaire qu'il ne cherche pas à l'enfermer dans une cage. Un travail sur soi est donc nécessaire, en cas de jalousie pathologique : avant toute chose, le jaloux doit guérir. Si vous souffrez de son comportement, suggérez-lui de consulter un psychologue pour savoir d'où lui vient ce terrible manque de confiance en lui – et en vous. La jalousie sous toutes ses formes Sigmund Freud distinguait ainsi trois formes de jalousie : • La jalousie normale, concurrentielle C'est lorsque le partenaire est inconsciemment identifié à la mère ou le père. Le jaloux éprouve alors une sorte de peur de perdre le sein maternel... • La jalousie projetée C'est lorsque le jaloux soupçonne l'autre car il est lui-même infidèle. • La jalousie délirante Pour Freud, il s'agit d'une sorte de dénégation de son homosexualité : « Je ne l'aime pas car c'est un homme, mais c'est ma femme qui l'aime »... Un jaloux, une jalouse Qu'ils soient hommes ou femmes, ils tourmentent leur partenaire, mais chacun use de méthodes différentes : • La femme jalouse cherche des preuves matérielles : odeurs et parfums inhabituels, document oublié dans les poches des vêtements, ou même espionnage du téléphone portable de son partenaire. A la moindre ébauche de preuve, son attitude redouble, à la hauteur de sa peur d'être abandonnée. Elle pleure, menace… Elle s'efforce de rencontrer sa rivale, tente de la déstabiliser puis de la dévaloriser aux yeux de son partenaire. Enfin, elle n'hésite pas à fermer la porte au nez de celui qu'elle croyait aimer et à le rejeter sans autre forme de procès. • L'homme jaloux surveille l'apparence de sa femme et contrôle son emploi du temps, comme si elle était une partie de lui-même. Toute transgression des habitudes provoque une avalanche de remarques et questions. Il limite son autonomie, fait le vide autour d'elle, en l'isolant de ses amis et de sa famille. S'il pense détenir une preuve de trahison, il peut devenir violent, en l'humiliant ou en démontrant sa force. Il n'a de cesse de la dominer, par tous les moyens, mais pour rien au monde il ne renoncerait à elle …