Mohamed El Aouni, S.G du Mouvement de la jeunesse démocratique Tourner la page... “ Nous n'arrêtons pas de répéter que les jeunes fuient la politique, alors que cette affirmation est totalement fausse. Ceci d'autant plus que toutes les données démontrent que l'histoire du Maroc est bien celle de sa jeunesse. Prenez l'exemple de la lutte contre le protectorat, vous y trouverez que la plupart des leaders de l'époque étaient des jeunes. Quel était l'âge d'Abdelkrim Khattabi quand il a mené la guerre du Rif ? Quel était l'âge de Mehdi Benbarka, de Mohamed Zerktouni, et d'autres combattants et résistants ? L'histoire du Maroc est riche en exemples éloquents. Il est vrai que les jeunes fuient la politique, mais uniquement la politique du fait accompli. Celle qui a été menée par les autorités qui avaient utilisé tous les moyens de répression et de conditionnement. Donc, c'est une désaffection à l'égard d'une politique donnée qui a déçu non seulement les jeunes, mais bien toutes les couches du peuple. Cette politique a réussi momentanément à brouiller les cartes, mais elle n'a pas réussi à vaincre ni à s'imposer. Elle n'a fait que contribuer à créer les conditions d'une large contestation. D'ailleurs, pourquoi voit-on autant de jeunes protester contre le chômage et l'exclusion ? Comment interpréter cette forme ultime de la protestation qui pousse des milliers de jeunes à s'aventurer sur des pateras de fortune au risque de leur vie ? Que dire de ces autres milliers de jeunes diplômés et des compétences qui fuient le pays pour trouver refuge ailleurs ? Doit-on considérer ces phénomènes comme une fuite en avant et une irresponsabilité de leur part. Je crois que la grande irresponsabilité réside dans le fait de cautionner une politique défaillante. C'est pour cela que nous appelons au sein du mouvement de la jeunesse démocratique à ouvrir une réelle perspective devant la jeunesse marocaine pour qu'elle puisse participer activement à la reconstruction du pays et à l'édification démocratique dans le cadre d'une transition pacifique. Ceci ne peut, bien évidemment, se faire, que si les réformes constitutionnelles et institutionnelles sont mises sur pied dans le sens de la consécration de l'état de citoyens et des institutions pour tourner la page du système de la corruption et des privilèges. Saïd Fekkak, président de la Jeunesse socialiste Réhabiliter l'action politique “ Tout d'abord, il faut remarquer que l'évaluation de la participation des jeunes à la politique est une question qui relève, académiquement, de la sociologie politique. Malheureusement et eu égard à la rareté des études dans ce domaine et à l'inexistence d'une vraie industrie de sondage, toutes les opinions, à ce sujet, ne dépasseront pas le seuil de l'observation et de la constatation des faits. A mon avis, on ne peut vraiment expliquer le phénomène de la faible participation politique des jeunes uniquement par les atteintes aux libertés car les années soixante et soixante-dix avaient connu un formidable élan politique des jeunes. Par conséquent, il y a d'autres raisons dont nous énonçons les principales : - La succession des fraudes électorales qui ont complètement défiguré la scène politique en mettant sur pied des institutions peu crédibles ; - L'exacerbation des problèmes du chômage des jeunes et des problèmes sociaux, ce qui pousse les jeunes à se concentrer sur leurs propres problèmes au lieu de s'intéresser à la chose publique ; - L'amplification du phénomène de l'individualisme, de l'égoïsme et de l'opportunisme au détriment des valeurs de solidarité et de l'intérêt général ; - Le recul des forces de gauche aux niveaux mondial et national qui ont naguère cristallisé l'enthousiasme des jeunes ; - L'absence de démocratie interne au sein de beaucoup de partis politiques. Cela dit, si nous voulons élargir le champ de participation des jeunes à l'avenir, il faut absolument réhabiliter l'action politique, en tant que valeur noble. Mais ceci ne sera possible que si tout le monde s'y engage notamment l'Etat, les partis politiques et la société civile pour préparer toutes les conditions à l'organisation d'élections libres et transparentes qui puissent aboutir à la formation d'institutions représentatives crédibles et jouissant de la confiance du peuple marocain. Aziz Rabbah, S.G de la Jeunesse du PJD Ne pas rater le rendez-vous du 27 septembre Il est important de signaler que les problématiques concernant la jeunesse marocaine sont multiples et méritent une attention particulière de la part de toutes les composantes de la société, dont les partis politiques, les ONG et le gouvernement. Ces problématiques sont d'ordre identitaire, moral, culturel, social et politique, d'où la nécessité de mettre en place un programme d'action national, basé sur une vision claire et une stratégie globale incluant le court, le moyen et le long terme. Si les indicateurs relatifs à la situation de la jeunesse marocaine témoignent d'une crise profonde, c'est parce que les politiques nationales successives ont ignoré la jeunesse du fait que le capital humain était relégué au second plan. La marginalisation politique des jeunes constitue une des causes principales de cette crise. L'Etat, les partis politiques, les intellectuels, et j'en passe, en assument une responsabilité énorme et doivent beaucoup à la jeunesse marocaine, et par conséquent à tout le pays. Le Maroc a besoin d'un changement pour mobiliser toutes ses richesses, dont le capital humain et sa jeunesse. Les élections du 27 septembre constituent le premier pas essentiel vers ce changement, leur transparence crédibilise les discours officiels sur la nouvelle ère de l'Etat de droit et de la démocratie. Elle permettra de maintenir le peu d'espoir chez la jeunesse, plutôt chez tout le peuple marocain. Cependant, tous les acteurs, y compris les jeunes doivent être vigilants pour “protéger” les élections contre les manœuvres qui portent atteinte à la transparence, à la démocratie et aux intérêts du pays. Non seulement, les jeunes doivent participer activement aux élections, mais en plus,0 ils doivent lutter contre tout type de corruption que ce soit de la part de l'administration où de la part des élus et des partis eux-mêmes. Ils doivent défendre l'avenir du pays en soutenant les partis et les élus qui présentent non seulement un programme approprié mais aussi une pratique et un comportement acceptables. Les partis politiques devront, de leur côté éviter la démarche «purement électorale», qui fait des jeunes une arme de combat et de revendications, en adoptant une démarche qui met les problèmes des jeunes au cœur de leur préoccupation, et ceci ne peut se concrétiser que si les organisations de la jeunesse imposent leurs points de vue au sein de leurs partis par une participation active et permanente. La jeunesse a besoin, aujourd'hui, de conquérir le terrain, les partis politiques et les institutions, en adoptant une démarche en même temps revendicative et créative. Le pays a besoin de véritables citoyens militants mais aussi de véritables programmes.J'espère que le pays ne ratera pas le rendez-vous historique du 27 septembre.