Pionnier de la lutte pour l'indépendance, premier chef de la diplomatie marocaine, premier secrétaire général du parti de l'Istiqlal, l'un des trois chefs de gouvernement dans l'histoire du Maroc, représentant personnel de Feu le Roi Hassan II, Ahmed Balafrej est assurément l'une des personnalités politiques les plus respectées du Maroc. Il termina sa vie sur une grande déception après l'arrestation de son fils en 1973 suite à son adhésion aux courants révolutionnaires de gauche. Portrait Hadj Ahmed Balafrej est né il y exactement 98 ans. En 1908 plus précisément, il a vu le jour à Rabat. Il était connu dés les années trente en tant que jeune militant marocain enthousiaste plein de confiance et de détermination. Un nationaliste convaincu doublé d'un intellectuel et politicien hors-paire. Il poursuivit ses études au Caire puis à Paris. Ce qui lui a permis d'acquérir une double formation imprégnée tout à la fois des valeurs orientales arabo-islamiques et aussi occidentales et modernistes. Ce qui fera de lui l'un des plus brillants universitaires de sa génération. Il entreprend son action au service de l'indépendance du Maroc aussi bien en Orient qu'en Occident. Il sera notamment l'un des fondateurs de l'association des étudiants musulmans en France créée en 1926 et dont les membres étaient essentiellement des jeunes marocains, algériens et tunisiens. Quelques années plus tard, on le retrouvera parmi les fondateurs et animateurs des premières cellules du mouvement national à travers la Koutla de l'action nationale, d'ou émergera plus tard le parti de l'Istiqlal. Un parti pionnier qui va connaitre une première scission à la suite du différend qui éclata entre les leaders Allal El Fassi et Hassan El Ouazzani au sujet de la vision de ce parti partagé entre nationalistes et unionistes arabes. On retiendra de Hadj Ahmed Balafrej sa grande culture et ses grandes ambitions politiques. C'est ce qui le poussera à s'intéresser très tôt à la presse et à l'information et aussi à l'action diplomatique. En 1932 il fonde la revue «Al Maghrib» éditée en langue française. Il participe également à la préparation et à la rédaction du mémorandum présenté en 1934 à Feu le Roi Mohammed V et qui comportait toute une liste de revendications portant sur les réformes internes réclamées par le mouvement national. Dans la foulée, il entame toute une série de consultations avec les leaders du mouvement national et anime des débats centrés sur le meilleur moyen d'engager la lutte pour l'indépendance du Maroc. Deux années plus tard, c'est à dire en 1936, il sera élu premier secrétaire général du parti de l'Istiqlal qui venait de naître juste après l'exil de feu Allal El Fassi au Gabon et qui dura une bonne dizaine d'années. Le 11 janvier 1944, on retrouve encore Ahmed Balafrej, parmi les signataires du manifeste de l'Indépendance. Il sera immédiatement arrêté et exilé vers la Corse. Libéré en 1946, il retrouve la mère patrie et lance le journal «Al Alam» dont il était le principal théoricien et éditorialiste. Au Caire, Ahmed Balafrej décide de prendre contact avec le Prince du Rif Mohammed Abdelkrim El Khattabi, symbole de la résistance au colonialiste dans le nord du Maroc. Il participe également aux premières discussions sur l'affaire marocaine engagées au niveau de l'Organisation des Nations-Unies à New-York. Il entame également une tournée à travers les grandes capitales mondiales en vue d'expliquer le sens du Manifeste de l'Indépendance et sensibiliser le plus grand nombre de personnalités internationales à soutenir le mouvement national marocain. On lui doit beaucoup dans l'action entreprise pour le retour d'exil du libérateur et père de la Nation Feu S.M Mohammed V. En 1956 avec le retour du Roi et l'avènement de l'indépendance, Ahmed Balafraj est nommé au poste stratégique de ministre des Affaires Etrangères. On le considère jusqu'à aujourd'hui comme le vrai fondateur et initiateur de la diplomatie marocaine. C'est lui qui ouvrit les premières ambassades du Maroc à l'étranger, qui installa les premiers consulats et qui concrétisa l'adhésion du Maroc aux grandes organisations internationales dont notamment les Nations Unies, La Ligue des Etats Arabes et l'organisation de l'Unité Africaine. En 1958, son itinéraire est couronné par sa nomination au poste de Chef de gouvernement. A cette époque les différends commençaient à éclater au sein de l'Istiqlal et la scission n'était plus qu'une question de jours. Suite à cette crise, Ahmed Balafrej décide d'abandonner ses fonctions politiques au secrétariat général du parti de l'Istiqlal En 1962, Sa Majesté le Roi Hassan II, qui venait d'accéder au Trône, décide de le nommer une deuxième fois au poste de ministre des Affaires étrangères et devient à partir de 1963 représentant personnel de Sa Majesté le Roi. Poste qu'il assuma durant une bonne dizaine d'années, soit jusqu'en 1972. Sa maladie l'obligera à abandonner toute action politique et diplomatique jusqu'à sa mort annoncée officiellement le 14 avril 1990. Tout au long de sa carrière politique il força le respect de toute la classe politique marocaine qui voyait en lui à la fois un leader charismatique du parti de l'Istiqlal, un serviteur de la famille Royale. Il termina sa vie sur une grande déception après que son fils choisit d'opter pour le courant révolutionnaire de gauche. Au Caire, Ahmed Balafrej décide de prendre contact avec le Prince du Rif Mohammed Abdelkrim El Khattabi, symbole de la résistance au colonialisme dans le nord du Maroc. Il participe également aux premières discussions sur l'affaire marocaine engagées au niveau de l'Organisation des Nations Unies à New-York. Traduit de l'arabe par Omar El Anouari Prochain article Cheikh El Hiba Maa El Aynaine Le Sultan sans couronne