Les pays arabes ont proclamé leur droit d'armer l'opposition contre le régime de Bachar al-Assad après lui avoir octroyé le siège de la Syrie à la Ligue arabe, lors d'un sommet d'un jour mardi au Qatar. Le chef démissionnaire de l'opposition, Ahmad Moaz Al-Khatib, et le « Premier ministre » intérimaire, Ghassan Hitto, ont pris place sous les applaudissements aux côtés des chefs d'Etat arabes à l'ouverture du sommet dans la salle où le drapeau de la révolution syrienne a remplacé celui de la République syrienne. M. Khatib a défendu devant les dirigeants arabes l'autonomie de l'opposition face aux ingérences extérieures et demandé l'extension du bouclier antimissile de l'OTAN en Turquie au nord syrien, ce que Washington a refusé. Dans leur résolution finale, les pays arabes ont souligné qu'un règlement politique en Syrie, dévastée par deux ans de guerre, constituait « une priorité ». Mais ils ont ajouté que « chaque Etat membre a le droit d'apporter tous les moyens d'autodéfense, y compris militaires, pour soutenir la résistance du peuple syrien ». Le patron de la Ligue arabe, Nabil Al-Arabi, a expliqué lors d'une conférence de presse qu'il s'agissait « d'établir un équilibre sur le terrain » entre l'opposition et le régime, dans le but de parvenir à une « solution politique ». « Il faut créer un équilibre dans toute négociation politique », a renchéri le Premier ministre du Qatar, Hamad Ben Jassem Al-Thani. Seuls Bagdad et Alger ont exprimé leurs réserves et le Liban s'est distancié du texte, alors que les violences ne connaissent aucun répit sur les nombreux fronts en Syrie faisant comme tous les jours des dizaines de morts, selon une ONG syrienne. Les Arabes ont octroyé à la Coalition nationale de l'opposition le siège de la Syrie « à la Ligue arabe et dans ses organisations et conseils spécialisés jusqu'à l'organisation d'élections et la formation d'un gouvernement » dans ce pays. Dans son discours devant le sommet, M. Khatib s'est livré à un plaidoyer passionné en faveur du peuple syrien « massacré depuis deux ans sous les yeux du monde entier ». Selon lui, il revient au « seul peuple syrien de choisir celui qui le dirigera, et la manière dont il sera gouverné. Le peuple refuse tout mandat ». M. Khatib a aussi réclamé que l'opposition obtienne « le siège de la Syrie à l'ONU et dans les organisations internationales » et demandé « le gel des fonds que le régime a pillés à notre peuple », estimés par l'opposition à quelque 2 milliards de dollars. « Il a, en outre, dit avoir demandé au secrétaire d'Etat John Kerry « l'extension vers le nord syrien du bouclier antimissile Patriot » déployé en Turquie voisine. Mais la Maison Blanche a indiqué que l'OTAN ne fournirait pas de Patriot pour protéger les bastions rebelles en Syrie. » Dimanche, M. Khatib a annoncé sa démission surprise, en disant vouloir protester contre l'inaction de la communauté internationale et en accusant des pays soutenant l'opposition « de tenter de contrôler la révolte ». Mais il a annoncé ensuite sa participation au sommet. Selon un opposant, Khaled Al-Saleh, sa démission « n'a pas été acceptée » et « la plupart des membres de la Coalition souhaitent » qu'il reste, alors que l'opposition peine à unir ses rangs. Outre le conflit syrien qui a fait plus de 70 000 morts et un million de réfugiés, le sommet a adopté une proposition du Qatar portant sur la création d'un fonds d'un milliard de dollars pour Al-Qods dont le quart serait à la charge du riche Etat gazier. Il a aussi adopté la proposition du Qatar de tenir au Caire un mini-sommet arabe pour sceller la réconciliation interpalestinienne entre le Fatah et le Hamas. Bouclier antimissile La Maison Blanche a indiqué mardi que l'OTAN ne fournirait pas de batteries de missiles Patriot pour protéger les bastions rebelles en Syrie, après une demande du chef démissionnaire de l'opposition Ahmed Moaz al-Khatib. Ce dernier avait sollicité depuis le sommet de la Ligue arabe à Doha une extension du bouclier antimissile. Il existe déjà un « parapluie antimissile » côté turc, le long de la frontière avec la Syrie : des missiles Patriot sont en place dans cette région pour intercepter tout missile qui serait tiré depuis l'autre côté de la frontière. « Nous sommes au courant de cette demande », a répondu le porte-parole de la Maison Blanche, Jay Carney. « Pour l'instant, l'OTAN n'a pas l'intention d'intervenir militairement en Syrie ». LE MATIN