S'il est vrai que presque tous les ouvrages scolaires sont importés, et donc trop chers pour beaucoup de parents, il n'est pas moins vrai que certains ouvrages fabriqués sur place comportent beaucoup d'erreurs et de fautes, notamment d'orthographe, de grammaire, d'impression et j'en passe, induisant, par là, l'apprenant en erreur et l'entraînant ainsi à se douter du manuel local et à n'en plus faire confiance. A ce propos, voici une lettre ouverte à tous les opérateurs du livre qu'on trouve dans les pages de la revue "LECTURE" organe de l'Association pour la Promotion de l'Edition, du Livre et de la Lecture (A.P.E.L.L.) et par laquelle Monsieur Mohamed ADGHOGHI - Conseiller pédagogique de langue française et membre actif de la dite Association et de son comité de rédaction s'est adressé aux responsables du Livre dans notre pays. Lettre ouverte à tous les opérateurs du Livre... PERMETTEZ-MOI, TOUT D'ABORD, de rompre ce silence et de venir par le présent message interpeller les bonnes consciences et tous ceux qui ont un rôle plus ou moins primordial sur la scène du livre et de la lecture au Maroc. Ce n'est ni par prétention ni, encore moins, par emphase de ma part, d'intervenir, mais avouons que tout le monde s'est senti ridiculisé et frustré par les termes et les conclusions du fameux rapport de la Banque Mondiale sur la situation de l'enseignement au Maroc. Il faut reconnaître aussi que ce rapport n'a été que la goutte qui a fait déborder le vase, le problème sévit déjà depuis bien longtemps. Depuis de longues décennies. Et là où le bât blesse, c'est que tout le monde en est conscient et tout le monde en parle, mais personne ne semble vouloir (ou pouvoir) agir ou prendre la moindre initiative. Chacun continue son petit train-train habituel sans s'en inquiéter ou s'en soucier, et chacun semble penser que cela ne le concerne pas. Hormis, bien sûr, quelques actions positives ça et là, jugées toutefois insuffisantes par rapport à un Maroc qui regorge d'hommes de lettres, de professionnels, de penseurs, d'intellectuels et d'écrivains dont la notoriété et le renom ne sont plus à démontrer, tant à l'intérieur du pays qu'à l'extérieur. Il est vrai que les responsables du secteur ne semblent ménager aucun effort en vue de rehausser le niveau de la culture dans le royaume et démontrent leur pleine volonté d'encourager et de stimuler la promotion du livre et de la culture en général mais, bien que tout le monde manifeste le même désir d'aller de l'avant, force est de constater tout de même l'existence d'un blocage quelque part. D'où vient alors la faille ? Cela semble provenir d'abord d'un manque de confiance en soi, en ses capacités et d'une certaine crainte de s'ouvrir aux autres. Il y a assez d'énergie et de savoir-faire que beaucoup préfèrent garder jalousement pour eux. Chacun semble, prétendument, garder son patrimoine en besognant en solitaire, tête baissée, parfois au risque de se hasarder ou de s'aventurer dans l'à peu près, l'imprécis ou même l'imparfait oubliant toute l'importance, l'ampleur et la noblesse de leur mission et du rôle de leur métier qui est censé éduquer et instruire des générations futures. Ne vaudrait-il pas mieux oublier cet égoïsme et cet esprit de rivalité le plus souvent infondée, abandonner ces pratiques et ces théories pernicieuses et préjudiciables et s'en remettre plutôt au dialogue et à l'ouverture ? La crainte de s'ouvrir aux autres ou de demander avis ou conseil, prouve la nullité, la faiblesse et l'incapacité car on apprend toujours et personne n'est infaillible. Et puis l'union a toujours fait la force. Les efforts doivent être conjugués, à l'instar de ce qui se passe sous d'autres cieux. Opter pour la concertation, le Cartel, l'alliance et l'ouverture des uns aux autres, notamment au sein d'associations ou d'amicales. Tout le monde est appelé à verser dans le même creuset, sans rivalité ni dissension ni, encore moins, de langage fielleux. Il faut s'accepter et viser mutuellement dans le sens de l'épanouissement, du développement et de l'évolution du livre et de la lecture. Il y va l'avenir de nos enfants. D'autres points sont à signaler, et non des moindres : les erreurs et les fautes, notamment d'orthographe ou de grammaire, qui peuplent indéfiniment les textes de nombreux ouvrages. D'autant plus que ces ouvrages sont censés êtres destinés à instruire, à éduquer et à inculquer le savoir à ceux qui n'ont d'autre alternative qu'à y croire en toute confiance. S'il est vrai que l'erreur est humaine ? dirait-on, il est non moins vrai que la relecture et la correction n'existe que dans le sens de parer à ces bévues, à ces lapsus ou à ces inadvertances, dans le souci de proposer des textes dignes d'un organe éducateur, d'un ouvrage… scolaire . C'est le cas également de certains imprimeurs qui laissent passer des irrégularités, la plupart du temps, par l'absence ou l'incompétence du service chargé de la retouche finale avant le bon à tirer ou l'ozalid. J'espère que le présent message réussisse à décrisper, à décontracter et à atteindre l'objectif souhaité : celui de reconsidérer nos positions et écouter la raison afin de pouvoir rattraper le train en marche et démontrer que nous sommes toujours dignes de la confiance que mettent en nous élèves, enseignants et parents. Mohamed ADGHOGHI Conseiller pédagogique