Un jour que je feuilletais un magazine dont les articles sont généralement un peu loufoques, souvent ridicule, mais qui ont le mérite de me dérider un peu, je trouvais un article qui avait comme titre “Méditations d'un mendiant militant. La mendicité entre les préjugés sociaux et la structuration” ; cet article était signé par un pseudonyme, et sachant le caractère cynique et moqueur du magazine, je ne saurais certifier le sérieux de cet article, mais je vous le copierais tel qu'il est, et à vous de juger. Méditations d'un mendiant militant. La mendicité entre les préjugés sociaux et la structuration Durant mon séjour dans un pays étranger, qui a raté le train du développement tout comme le mien, je fus surpris, mais surtout ivre de joie, en lisant un avis de « L'association des mendiants unis » paru dans un journal opposant, qui encourageait tous les mendiants libre du pays, et tous les sympathisants, à se joindre à une énorme marche vers le parlement qui commencerait dans une place célèbre de la capitale. L'avis avertissait aussi les potentiels participants que l'Etat et ses forces policières sanguinaires allaient sûrement faire usage de leur tristement célèbre matraque pour étouffer leur juste cause, comme ils ont fait pour tant d'autres causes, aussi justes et nobles que la leur. « L'association des mendiants unis » assurait que cette marche était une réaction légitime contre le nouvelle loi qui incriminait la mendicité, et qui mettait ainsi les mendiants au même degré que la lie de la société, en oubliant ce que la mendicité - branche importante de l'économie irrégulière - apportait au pays, que ce soit dans la lutte contre le chômage, dans l'entrée de devises, dans la lutte contre la pauvreté, dans la perpétuation des traditions, et la liste est longue. “Fin de l'avis” Je n'ai malheureusement pas pu savoir ce qui a résulté de cette marche, car je devais revenir à mon peu cher pays le lendemain de la parution de cet avis. J'ai longtemps cherché dans les journaux nationaux et internationaux pour essayer de savoir les développements de la lutte de mes frères mendiants, mais en vain ; apparemment, les autres Etats jugeaient que c'était un très mauvais exemple à suivre, et faisaient les muets. Pour moi, c'était une preuve que les mendiants de par le monde vivaient tous le même calvaire, faisaient face aux mêmes problèmes, aux mêmes préjugés, et qu'il était primordial pour notre survie, nous les honorables mendiants marocains, de s'unir et de s'organiser sous un même corps, qui défendra les intérêts de la mendicité marocaine, la représentera nationalement et internationalement. Cela ne doit point apparaître aux personnes qui daigneront lire ces lignes une sorte d'utopie, c'est un projet réalisable, mais surtout urgent, au vu du développement des mœurs, des mentalités. Un domaine qui regroupe des centaines milliers de mains tendues, et même plus, ne peut rester plus longtemps dans l'anarchie, et notre chère mendicité ne peut rester prisonnière de méthodes dépassées. En plus du besoin de s'unir, il y a le besoin de se développer : le temps où l'on recevait l'aumône en faisant appel à la pitié, à la charité, à la compassion, ce temps là est révolu. Les cœurs se sont endurcis, les gens n'ont plus le temps de faire attention aux malheurs des autres, à leurs préoccupations, tellement ils en ont eux-mêmes. Et puis n'oublions pas que notre honorable fonction attire de jour en jour de nouvelles recrues, ce qui a semé le chaos dans notre secteur, et nous a attiré la répugnance des gens. Je finirai par un appel à mes frères mendiants : Sachez que la mendicité a toujours été depuis la nuit des temps, et ni les guerres, ni les épidémies, ni la colère de nature n'ont pu la nous faire disparaître. Mes frères, vous avez sur vos épaules un lourd et glorieux héritage, soyez donc à la hauteur de ce grand honneur, et ensemble, la main dans la main, élevons-nous aux cieux, en abaissant notre fierté, car sinon on n'avancera pas, et surtout, on ne nous donnera rien. “Fin de l'article”