Tout d'abord, l'artiste est plus conscient de lui et de ce qui se passe autour de lui, plus attentif. On peut même dire que l'artiste, le vrai artiste est plus vivant que les autres gens. Et ça se voit souvent dans le fait qu'il est plus sensible, dans la signification complète du mot, que les gens le sont normalement. Urgyen Sangharakshita L'artiste et la conscience. Dans mon article précédant, j'avais abordé la définition de l'artiste d'une manière générale, du côté technique de ce métier (plusieurs personnes ne pensent pas que ce soit un métier) afin de donner une petite idée sur ce domaine un peu ignoré dans notre société. Aujourd'hui ce métier prend de plus en plus un aspect commercial, et nous passons à côté des valeurs qui peuvent être un grand moyen de développement pour une société. D'après les écrits de Urgyen, on touche le côté de l'artiste comme acteur du développement et d'évolution, ce que l'artiste peut changer autour de lui et par lui-même. Il n'y a plus cette notion de travailler pour l'univers qui entoure cet artiste, et il n'y a plus d'univers apte et assez ouvert pour qu'il puisse passer à autre chose. J'avais parlé de quelques personnages qui ont marqué l'histoire de la place jamaâ lfna, des personnages qui ont réussi leur mission -la transmission de la tradition et de la culture locale- par simples contes et histoires de leur imagination afin de partager une partie réelle de notre propre histoire. Aujourd'hui, on se demande ce que fait l'artiste marocain pour pouvoir arriver à ce stade de transmission des valeurs et des manières de vivre ? Mais nous savons tous que la réponse à cette question existe et parfois nous la posons juste pour fuir la réalité. À ce jour, il n'y a que l'art pour l'art, rien ne change, -ou ne change pas-, tout reste dans l'oeuvre elle-même, et c'est pour cela que plusieurs oeuvres artistiques marocaines - sur toutes les disciplines- n'arrivent point à survivre longtemps. Que ce soit le cinéma, l'art qui "marche" le mieux au pays, ou l'un des arts de scène, les artistes marocains n'arrivent pas à toucher un large public, un public qui puisse les suivre, et c'est par ce que l'artiste lui-même ne cherche pas ce public. Le plus grave dans tout cela, c'est que nous produisons de plus en plus des oeuvres pour des élites, pour un public spécifique, chose qui affaiblit l'art au Maroc. Tant que l'oeuvre artistique ne prend pas en considération l'aspect de transmission des valeurs et de développement, nous demeurerons dans ce cadre du "faire pour faire",... À suivre