Le sida est le Syndrome d'Immuno Déficience Acquise, c'est à dire que le système immunitaire (globules T4) est touché par le virus et donc, devient faible voir inactif 39,4 millions de personnes vivent avec le VIH dans le monde. Chaque jour, 14 000 personnes contractent l'infection par le VIH. A l'échelle mondiale, le VIH touche à proportion presque égale les hommes et les femmes, environ 28 millions de personnes sont déjà décédées des conséquences du sida, dont 3,1 millions en 2004, ce qui signifie environ 8 000 par année. Ce sont là des chiffres horrifiants. De plus, la majorité de ces cas de séropositivité existent en Afrique, avec 29,4 millions de cas. Qu'en es t-il du Maroc ? Environ 1 600 malades du sida et 30 000 séropositifs vivent au Maroc. Une approximation inquiétante, comme l'explique Abdessamad Oussayh, président de l'AMJCS (1) : « Le ministère annonce parfois 1 602 cas de sida déclarés, parfois 1 598 ; la presse publie des chiffres tournant autour de 1 250 ou 1 400. La situation est beaucoup plus alarmante qu'elle n'en a l'air ». Même constat de la part du professeur Hakima Himmich, chef du service des maladies infectieuses à l'hôpital Ibn Rochd, à Casablanca, et présidente active de l'ALCS, la principale association marocaine de lutte contre le VIH (2). « Malgré le caractère rassurant de ces chiffres, certains éléments font craindre que le Maroc ne soit à un tournant de l'épidémie. Il y a, d'une part, l'augmentation rapide du pourcentage de femmes parmi les malades du sida, passé de 8 % en 1998 à 39 % en 2004. D'autre part, le nombre très important d'infections sexuellement transmissibles (IST), estimé par le ministère de la Santé à 300 000 nouveaux cas par an. » Selon les sources, 2 500 à 5 000 contaminations auraient lieu chaque année. Les régions les plus touchées sont : Le Souss Massa Dra (19 % des cas), Casablanca (17 %) et Marrakech (12 %). Malgré ce tableau sombre, les malades bénéficient néanmoins d'une certaine prise en charge, minime certes, mais existante, explications : Les patients séropositifs bénéficient d'une prise en charge inégale selon la région où ils habitent. Au Maroc, les personnes vivant avec le VIH ne sont pas soignées dans les centres de traitement ambulatoire (CTA) ni dans les centres de santé, mais au niveau des CHU, notamment à Rabat et à Casablanca, et dans les centres référents des hôpitaux de province. Les CTA, administrés par l'OPALS Maroc, et les centres d'information et de dépistage anonyme et gratuit (CIDAG) de l'ALCS assurent en revanche les tests VIH auprès de la population. Leur nombre est insuffisant, puisque dans une agglomération comme Casablanca, qui compte cinq millions d'habitants, un seul centre de dépistage est opérationnel. Des régions rurales à forte prévalence comme le Souss Massa Draa, au Sud, et Béni Mellal, dans les zones montagneuses, ne bénéficient d'aucune structure permanente de dépistage. « Il y a cependant une très nette volonté de la part du ministère de la Santé d'augmenter le nombre de ces structures, note la présidente de l'ALCS. A ce titre, nous avons mis en circulation, depuis deux ans, deux centres mobiles de diagnostic anonyme et gratuit, financés, l'un dans le cadre d'un projet du Fonds mondial, l'autre par la région Ile-de-France. Ils nous permettent de faire jusqu'à cent tests par jour et de couvrir toutes les régions. » La signature d'une convention de partenariat avec l'Agence de développement social (ADS) devrait par ailleurs aboutir à la création de nouveaux CIDAG dans les quartiers défavorisés de la périphérie de Casablanca. En dépit d'un maillage sanitaire insuffisant, les associations participent activement au suivi des patients pris en charge. L'ALCS revendique ainsi une file active de 800 personnes à Casablanca, 300 personnes à Agadir et 150 à Marrakech. Enfin, la trithérapie coûte aujourd'hui 800 dirhams par personne et par mois. Elle est partiellement prise en charge par les associations et le Ministère de la Santé. « Le Programme national de lutte contre le sida va commencer à acheter des médicaments génériques, précise le professeur Himmich. Malheureusement, les fabricants indiens ne nous ont pas accordé des prix aussi faibles qu'en Afrique subsaharienne. De plus, les thérapies de deuxième et de troisième intention coûtent, plus de 15.000 dhs par mois, et restent dès lors, inaccessibles. »