Bnadem (le fils d'Adam) et Tafoukt (le soleil) rêvent. Et quel drôle de rêve - aux yeux de la société - dont ils rêvent : se marier et avoir des enfants. Ces deux personnages expressifs, Bnadem et Tafoukt, sont les héros du film amazigh « Imourran » réalisé par Abdallah Dada. Un film où la vie côtoie la mort, les enfants emboîtent les parents, la modernité est prisonnière des traditions, l'avenir interpelle le passé, la réalité abolit les rêves, le jour succède à la nuit, le bien combat le mal, les riches narguent les pauvres. Bref, un monde où coexistent ces deux forces antagonistes le Yin et le Yang. En effet, dans son bas âge, Bnadem découvra au milieu des rochers une petite fillette abandonnée en larmes qu'il baptisa Tafoukt, du nom du soleil pour lequel le lever et le coucher reste énigmatique. Puis il la confia à Moufoulki (la bienfaitrice) qui l'a adoptée. Les deux gamins ont grandi en alimentant de beaux rêves dans un environnement où le poids du facteur social est grandissant et la condition de la femme est précaire jusqu'au jour où Bnadem demanda à son père de le marier à Tafoukt, chose que son père refusa catégoriquement vu que celle-ci n'est qu'une fille abandonnée ! D'ailleurs, Tafoukt doutait de la réalisation de ce mariage : Sept vagues devraient la toucher sur le rocher, condition difficile dans sa réalisation. L'amour que porta Bnadem pour Tafoukt l'a poussé à défier son père et quitter le village pour travailler ailleurs et devenir Argaz (Homme) et revenir pour se marier avec son amie, avec qui il a jugé fidélité près du rocher qu'ils ont baptisés Imourran. Oufal, l'ami de Bnadem et fils du grand notable du village (Anmghour) intercepta toutes les lettres que Bnadem adressait à son amie Tafoukt pour les séparer. De même que sa sœur Toudert (la vie) essaireait de persuader Tafoukt pour se marier avec son frère Oufal qui est devenu un homme riche après avoir hérité les biens de son père. Ainsi, à l'occasion du mariage de Toudert, Oufal demanda la main de Tafoukt pour le mariage. Bnadem, après avoir quitté le village, en promettant à Tafoukt une vie conjugale paisible à son retour, est allé chez « Aâmi Lfakir » qui l'accueilla à « Tigmi Mkourn » (La grande maison) et le considéra comme son fils vu qu'il n'en a pas. A sa mort, Aâmi Lfakir légua tous ses biens à son fils adoptif Bnadem dans son testament. Ce dernier, se hâta pour annoncer la bonne nouvelle à son amie. A son arrivée, le mariage de ses amis Oufal et Tafoukt fut consommé et retourna à son « exil volontaire » traînant avec lui la trahison de son amie qui a préféré l'argent à la quiétude. Le temps passe et la vie conjugale d'Oufal et Tafoukt tourna à l'enfer : le mari n'a cessé de harceler son épouse et a fini par vendre tous les biens que lui a légué son père. Ironie du sort : leur maison a été achetée par le richissime Bnadem qui, après avoir connu les circonstances, eut pitié de son ancienne amie et la laissa vivre dans sa maison jusqu'au jour où cette dernière metta au monde une fillette. Recommença alors un cycle de vie : la fillette abandonnée près du rocher, ses parents ne pouvant supporter la vie se sont noyés dans la mer. Ainsi, un jour s'en va, un autre arrive avec le lever du soleil (Tafoukt) et l'histoire recommence de plus belle pour lancer un cri d'alarme contre la condition féminine et les conditions de vie précaire ci-bas. Le réalisateur nous donna un rendez-vous annuel au rocher d'Imourran chaque premier vendredi de Septembre pour célébrer le moussem d'Imourran.