René Descartes est à la fois le plus célèbre et le plus grand des philosophes français. En France, cependant, sa célébrité ne tient pas toujours à son génie, mais à une simplification désastreuse de sa doctrine, où l'on ne voit qu'un rationalisme étroit et à courte vue : chacun, alors, croit pouvoir invoquer à tout propos l'autorité de Descartes, et se dire cartésien. En réalité, la philosophie de Descartes est d'une extraordinaire complexité, et sa richesse telle qu'on y peut découvrir la source de toute la philosophie moderne. Les grands métaphysiciens du XVIIe siècle (Malebranche, Spinoza, Leibniz) ont construit leurs systèmes en réfléchissant sur celui de Descartes dont, bien entendu, ils s'éloignent souvent, mais par rapport auquel ils se situent toujours. René Descartes est né en 1596 à La Haye, en Touraine, dans une famille de petite noblesse. Son père était conseiller au Parlement de Bretagne. Sa mère mourut en 1597 . Descartes, en 1606, entre au collège de Jésuites de La Flèche, « une des plus célèbres écoles de l'Europe ». Il a droit, en raison de sa santé fragile et de ses dons exceptionnels, à un régime privilégié (travailler au lit longtemps le matin, etc.). Néanmoins, il jugera fort sévèrement l'enseignement reçu et, tout particulièrement la syllogistique, cette partie de la logique qui traite du syllogisme (1) . Seule, la mathématique trouve grâce à ses yeux. « Je me plaisais surtout aux mathématiques, à cause de la certitude et de l'évidence de leurs raisons », écrira-t-il en l 637, dans le Discours de la méthode. Descartes n'est pas seulement un homme d'étude et de cabinet : il s'engage en 1618 dans l'armée du prince Maurice de Nassau puis, en 1619, entre au service du duc de Bavière. Il pressent sa méthode, le 10 novembre 1619, pendant une nuit durant laquelle il comprend qu'il est capable d'unifier les connaissances. En 1628, il compose les Règles pour la direction de l'esprit (Regulae ad directionem ingenii). Descartes veut pouvoir travailler tranquillement : il s'établit en 1628 en Hollande, pays protestant, et changera fréquemment de domicile pour préserver sa paix. Le fruit de ses réflexions est, en juin l 637, le Discours de la Méthode, préface à la Dioptrique, aux Météores et à la Géométrie. Cette préface, qui contient toute la méthode de Descartes, inspirée des mathématiques, est restée célèbre. Le Discours de la Méthode, écrit en français et non en latin, s'adresse non point aux doctes et aux érudits, mais à tous les individus de « bon sens » ou de « raison » (deux termes équivalents pour Descartes). En 1640, Descartes perd la fille qu'il avait eue de sa servante et il en est profondément affecté. En 1641, il publie les Méditations sur la Philosophie première, clé de voûte de sa philosophie, en 1644, les Principes de la philosophie, et en 1649, les Passions de l'âme. Appelé en Suède par la reine Christine, désireuse de philosopher, il meurt à Stockholm le 11 février 1650 : sa santé ne résista pas aux rigueurs du climat. Le corps de Descartes fut ramené en France en 1667. Les principales éditions des oeuvres de Descartes Descartes, Oeuvres, édition Charles Adam et Paul Tannery, Léopold Cerf, 1897-1913, 13 volumes ; nouvelle édition complétée, Vrin-CNRS, 1964-1974, 11 vol. (reprint de 1996, à l'occasion du 400e anniversaire de la naissance de Descartes) : notée AT (par exemple, la page 445 du volume XI de l'édition de 1996 sera indiquée : AT, XI, 445) Descartes, Correspondance, édition Ch. Adam et Gaston Milhaud, 8 volumes, Alcan, PUF, 1936 et années suivantes : notée AM (la page 122 du volume IV sera indiquée : AM, IV, 122) Descartes, Oeuvres et lettres, textes présentés par André Bridoux, Bibliothèque de la Pléiade, NRF, Gallimard, (1952 ?) 1953, réimprimé en 1978, notée : AB (la page 768 de cet unique volume sera indiquée : AB, 768) Descartes, Oeuvres philosophiques, textes établis, présentés et annotés par Ferdinand Alquié, 3 vol. (I : 1618-1637, II : 1638-1642, III : 1643-1650), Classiques Garnier, 1963-1973 : notée FA (la page 1066 du tome III sera indiquée : FA, III, 1066) Geneviève Rodis-Lewis, Descartes ; Textes et débats, Le Livre de Poche, collection Biblio Essais, 669 pages, 1984