Alors que les tensions ne cessent de croître entre les acteurs sociaux et le gouvernement, les syndicats les plus représentatifs du pays ont exprimé leur exaspération face à l'absence d'invitations pour la « session d'automne » du dialogue social. Ce dernier, censé se dérouler en septembre, a été inexplicablement reporté à octobre sans notification officielle de la part de l'Exécutif. A cet égard, les représentants syndicaux ont souligné l'urgence d'une rencontre pour clarifier les doutes qui entourent une situation qu'ils qualifient de vide, aggravée par une dynamique de fuite en avant du gouvernement. Bouchta Boukhalfa, vice-secrétaire général de la Confédération Démocratique du Travail (CDT), a fermement rejeté l'idée d'avoir reçu une quelconque invitation, dénonçant ainsi le manque de respect du gouvernement envers les accords relatifs à l'établissement d'un dialogue social régulier. Il a rappelé l'importance d'un accord signé le 30 avril 2022, qui admettait la nécessité de ce dialogue, mais qui semble avoir été oublié par un gouvernement qui, dans son discours, prétend avoir institutionnalisé les dialogues. Le syndicaliste a ainsi précisé, dans sa déclaration à Hespress, que ce mépris pour les engagements fragilise le processus et nuit à l'éthique du dialogue social. De son côté, Saïd Khairallah, membre du secrétariat général de l'Union Marocaine du Travail (UMT), a indiqué que l'absence de nouvelles concernant la session prévue peut être interprétée comme un manque de substance de la part du gouvernement. « Le dialogue au niveau national doit se tenir en deux sessions. Mais rien ne semble bouger à ce sujet. Peut-être que le gouvernement attend la fin du remaniement. Cependant, même après la formation du nouvel Exécutif, il n'a pas encore bougé« , a-t-il précisé, insistant sur le fait que le dialogue ne doit pas être un simple formalisme, mais une réelle plateforme d'échanges. Il a également affirmé que l'Exécutif n'a envoyé aucune notification aux représentations professionnelles, ce qui les amène « à penser que le gouvernement n'a rien à offrir lors de cette session« . Khairallah a également rappelé « son attachement à la tenue de la session dès que possible. Il n'y a aucune raison de la reporter à avril« , ajoutant que « le gouvernement peut proposer, et nous en discuterons avec les travailleurs pour veiller à ce que cela n'affecte pas leurs intérêts et leurs préoccupations« . Pour le syndicaliste, la session de septembre était censée être une réunion cruciale pour discuter des politiques publiques, notamment la présentation de la loi de finances avant sa soumission aux instances législatives. Par ailleurs, il convient de noter que les représentants syndicaux ne s'opposent pas au dialogue social, mais ils s'engagent à profiter de chaque occasion pour rappeler au gouvernement ses promesses non tenues, tout en exigeant une véritable transparence et une échéance claire pour la tenue de cette session reportée, ont-ils fait savoir. Pour eux, cette situation demande une réflexion plus large sur la responsabilité du gouvernement à respecter les engagements pris envers les représentants des travailleurs, surtout dans un contexte où la nécessité d'un dialogue constructif est plus cruciale que jamais pour faire face aux défis économiques et sociaux qui touchent le pays.