Mercredi, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a déclenché son plus haut niveau d'alerte sanitaire internationale en réponse à la recrudescence inquiétante des cas de Mpox, aussi connue sous le nom de variole du singe, sur le continent africain. Cette décision, prise lors d'une réunion du comité d'urgence de l'OMS, a été annoncée par le Directeur général, le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, lors d'une conférence de presse. « Aujourd'hui, le comité d'urgence s'est réuni et m'a fait savoir qu'à son avis, la situation constitue une urgence de santé publique de portée internationale. J'ai accepté cet avis », a-t-il déclaré, soulignant la gravité de la situation. Face à cette alerte mondiale, Hespress FR a sollicité Dr Tayeb Hamdi, médecin et chercheur en politiques et systèmes de santé, pour obtenir son expertise sur cette épidémie qui suscite de vives préoccupations, notamment pour les pays africains comme le Maroc. Une propagation rapide et inquiétante La première question posée à Dr Hamdi portait sur les raisons de l'inquiétude croissante autour de la Mpox. Selon lui, plusieurs éléments contribuent à cette situation alarmante. « On a constaté que dans plusieurs pays africains, depuis quelques mois, il y a une explosion de cas de variole du singe d'une manière très accélérée », explique-t-il. Ce phénomène ne se limite plus aux pays endémiques traditionnels, mais s'étend désormais à des régions jusqu'ici épargnées. L'inquiétude est d'autant plus grande que le virus semble muter plus rapidement que les souches précédentes. « Cette souche, appelée clade 1b, se transmet d'une manière plus rapide et plus simple », précise Dr Hamdi à Hespress FR. Contrairement à la souche de 2022 qui touchait principalement les hommes ayant des relations sexuelles avec d'autres hommes, cette nouvelle souche affecte désormais un spectre plus large de la population, y compris les enfants et les familles. Cette évolution rend la situation particulièrement préoccupante, car les modes de transmission semblent devenir de plus en plus variés. Une létalité accrue et une propagation mondiale possible L'un des aspects les plus troublants de cette nouvelle souche est son taux de mortalité. « On estime que cette souche a un taux de mortalité de 3%, ce qui est déjà élevé », affirme Dr Hamdi. Il souligne également que parmi les cas graves, les enfants sont particulièrement vulnérables, avec un taux de mortalité de 10%, tandis que 5% des adultes atteints succombent à la maladie. Ces chiffres témoignent de la dangerosité de cette épidémie. Un autre facteur aggravant est la propagation de la maladie dans des zones urbaines dotées d'infrastructures de transport modernes, telles que des aéroports et des gares. « La combinaison de cette facilité de transmission et de la présence dans les villes... risque de faire exploser les cas un peu partout dans le monde », met en garde Dr Hamdi. Cette situation pose un risque non seulement pour l'Afrique, mais pour l'ensemble de la planète, d'où la nécessité d'une réponse rapide et coordonnée. Les symptômes et le diagnostic La variole du singe se manifeste par une série de symptômes qui commencent par de la fièvre, des céphalées, et des douleurs musculaires. « On a des adénopathies, des ganglions qui apparaissent dans le corps, dans le cou, des frissons, une fatigue générale », décrit Dr Hamdi. Ensuite, des lésions cutanées caractéristiques se développent, prenant la forme de bulles remplies de liquide. Ces lésions, qui apparaissent sur tout le corps, y compris sur le visage, les mains, et même les muqueuses, sont plus virulentes que celles observées lors des précédentes épidémies. Avec la souche de 2022, les lésions étaient limitées aux régions génitales. Aujourd'hui, elles touchent l'ensemble du corps, ce qui complique le diagnostic et le traitement. « Ce sont des lésions généralisées qui ressemblent à la variole humaine, mais sont plus sévères que celles de la varicelle », ajoute Dr Hamdi notant que les professionnels de santé doivent donc être particulièrement vigilants pour différencier cette maladie d'autres infections similaires. Une urgence de santé publique mondiale L'OMS qualifie cette situation d'urgence de santé publique de portée internationale, ce qui signifie que même les pays qui n'ont pas encore enregistré de cas doivent se préparer à une éventuelle importation du virus. « Les pays doivent débloquer les fonds nécessaires, les moyens humains, les vaccins, les médicaments et les tests pour stopper la propagation », insiste Dr Hamdi. Cette mobilisation est particulièrement cruciale pour les pays africains qui, souvent, manquent de ressources pour faire face à une telle crise. Dr Hamdi déplore également l'inégalité d'accès aux vaccins. « En 2022, les pays riches ont utilisé les vaccins contre la variole humaine pour stopper l'épidémie, mais l'Afrique n'a pas bénéficié de ces vaccins », regrette-t-il. L'absence de vaccins en Afrique a permis à l'épidémie de se propager, rendant la situation actuelle encore plus critique. Le Maroc doit se préparer Quant au Maroc, Dr Hamdi estime que le risque d'importation de cas est bien réel. « Comme tous les autres pays, le Maroc risque d'importer des cas de virus », avertit-il. Pour prévenir une propagation, il est impératif selon l'expert de sensibiliser la population et les professionnels de santé, d'établir des protocoles de surveillance stricts, et de coopérer avec les autres pays dans un esprit de solidarité internationale. Enfin, Dr Hamdi estime que la résurgence de la variole du singe en Afrique constitue une menace sérieuse pour la santé publique mondiale, soulignant que la rapidité de sa propagation, la gravité de ses symptômes, et la possibilité de mutations rendent cette épidémie particulièrement dangereuse. Il est donc crucial que les autorités sanitaires du monde entier prennent des mesures immédiates et coordonnées pour endiguer cette menace avant qu'elle ne prenne des proportions incontrôlables.