Au Maroc, les zones rurales couvrent 90% de la superficie du pays mais abritent moins de 40% de la population, alors que plus de 60% de la population vit en milieu urbain. Cette disparité est principalement due au manque d'attrait des zones rurales en raison de l'absence d'opportunités. Cette situation est encore plus critique en raison des changements, de la rareté des ressources en eau, et plus récemment du séisme dévastateur qui a frappé la région du Haouz au Maroc. Il est donc impératif de réorganiser et revitaliser ces zones après cette catastrophe. Dans cette optique, un groupe composé d'environ une centaine d'experts pluridisciplinaires nationaux a élaboré des recommandations grâce à une approche d'intelligence collective pour orienter le processus de reconstruction qui fait suite au séisme survenu le 8 septembre. Un document intitulé « Guide des Recommandations issu de D.Days EcoDouars » a récemment été publié. Il est le résultat de la mobilisation d'experts marocains et présente des recommandations innovantes et réalisables classées par thèmes. Cette initiative a également retenu la participation de nombreux partenaires, qu'ils soient issus du secteur public ou privé. Les domaines abordés par ces recommandations englobent l'architecture, l'efficacité énergétique, la gestion de l'eau potable, l'assainissement liquide, la gestion des déchets, l'implication communautaire, ainsi que la préservation du patrimoine naturel du Haut Atlas. Ce document est le fruit d'un processus collectif passionnant qui a réuni des experts, des acteurs locaux et des membres de la communauté. Tous ces acteurs se sont engagés à collaborer étroitement avec les communautés locales pour favoriser un avenir résilient dans les régions montagneuses touchées par le récent séisme. Le manuel incarne les directives qui traitent des enjeux essentiels liés à la reconstruction. Chaque page illustre un dévouement envers la restauration, la préservation et la valorisation des cultures locales florissantes, ainsi que la création d'un horizon plus prometteur. Cet effort a été le fruit d'une démarche d'intelligence collective visant à mobiliser l'expertise nationale pour la reconstruction. Derrière ce travail, on retrouve une dizaine d'organismes publics, d'institutions privées, et de représentants du monde associatif qui ont été mobilisés par l'initiative citoyenne OTED. Parmi ces organismes, on compte la Société d'ingénierie énergétique, l'Agence Marocaine pour l'efficacité énergétique, le Laboratoire Public d'Essais et d'Études (LPEE), ONEE Branche Eau, l'Agence nationale des Eaux & Forêts, l'OFPPT, le Cluster Efficacité des matériaux énergétiques de construction, l'Association Marocaine d'Assistance et d'Accompagnement Psychologique, et l'Association des lauréats de l'École Mohammedia des Ingénieurs (AEIM). Ces organismes ont réuni une centaine d'experts dans leurs domaines respectifs lors d'une journée d'idéation qui s'est tenue le mercredi 4 octobre à Benguerir. Cette journée a marqué la première étape de ce processus de co-construction, entrée sur le thème « EcoDouars, entre souhaits des habitants, respect du patrimoine et exigence de la nature ». Elle a consisté en une série d'ateliers et de débats qui ont permis à une centaine d'experts de collaborer à la réflexion collective sur la reconstruction des zones sinistres par le séisme. Les travaux ont ensuite été poursuivis pour produire ce guide exploitable contenant les solutions formulées. Plusieurs critères ont été pris en compte dans l'élaboration de ce guide, notamment sa praticabilité et sa capacité à répondre aux besoins pressants de la communauté tout en prenant en considération les réalités locales. Les experts ont également cherché à apporter de nouvelles perspectives pour résoudre les défis de la reconstruction. De plus, les solutions proposées s'accompagnent de recommandations sur la manière de les mettre en œuvre, en identifiant les étapes, les ressources nécessaires, et les partenaires potentiels. Les recommandations au cœur de cette initiative se concentrent sur l'engagement et le renforcement des capacités des communautés locales. Il existe un consensus sur l'importance de suivre des étapes clés, formulées sous forme de recommandations générales, notamment celui de développer et professionnaliser le dialogue avec les citoyens, en poursuivant les consultations citoyennes avec les populations locales pour identifier des besoins spécifiques et garantir que les actions des entreprises correspondent aux réalités locales. Encourager la création de coopératives de reconstruction en tant que priorité, tout en mettant en place des commissions de pilotage communales responsables de la supervision globale des projets de reconstruction, en veillant au respect des démarches et des techniques requises n'est pas en reste dans ce processus. Renforcer les compétences professionnelles grâce à la mise en place d'un programme de formation accélérée, en mettant l'accent sur les jeunes des Douars, afin de promouvoir de nouvelles compétences professionnelles essentielles pour une reconstruction durable, en particulier dans les domaines de la construction écologique et de la gestion des ressources. Cela implique la création de douars pilotes pour une mise en œuvre efficace de ces solutions.