Au bord de la guerre, l'Ukraine et la Russie ont connu une nouvelle escalade dans la crise qui les anime depuis l'annexion russe de la Crimée. A cause de ses agissements, Moscou se fait taper sur les doigts de la part de plusieurs pays. Kiev a fini par décréter, lundi soir, l'état d'urgence officiel dans les provinces de Donetsk et de Lugansk, dans l'est du pays. Ayant percuté un navire ukrainien et bloqué l'accès aux navires dans la mer d'Azov, une petite mer située entre la Crimée et l'est de l'Ukraine, la Russie a provoqué une vive escalade de tensions entre les deux pays ex-membres de l'URSS. Outre cette première démonstration de force, la Russie a capturé trois navires ukrainiens après leur avoir tiré dessus en blessant 6 militaires à bord dont deux grièvement sur les 23 personnes au total, selon l'armée ukrainienne. Les bateaux en question sont deux vedettes blindées et un remorqueurs qui tentaient d'entrer en mer d'Azov par la mer Noire. Grave escalade de tensions A cause de cette opération manu militari de la Russie, une réunion d'urgence du Conseil de sécurité de l'ONU a été convoquée lundi 26 novembre après des réclamations de deux pays. L'OTAN a annoncé, lui aussi, la tenue d'une réunion extraordinaire avec l'Ukraine lundi, à Bruxelles. La veille, le Conseil de sécurité et de défense ukrainien réuni d'urgence a proposé au président Petro Porochenko d'introduire une loi martiale « pour 60 jours », a annoncé le secrétaire du conseil. Cette loi (évitée même pendant le conflit de 2014-2015) qui a été soumise à validation du Parlement ukrainien et n'est censée que « protéger » l'Ukraine et n'est pas contre la Russie, a assuré le président. Elle a été adoptée par 276 députés contre 30. Lors du conseil, le président ukrainien choqué par l'intervention militaire armée russe, a dénoncé ce qu'il a appelé « un acte fou de la Russie contre l'Ukraine ». Tout en demandant à ce que la Russie délivre les trois navires capturés avec les militaires à bords, le président Porochenko a menacé d'impliquer ses alliés pour sanctionner Moscou. « L'Ukraine appelle ses alliés et partenaires à prendre toutes les mesures nécessaires pour retenir l'agresseur, notamment en imposant de nouvelles sanctions » contre la Russie, a-t-il déclaré en ce sens. Réaction russe Confirmant avoir utilisé des armes, la Russie a accusé son voisin de mener des « actions illégales dans les eaux territoriales russes ». S'estimant dans leur droit, les Russes, par la voix du chef de la diplomatie, Sergei Lavrov, a déclaré que l'Ukraine a violé des dispositions clés du droit international, non seulement maritime » ainsi que « la charte de l'Onu incluant la convention de 1982 sur le droit de la mer et d'autres textes de droit international ». Pourtant Kiev, à travers sa marine, a réitéré sa bonne foi en disant que la Russie était au courant à l'avance de l'itinéraire qu'allaient emprunter les navires. Mais pour Moscou, l'Ukraine est fautive. « Une violation a eu lieu, et des méthodes dangereuses ont par ailleurs été utilisées. Cela pouvait créer et cela a créé une menace et des risques pour le déplacement normal des navires dans ce corridor maritime » a dit Sergei Lavrov. Concernant l'issue du Conseil de sécurité, la Russie est restée lucide, en disant ne pas se faire d' »illusions » car, selon Lavrov, l'Occident a pris parti pour le président Porochenko et son régime et le octroie un « soutien aveugle ». D'autres pays s'en mêlent Dans cette affaire, plusieurs pays se sont empressés d'émettre leurs réactions. En première ligne, la Grande Bretagne qui a des différends à régler avec la Russie sur des questions sécuritaires. Ainsi, le gouvernement britannique a qualifié l'intervention russe d' »agression » qui prouve le « comportement déstabilisateur de la Russie dans la région et de la violation persistante, de sa part, de l'intégrité territoriale de l'Ukraine », a déclaré un porte-parole de la Première ministre britannique Theresa May. Les Etats-Unis ont quant à eux qualifié l'opération d' »illégale » tout en appelant Moscou au respect de « ses obligations internationales et ne pas s'opposer ou harceler le transit maritime ukrainien dans le détroit de Kertch », a déclaré Nikki Haley, la diplomate américaine pendant la réunion d'urgence du Conseil de sécurité. De son côté le président du Conseil européen, Donald Tusk, a demandé à « l'abstention de toute nouvelle provocation » de la Russe. Donald Tusk a, notamment, condamné « l'usage de la force par la Russie en mer d'Azov », lui demandant de « s'abstenir de toute nouvelle provocation » et de rendre les navires. « Je condamne l'usage de la force par la Russie en mer d'Azov », a-t-il écrit sur son compte Twitter. Et pour régler le différend entre les deux pays, l'Allemagne s'est proposée en tant que médiatrice, accompagnée par la France dans cette mission. Ainsi, le ministre allemand des Affaires étrangères a déclaré à Madrid, que son pays et la France pourraient être médiateurs entre les deux pays afin d'éviter une « crise grave ».