La police de Tanger a arrêté, mercredi 2 novembre, cinq personnes, âgées de 21 à 33 ans, pour leur implication présumée dans la détention et le trafic du protoxyde d'azote à des fins récréatives. Cette arrestation est intervenue après la saisie, mardi, dans un entrepôt à Tanger, de 520 bouteilles de gaz hilarant contenant au total 1.133 litres de gaz. Le gaz hilarant, devenu donc la nouvelle « drogue euphorisante« , fait des ravages parmi les jeunes et les adolescents au Maroc et partout dans le monde. Pas sans risque sur la santé bien évidemment, le gaz hilarant, n'est, à la base, pas une drogue, mais utilisé à des fins médicales ou encore en agroalimentaire. Le protoxyde d'azote, surnommé « gaz hilarant » est de plus en plus utilisé par les jeunes à des fins récréatives alors qu'il est d'habitude destiné à un usage médical, comme antalgique ou anesthésique ou encore dans le milieu agroalimentaire en tant que propulseur. En l'utilisant, par voix d'inhalation, la personne est sur un nuage avant de se lancer dans un fou-rire. Mais son utilisation peut s'avérer très dangereuse, voire même fatale, à en croire les spécialistes. En effet, selon les derniers chiffres publiés par l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (ANSES), les cas d'intoxication au protoxyde d'azote chez les jeunes a nettement augmenté. Quelque 134 cas rapportés aux centres antipoison en 2020 contre 46 en 2019, en plus de 254 signalements auprès des centres d'addictovigilance en 2020 contre 47 en 2019, indique l'Agence. Où ces jeunes se procurent-ils cette substance ? Quelles sont ses répercussions sur la santé ? Autant de questions auxquelles a bien voulu répondre Dr. Tayeb Hamdi, médecin, chercheur en politiques et systèmes de santé. Dans un premier temps, Dr. Hamdi rassure quant à l'inaccessibilité de cette « drogue » dans les pharmacies, mais estime qu'il y a certainement des canaux illégaux à travers lesquels les jeunes s'en procurent. « Le protoxyde d'azote, surnommé le gaz hilarant pour son effet euphorique, est normalement utilisé en médecine ou encore dans l'alimentaire. Ce sont des cartouches très froides qui sont vendues pour faire de la crème chantilly par exemple, grâce à son effet propulseur. D'ailleurs, ceux qui l'utilisent le mettent dans un ballon pour conserver le froid et ne pas avoir mal en respirant le gaz« , explique le spécialiste. Dans le domaine médical, le protoxyde d'azote est utilisé comme anesthésiste, indique Dr. Hamdi. « Il s'agit du plus ancien anesthésiste. Il date de 150 ans, mais il est de pus en plus délaissé en faveur d'autres gaz. Il est surtout utilisé pour calmer les douleurs, mais pas pour un long sommeil. D'ailleurs, les médecins avaient remarqué que les patients se réveillaient très vite en prenant cet anesthésiant, en comparaison avec d'autres« , dit-il. Venons en aux répercussions négatives du gaz hilarant sur la santé. Selon Dr. Hamdi, le premier risque de cette drogue est le froid qui peut donner des brûlures au niveau de la bouche ou de la gorge. « Le gaz hilarant peut également donner des vertiges, voire même une chute sur place après sa prise. Outre les vomissements qui sont aussi fréquents, il y a eu plusieurs cas de décès à cause de ce gaz, ou encore le risque d'asphyxie par manque d'oxygène. Aussi, il y a des effets hématologiques qui donnent suite à une anémie, et un déficit en vitamine B12« , explique Dr. Hamdi. Malgré que ces effets soient « rares » selon le spécialiste, « les personnes qui l'utilisent à des fins récréatives ne voient pas réellement les risques derrière« , dit-il. » À l'étranger, malgré son interdiction dans plusieurs pays, on donne aux utilisateurs des instructions d'utilisation, mais en précisant les risques sur la santé et les dangers que peut provoquer le gaz hilarant, notamment le décès immédiat« , conclut notre interlocuteur.