L'Institut CDG a organisé ce mardi 13 septembre un webinaire sur le thème « Le développement durable, une réalité ? ». La rencontre a été modérée par Aziz Boucetta et a vu la participation de Mustapha Lahboubi, directeur du pôle Stratégie et Développement de la CDG, Manal El Abboubi professeure à l'Université Mohammed V, Rabat et chercheure associée à Economia, HEM Research Center et à EGiD, Mathilde Dufour, responsable de la recherche sur le développement durable à Mirova, Damien Navizet, directeur de projet stratégique à la Caisse des Dépôts de France. Défini par le rapport Burdtland en 1987, le développement durable répond « aux besoins du présent, sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs ». Il suppose un mode d'organisation qui repose sur trois éléments essentiels, à savoir, l'efficacité économique, l'équité sociale et le respect de l'environnement. Les participants à ce webinaire ont tenté de répondre à la question : comment rendre le développement durable une réalité ? Comment éviter le greenwashing... et s'engager véritablement ? De quelle façon la RSE agit-elle sur la performance globale de l'entreprise ? Quelle feuille de route pour aligner finance et durabilité ? D'emblée, Aziz Boucetta entre dans le vif du sujet. « Le Maroc s'est engagé très tôt dans la logique et dans les enjeux du développement durable et a inscrit cela parmi ses priorités nationales, puisque la première loi en la matière (Loi 11-03 relative à la protection et la mise en valeur de l'environnement) a été adoptée en 2003 », indique le modérateur. « Le Maroc s'est engagé également dans les efforts internationaux à travers l'organisation de la COP22 en 2016 à Marrakech adhérant ainsi à la plupart des accords internationaux. Au Maroc, la politique environnementale comme dans la plupart des pays est inscrite au plus haut niveau et figure dans la Constitution 2011. En 2017, il y a eu la mise en place de la stratégie nationale du développement durable afin d'accélérer la transition vers une énergie verte et mettre en œuvre les fondamentaux d'une économie verte et inclusive au Maroc d'ici 2030 ». C'est Manal El Abboubi qui a ouvert les débats en expliquant que cette question de développement durable est un concept qui est bien vieux, mais qui est également très galvaudé, car il y a plusieurs bifurcations sur divers autres concepts connexes. Pour la chercheure, « le développement durable est une jonction entre trois concepts "people, planet et profit". C'est la première caractéristique, car toute activité doit répondre à cette "définition des trois P". C'est la complexité du développement durable. J'ajouterai l'impact sur les générations futures. C'est un élément temporel et une dimension futuriste des activités de l'entreprise. Ce dernier est une réalité difficile à mettre en œuvre. Ce qu'on observe c'est que les organisations, par faute de moyens et d'expertise, ne vont pas choisir les trois composantes avec l'élément « impact sur les générations futures ». Pour Mathilde Dufour, les objectifs de développement durable (ODD) et les accords de Paris ont été déterminants depuis cette période. « Les entreprises ou acteurs économiques ont été plus dans le financier, l'extrafinancier et tout ce qui n'est pas financier, la RSE », explique-t-elle. « Ce cadre-là actait que ces sujets ne concernaient pas seulement pour certains pays, mais pour l'ensemble des pays et que ce n'était pas que la responsabilité des Etats, mais que les acteurs économiques avaient un rôle à jouer également, un rôle de contribution. C'est intéressant parce que l'on met les sujets environnementaux et sociaux au cœur de l'activité économique et d'offrir une ouverture aux 17 objectifs du développement durable ». Damien Navizet résume le développement durable par la transformation de l'entreprise « pour compléter les interventions, et transformer cette notion en réalité, les normes définies sont celles d'une transformation ». Et d'expliquer: « pour une organisation, une entreprise si on décide de s'orienter par le développement durable, il faut avoir conscience qu'il faut changer beaucoup de choses. C'est une transformation d'autant plus urgente au regard des impacts du climat qui se déchaine actuellement, mais il ne faut pas se leurrer, c'est une transformation qui prend du temps même si on a décidé de la prendre rapidement, car elle sera progressive et continue ». Les cinq défis à relever, selon Navizet, conditions nécessaires pour que cela ne soit pas de l'écoblanchiment ou "greenwashing " avoir, primo, des dirigeants "leaderships " convaincus avec un mandat clairement engagé pour le développement durable. Secundo, un temps de double réflexion, une double matérialité en quelque sorte (impacts environnementaux, sur les gens, l'activité et le profit...). Tercio, un changement d'organisation, et personnifier le développement durable en le dotant de pouvoir. Quatrièmement, avoir les moyens, les données et la formation et dernier point, la transparence et la communication. Enfin, Mustapha Lahboubi explique qu'« au-delà de la prise de conscience sur les dix dernières années, et que l'on a dépassée, il serait intéressant de passer à la deuxième étape à savoir la concrétisation et la rendre une réalité. Finalement, c'est ce que l'on essaye d'expliquer aujourd'hui. Pour ne rien cacher, au sein du groupe CDG, la prise de conscience a été assez précoce. Nous sommes un groupe que l'on peut taguer ou qualifier d'investiture à long terme, donc, cet enjeu de durabilité et de "intergénérationnalié " de notre action est quasiment présent dans toutes nos réflexions, dans toutes nos idées. Notre challenge, c'est réellement comment mettre tout cela en œuvre et comment cadrer et structurer cette mise en œuvre ? ». On l'imagine, ce n'était là, qu'une infime esquisse d'un débat bien plus riche et intense. Toujours est-il que pour les amateurs soucieux d'en savoir plus, il est vivement recommandé, de s'en référer à la toile et au site de l'Institut CDG pour un visionnage bien plus complet.