Khalid Samadi, secrétaire d'Etat chargé de l'enseignement supérieur a annoncé, en conseil du gouvernement, lors du mois d'octobre, le lancement du projet des universités virtuelles au titre de 2019/2020. Ce projet auquel le PJDiste tient particulièrement permettra d'ouvrir l'inscription aux établissements universitaires à tous ceux qui souhaitent poursuivre leurs études, qu'ils soient fonctionnaires, retraités ou simplement étudiants en quête de savoir. Le doctorant en études islamiques et professeur spécialisé en méthodes de l'enseignement a reçu Hespress FR dans son bureau, à Rabat pour en dire plus sur ce projet qui risque de changer la vie des étudiants marocains. Pouvez-vous nous en dire plus sur les universités virtuelles, ce projet qui sera lancé en 2019/2020 ? Qu'est-ce qui vous a mené à mettre en place ce projet ? Les établissements à accès ouvert souffrent. On ne peut régler ce problème avec une vision traditionnelle en construisant plus de bâtiments universitaires, des amphithéâtres, et des cités universitaires, et en octroyant des bourses, etc. De plus, il y a une forte demande pour les étudiants qui souhaitent s'inscrire à l'université. En même temps, nous avons le problème de la massification. On a fait un effort, lors des 10 dernières années sur l'infrastructure. Par exemple, nous avions un budget exceptionnel pour construire 25 amphis, sous l'ancien gouvernement. L'amphi peut contenir jusqu'à 800 places, c'est ingérable, pédagogiquement. Peut-on continuer dans le même système traditionnel en construisant de plus en plus ? On s'est rendu compte que cette voie ne réussissait pas. On s'est penché sur les expériences internationales pour faire face à l'encombrement dans les établissements universitaires. Les universités virtuelles sont un choix qui s'impose de soi. Nous sommes obligés de tenter cette expérience puisque le professeur peut, dorénavant, venir à l'établissement, rentrer dans un studio équipé avec une caméra, un ordinateur, un micro, un tableau interactif, des équipements informatiques, et une connexion internet. Les étudiants peuvent suivre les cours en ligne. Au lieu de venir à l'amphi, ou la salle de classe, ils peuvent le faire de leurs chambres, ou de chez eux, spécialement pour les formations où il n'y a pas de travaux pratiques (TP). Comment interagissent-ils avec le professeur ? Peuvent-ils lui poser des questions en direct ? C'est possible. Il y a une connexion interactive entre le professeur et ses étudiants. Le débit d'internet joue un rôle très important. L'essentiel c'est que l'étudiant puisse être en contact avec le professeur en direct. L'enseignant, dès qu'il finit, la séance est enregistrée automatiquement sur la plateforme de l'université et l'étudiant peut regarder le cours quand il le veut et autant de fois qu'il le souhaite. Le professeur, à la fin de la séance donne des travaux dirigés (TD). Il redirige vers des sites, via des liens, il met à disposition de ces élèves des documents et des livres à lire, des séquences vidéo en ligne. Le but c'est d'avoir une interaction avec les étudiants. Après quelques semaines, le professeur peut fixer un rendez-vous avec ces élèves pour les rencontrer et répondre à toutes leurs questions de vive voix, surtout pour les étudiants qui ont des difficultés, etc. L'évaluation a lieu au sein de l'université, donc il faut être présent dans le campus pour passer les examens. Ce projet peut-être considéré comme un support pédagogique qui aide à répondre au plus grand nombre d'étudiants qui veulent continuer leur parcours. En même temps, on assure la qualité de l'enseignement et on baisse la pression sur les amphis. Le projet sera compliqué à mettre en place puisque dans les régions enclavées ils n'ont pas forcément accès à internet ? Ils n'ont pas de smartphones ou de supports pour suivre les cours ? Avez-vous pensé à cette éventualité ? On a fait une expérience, dans le secteur de l'éducation nationale avec le programme "génie", démarré en 2006, ça s'est développé et la connexion a atteint les régions rurales et où il y a des salles multimédias dans certains établissements, surtout dans les régions semi-urbaines. Le problème de la connexion Internet ne se pose même plus, à l'ère de la 4G. On peut se développer encore plus. Je ne pense pas que ce problème se posera, surtout que tout le monde assistera au cours en temps réel. Les étudiants peuvent se connecter à n'importe quel moment. Quelles sont les universités pilotes pour ce projet ? Cette expérience des universités virtuelles sera lancée en premier lieu à l'université Ibn Tofail à Kénitra et à l'université Ibn Zohr à Agadir. On envisage d'en commencer une aussi à à l'université Hassan 1er à Settat. Trois caractéristiques différencient ces universités et ont motivé ce choix : L'université Ibn Zohr est ouverte sur 5 régions, pour s'y déplacer c'est compliqué. Certains étudiants viennent de Dakhla pour faire des études de droit à Agadir. Le campus de l'université Ibn Tofail est unifié. Tandis qu'à Settat, il y a un établissement d'accès ouvert, en l'occurrence la faculté de droit. On veut tenter l'expérience dans un établissement, dans un campus fermé et dans un campus ouvert comme celui d'Agadir. Je pense que toutes les conditions sont favorables pour réussir ce projet qu'on envisage de lancer l'année universitaire 2019/2020. On pourra la généraliser petit à petit sur d'autres universités. Les personnes qui souhaitent poursuivre leurs études tout en travaillant pourront dorénavant le faire ? La notion du bac périmé n'existera plus ? Nous n'aurons plus ce problème. Le problème de la massification dans les établissements d'enseignement c'est que les étudiants ne trouvent pas de place. Pour les facs de lettres, de sciences on a une place pour trois étudiants. Dans ce cas, l'étudiant peut s'inscrire à l'université, en ligne, et déposer ses papiers à l'université. Il obtient alors une carte étudiante, avec un code. Ce dernier lui permet d'accéder en ligne aux cours et autres sur une plateforme spéciale. A ce moment-là, nous pouvons enseigner 3000 jusqu'à 10 000 étudiants, sans problème. Le seul souci c'est les examens où l'étudiant doit être présent sur place, mais c'est gérable puisque les examens peuvent être faits en groupe.