Dans le cadre de la campagne des Nations Unies contre les violences basées sur le genre, qui se déroule du 25 novembre au 10 décembre 2021, le Conseil national des droits de l'homme (CNDH) a lancé une campagne nationale sous le slogan «Ne nous taisons pas face à la violence faite aux femmes et aux filles ». La campagne qui s'étalera sur une année 25 novembre 2021/25 novembre 2022, vise à encourager les victimes de violences basées sur le genre à le signaler et lutter ainsi contre l'impunité des auteurs. Pour le CNDH, cette campagne offre l'opportunité d'exprimer ses préoccupations majeures concernant la violence à l'égard des femmes et des filles et les violations qui en découlent de leurs droits à l'intégrité physique et psychologique et à la non-discrimination, ainsi que la multiplicité des obstacles au signalement et à l'établissement de recours effectifs et d'accès à la justice pour les victimes de violence. En ce sens, le CNDH explique que le lancement de cette campagne prend en compte la persistance de ces obstacles, et sur la base de la recrudescence de la violence dans la rue et dans l'espace numérique, et l'identification d'un discours offensant qui rend les victimes responsables et indulgentes avec l'auteur, affirmant qu'elles ont dépassé les « normes culturelles et sociales » ou « traditions » et les normes relatives au comportement approprié pour les femmes et les filles ». Il tient également compte de la double violence à laquelle peuvent être exposées les femmes dans leur recherche de la justice et la réparation, que ce soit de la part de l'auteur ou de l'environnement, ou du traitement par les médias des problèmes de violence par le biais de la diffamation, des atteintes à la réputation et de la calomnie. Ceci étant, le Conseil appelle à la mise en œuvre du cadre juridique et institutionnel relatif à la protection contre la violence à l'égard des femmes en ce qui concerne les exigences en matière de preuve et les pratiques procédurales, et des mesures pour protéger les victimes. Il souligne, de même l'importance du droit d'accès à la justice en tant que point d'entrée pour la jouissance d'autres droits et invite les autorités compétentes à redoubler d'efforts pour faciliter l'exercice du droit à un recours pour les femmes victimes de violence, quelle que soit leur situation, ou statut social et juridique. Il recommande en outre au gouvernement de simplifier les procédures, de lever les obstacles matériels, de fournir une aide et un soutien judiciaires pendant les procès et pendant l'exécution, et de mettre en œuvre les dispositions de la Constitution tout en appelant à la lutte contre toutes les formes de discrimination Dans son plaidoyer, le CNDH appelle à accorder une attention particulière aux filles victimes de violence afin de préserver leurs intérêts et leur permettre de prendre des décisions importantes concernant leur vie dans les domaines liés à leur santé, leurs droits sexuels et reproductifs, leur mariage ou l'exposition à d'autres pratiques préjudiciables et à diverses formes de violence. Il appelle, par ailleurs, les divers acteurs à contribuer à la création d'environnements favorables qui encouragent les femmes à signaler les crimes commis contre elles, en respectant leur droit à la vie privée et à la confidentialité dans toutes les procédures de recherche, d'enquête et de litige et en prenant les mesures nécessaires pour empêcher les représailles contre les femmes qui recourent au système judiciaire. Outre ses recommandations, le CNDH a également exprimé une exigence, à savoir la ratification de la Convention de l'OIT sur l'élimination de la violence et du harcèlement, la Convention (n° 190) et sa recommandation (n° 206), qui visent à garantir que personne ne soit soumis à la violence et au harcèlement sur le lieu de travail, et à protéger les travailleurs masculins et féminins et les autres personnes sur le lieu de travail, et à adhérer à la Convention du Conseil de l'Europe sur la prévention et la lutte contre la violence à l'égard des femmes et la violence domestique.