Le nouveau variant Omicron suscite une grande inquiétude de par le monde. Apparu pour la première fois en Afrique du Sud, le variant Omicron (B.1.1.529) a franchi toutes les frontières (cas découverts en France, en Belgique, Royaume-Uni, Allemagne, Canada, Australie, Hongkong ...), poussant les gouvernements à prendre des mesures restrictives pour protéger leur population. Le Maroc a fait de même. Malgré la stabilisation de sa situation épidémiologique, le Maroc a décidé d'anticiper les choses en prenant une batterie de mesure pour éviter l'introduction du variant Omicron sur son territoire. En effet, le Maroc a décidé, dimanche 28 novembre, la suspension de tous les vols directs de passagers à destination du Royaume, pour une durée de deux semaines, à compter de ce lundi 29 novembre 2021 à 23h59. Une mesure jugée « sévère » par les citoyens, en particulier les professionnels du tourisme qui espéraient une sortie de crise avec cette période des fêtes qui connaît l'afflux des touristes étrangers. Mais la crise sanitaire et la propagation du nouveau variant l'obligent, explique le Comité interministériel dans un communiqué. Pour mieux comprendre cette décision « subite » et « dure » prise par le Maroc à la veille des fêtes de fin d'année et qui a un impact considérable sur les Marocains, Hespress Fr s'est entretenu avec Dr Tayeb Hamdi, médecin et chercheur en politiques et systèmes de santé qui estime que le variant et tout nouveau et nécessite d'avoir plus de données sous la main pour mieux le cerner. « C'est un variant dont on ignore le taux de transmissibilité, de virulence, et sa résistance éventuelle au vaccin. On a besoin de deux semaines au moins pour savoir s'il est résistant au vaccin ou pas et à quel degré. On a besoin de deux semaines d'études et de travaux dans les laboratoires pour avoir les réponses préliminaires », avance le spécialiste. Face à ce nouveau variant Omicron, les scientifiques craignent une hausse des cas graves ou encore des décès plus importants par rapport au variant Delta. « C'est donc une équation à multiples inconnus », souligne Dr Hamdi qui indique qu'il faut attendre les premières réponses, surtout en ce qui concerne la résistance du variant au vaccin, puisqu'il s'agit d'une question clé pour la gestion de ce variant et la suite de la pandémie. Des premières données à ne pas négliger « On a quelques données qui se dégagent. Il s'agit peut-être d'un variant qui touche plus les personnes non vaccinées. Il serait aussi plus virulent et transmissible chez les jeunes. Mais il est difficile de gérer tous ses inconnus pour le moment. Le mieux c'est de protéger notre système de santé, notre population et notre pays en attendant d'y voir plus clair, pour éviter de faire une escalade de mesures au Maroc », préconise Dr Hamdi. Selon le spécialiste, « il vaut mieux imposer des mesures strictes au niveau des frontières qu'au niveau national », notant qu'il s'agit d'une occasion pour rappeler à la population l'importance des gestes barrières avec l'apparition de ce nouveau variant, et surtout à se faire vacciner le plus tôt possible. « Les données sur ce nouveau variant, qui ne sont pas confirmées ni définitives, indiquent qu'il serait plus transmissible que le variant de Delta vu le nombre de contaminations enregistrées en Afrique du Sud. Il touche exclusivement les personnes non vaccinées, d'après les premières constatations. La majorité écrasante des personnes atteintes de ce variant ne sont pas vaccinées. Les deux tiers ne sont pas du tout vaccinés et la majorité écrasante du tiers restant a reçu une seule dose, d'où l'intérêt de se faire vacciner », avance Dr Hamdi. Pour ce qui est de la virulence de ce variant, le spécialiste indique que les données ne sont pas suffisantes pour en tirer des conclusions. Mais certaines observations de médecins et de professeurs en Afrique du Sud ont démontré que les jeunes sont le plus touchés, ce qui est normal, estime Dr Hamdi, puisque les jeunes sont ceux qui bougent le plus et ne respectent pas les mesures barrières. « Mais ce n'est pas une raison pour juger sur la transmissibilité du variant », dit-il. Cela dit, les médecins en Afrique du Sud ont soulevé qu'ils reçoivent de plus en plus de jeunes infectés par le nouveau variant avec des formes modérées à des formes graves de covid-19 par rapport au Delta. « Ce sont là les premières constatations et non des études confirmées. Mais il s'agit de données à prendre au sérieux », conclut le spécialiste.