Alors que l'Algérie a entériné hier, le désapprovisionnement du Gazoduc Maghreb Europe (GME) à l'occasion de la visite à Alger, de la troisième vice-présidente de l'exécutif espagnol, Teresa Ribera, le Britannique Sound Energy envisage de recentrer ses activités gazières au Maroc. Aussi Sound Energy se dit prêt à signer un accord d'approvisionnement clé avec le service public de l'Etat, mais en contrepartie espère une conclusion rapide du litige fiscal qui l'oppose à ce même Etat et qui aurait conduit l'entreprise à suspendre certains de ses projets. En effet, cette situation l'a conduite, tout en maintenant ses plans de développement les plus importants à l'étude, à aller de l'avant qu'avec le projet de micro-GNL d'une bien moindre dimension et à réduire des activités notamment celles des explorations. Le litige fiscal plombe les ailes de Sound Energy pour un développement idoine Dans une interview accordée dernièrement à S&P Global Platts, le PDG de Sound Energy, Graham Lyon, déclarait que sa société, qui exploite la plus grande découverte de gaz jamais réalisée dans ce pays d'Afrique du Nord, était prête à poursuivre les travaux de développement à son champ de Tendrara dans l'est du Maroc, avec notamment la signature d'un accord de vente clé avec la société d'Etat ONEE. Sound Energy est partenaire à Tendrara de la société publique marocaine l'Office Nationale des Hydrocarbures et des Mines (ONHYM), qui la soutient dans son litige fiscal de plusieurs millions de dollars. « L'ONHYM a été très favorable et reconnaît que nous avons raison », a déclaré Lyon, ajoutant que son appel serait entendu à partir du mois prochain. Lyon a déclaré qu'il espérait que l'affaire serait résolue rapidement, mais a averti qu'elle pourrait « s'éterniser », ce qui signifie que Sound Energy pourrait lever le pied quant au développement futur de Tendrara. Sound Energy s'engage vers un contrat définitif de vente de gaz localement Sound avait signé fin 2019 un protocole d'accord pour fournir 300 millions de m3 de gaz à l'ONEE depuis Tendrara, soit assez pour couvrir environ un tiers de ses besoins en gaz. Malgré le différend fiscal en cours, Lyon a déclaré également qu'il avait l'« intention » de signer "anyway" l'accord final de vente de gaz avec l'ONEE. « Sans ce déclencheur, nous ne pouvons pas commencer le financement », a-t-il déclaré, ajoutant que l'ingénierie initiale du développement était terminée. De plus, Sound se prépare à investir 250 millions de dollars dans le projet, y compris de nouveaux puits, une usine de traitement du gaz et un pipeline secondaire de 120 km à raccorder au tronc ligne GME. Lyon a déclaré qu'il existait également d'importantes opportunités en amont qui pourraient être exploitées dans l'est du Maroc. « Nous avons beaucoup de potentiel d'exploration, peut-être 30 sites différents où nous pourrions envisager de forer. Si seulement 10% réussissent, nous serions en mesure de satisfaire la demande nationale de gaz du Maroc », a déclaré Lyon. Projections de Sound Energy : satisfaire les besoins intérieurs du Maroc avant l'Europe « Et dès que nous aurons satisfait les besoins intérieurs du Maroc, nous pourrons vendre en Europe ». Et de poursuivre « Mais je suis déterminé à ne rien entreprendre d'autre que nos engagements. Nous ne pouvons pas mettre l'infrastructure en place alors que nous avons le problème fiscal qui nous pèse ». Lyon a ajouté que le Maroc était extrêmement sous-exploré. « Nous sommes assis sur des réservoirs avec une géologie similaire à l'Algérie ».« Je suis sûr que nous réussirons ce projet, si nous l'entreprenons ». De nouvelles découvertes de gaz au Maroc pourraient également être utilisées pour approvisionner l'Espagne via le gazoduc GME dont, l'accord de transit doit expirer fin octobre. Dans cette configuration a surenchéri Lyon, « le Maroc est perdant étant donné qu'il satisfait la quasi-totalité de sa demande de gaz grâce à des importations en provenance d'Algérie, fournies en paiement partiel du service de transit ». La fermeture du GME a boosté les ambitions du Maroc « La menace que les Algériens coupent leur gaz a focalisé un peu plus l'esprit des Marocains sur la tentative de développer une partie de leurs ressources nationales plutôt que d'importer de l'énergie », a encore déclaré Lyon. Le nouveau gouvernement souhaite se concentrer sur la production nationale de gaz, qu'il considère comme un carburant de transition clé. « Nous nous intégrons très bien dans cet espace », a indiqué Lyon. En attendant, Sound Energy poursuit son projet de micro-GNL et a signé un accord de vente de gaz avec le fournisseur local de carburant Afriquia Gaz, qui détient également une petite participation dans Sound Energy. « Nous sommes très avancés dans la mise en place d'un processus et la signature d'un contrat pour la construction de l'usine de GNL », a précisé Lyon. « Nous aurons probablement – via Afriquia Gaz – six ou sept utilisateurs industriels de notre GNL moins cher et très demandé que le GPL importé ». Par ailleurs, le Maroc envisage également d'importer du GNL dans un nouveau terminal d'importation flottant, après avoir lancé en mars dernier un appel d'offres pour la fourniture d'une unité flottante de stockage et de regazéification. Cependant, Lyon a déclaré que « le GNL importé serait plus cher que la production nationale de gaz. « Le gaz le plus simple et le plus rentable est le gaz domestique ».