Le rapport du mois de juin 2021, de la Direction des Etudes et des Prévisions Financières (DEPF) présentant les résultats d'une étude réalisée, en partenariat avec la Banque Mondiale (BM) est plutôt compatissant... envers la gestion de crise de la pandémie de Dame Covid au Maroc, quoique et cependant. Toujours est-il qu'il y est dit que la crise sanitaire du Covid-19 a été le déclencheur d'une crise économique aigue, qui a plongé l'économie mondiale dans une phase de récession sans précèdent, affectant de manière indifférenciée les pays développés et ceux émergents et/ou en développement. On l'aura compris, à l'instar des autres pays, le Maroc a été fortement affecté par la crise pandémique, accentuée par la succession de deux années agricoles sèches. L'étude qui cible principalement l'impact social et économique de la crise sur les différentes régions du Maroc a pour velléité de formuler des recommandations afin selon le DEPF Policy Brief d'impulser le développement des territoires et de renforcer leur résilience histoire de mieux relever les défis lors de la sortie de crise ainsi que d'anticiper les transformations qui ne manqueront pas de profiler dès la reprise post-Covid-19, si reprise il y a vraiment. Grosse première constatation à propos de l'intensité de la pandémie, ce sont les deux régions de Casablanca-Settat et de Rabat-Salé-Kenitra, qui détiennent les taux de létalité les plus faibles du royaume (1,2%) malgré leur densité et une concentration de plus de 50% des cas. Aussi explique le rapport cette situation est due au fait que ces deux plus grandes régions du Royaume ont le nombre d'habitants par médecin le plus bas du pays. En effet Rabat-Salé-Kenitra compte 835 habitants par médecin tandis que Casablanca-Settat dépasse à ce petit jeu les quatre chiffres avec 1 015 patients pour un allo docteur. Les chiffres étant sans pitié on notera également qu'à l'inverse, la région Beni Mellal-Khénifra qui compte le plus d'habitants par médecin 2 544) enregistre le taux de létalité le plus élevé avec 2,9%. Pour ce qui est de l'emploi et du social, les restrictions de déplacement, l'arrêt temporaire du travail et les mesures de confinement instaurés ont eu des conséquences importantes sur le marché de l'emploi, plus particulièrement dans le secteur informel. La région de l'Oriental et les régions du Sud, qui se caractérisent par la présence d'une grande part de l'informel dans l'emploi non agricole, ont enregistré les taux de chômage les plus élevés au niveau national charriant le cinquième de la chose parfois comme respectivement les 20,7% et 19,8% enregistrées. Dans l'affaire, le secteur agricole en a été énormément affecté nous dit le document notamment dans les régions de l'Oriental, du Drâa-Tafilalet et de FèsMeknès, touchées au regard du chômage supérieur à l'écart national. Au niveau des 12 régions du royaume pour ce qui est des interdépendances entre les 20 secteurs d'activités, il a été constaté que la ponction économique de 53.947 millions de dirhams causée par la crise en 2020 année charnière occulte des écarts sectoriels et non des moindres, les effets de la sécheresse étant largement intégrés dans cette situation avec une baisse du PIB de 5,3%. A ce jeu, ce sont les activités de l'hôtellerie et de la restauration qui ont vu leur valeur ajoutée chuter de 55,8% entre 2019 et 2020 à cause de l'arrêt brutal de l'activité touristique. Aussi géographiquement les régions de Marrakech-Safi et de l'Oriental ont subi les plus grosses pertes de Valeur ajoutée en valeur relative, tandis que Casablanca-Settat souffrait en cela en valeur absolue. Les régions les plus profondément impactés, sont l'Oriental avec -9,8%, Marrakech-Safi avec -9,6%, Souss-Massa -8% et Béni Mellal-Khénifra -6,8%, qui le doivent à des activités étroitement liées au tourisme et donc, fortement dépendantes de la demande et caractérisées par une forte présence de l'emploi informel. D'autres à un degré moindre sont modérément touchées. Ce sont les régions de Laâyoune-Sakia El Hamra avec -6,2% , Guelmim-Oued Noun -5,8%, Fès-Meknès 5,2%, Casablanca-Settat -5,1% et Dakhla-Oued Ed Dahab -5%. On peut y voir en ces régions un impact modéré par une part d'emploi informel relativement faible par rapport à leurs devancières. Sinon nous avons en mode relativement résilient aux effets de la crise, les régions de Tanger-Tétouan-Al Hoceima avec -1,6%, Rabat-Salé-Kenitra -2,5% et Drâa Tafilalet -4,3%, caractérisées elles par une présence relativement élevée des activités de support, des activités non marchandes de l'administration ou des activités ayant profité de cette crise. Le document fait la part belle à l'exécutif en soulignant les mesures de protection sanitaire mises en place et les mesures de soutien économique déployées du côté de l'offre via les indemnités ciblées en faveur du secteur informel et du secteur formel en arrêt d'activité et du côté de la demande à travers la garantie publique des crédits bancaires afin de maintenir l'activité et la préservation des emplois. La DEPF a conclu que ces politiques ont permis un gain de l'ordre de 20 560 millions de dirhams, soit 1,5 point de pourcentage de la valeur ajoutée car le PIB du pays aurait chuté auquel cas et moindre mal de 6,84% au lieu de 5,3% dans les faits. Cette crise, nous dit le Policy Brief a mis en relief le rôle des Comités de Veille Economique (CVE) à l'échelle des régions, les Centres Régionaux d'Investissements (CRI) ainsi que les banques et les chambres professionnelles qui ont, de leur côté, été impliqués pour la sensibilisation et l'accompagnement des entreprises pour bénéficier des produits de la Caisse Centrale de Garantie (CCG). Les réponses conjoncturelles face à la crise ne devraient pas pour autant perdre de vue la nature structurelle des problématiques auxquelles les régions se trouvent confrontées, aussi a-t-il- été recommandé, dans la perspective de renforcer les capacités d'action des acteurs territoriaux et en faire un levier d'accélération de la transformation structurelle portée par le nouveau modelé de développement, quelques recommandations ont été formulées. Celles-ci portent, en l'occurrence, sur les points suivants : La promotion d'une gouvernance inclusive et multidimensionnelle, la poursuite des mesures sociales et de relance économique en faveur des populations en situation précaire, aux entreprises en difficulté et aux secteurs les plus fragilisés, le développement d'un système performant de gouvernance dans les secteurs de la santé et de l'éducation, l'accélération du déploiement sectoriel et territorial de la réforme du système de protection sociale, le renforcement de la capacité budgétaire des collectivités locales afin de maintenir et de consolider les services publics, l'instauration d'une intelligence collective basée sur la numérisation des territoires et le fondement d'une culture durable fondée sur la promotion des activités vertes génératrices d'emplois décents et de revenus durables.