Contrairement aux idées reçues où l'on se suicide surtout en ville, c'est en milieu rural que l'on meurt davantage en mettant fin à sa vie. A cet effet, au Maroc, la province de Ouazzane connaît régulièrement des suicides dont les victimes sont issues, de différents groupes sociaux, de genre et de tranches d'âge. D'ailleurs dans cette région, c'est l'une des causes de mortalité, majeure. Certains d'entre les suicidés, choisissent la corde au cou, quand d'autres préfèrent sauter dans le vide, ou avaler de « la mort aux rats » ... les façons et méthodes à chacun son mode et son sort ne manquant pas. La finalité de l'histoire est, un cadavre sur un table mortuaire pour autopsie, un numéro avant que de finir dans une tombe et de plier un dossier somme toute courant d'une énième personne qui s'est volontairement donnée la mort. D'aucuns affirment, que leur seul tort aura été d'être au mauvais endroit et au mauvais moment, faute d'une psychiatrie aux problèmes récurrents en termes de quantité et de qualité. A cet effet, Ahmed Dardari, journaliste spécialisé et consultant dans ce genre d'affaires propres à Ouazzane et ses environs, estime que « le phénomène du suicide est lié à des causes cachées qui gravitent dans la psyché des personnes ». Aussi, c'est volontiers qu'il invoque « le stéréotype qui caractérise le rapport des Marocains à la psychiatrie et la difficulté d'accéder à ce type de services spécialisés tels que les consultations dans les hôpitaux publics par exemple ». A cela, il avance plusieurs explications en particulier l'isolement et le non recours à des soins spécialisés. L'interlocuteur de Hespress a affirmé que ce phénomène, en hausse, pousse à soulever un certain nombre de points d'interrogation quant aux causes et motifs de ces gestes fatals. Aussi, remet-il en question les efforts de l'Etat pour lutter contre ce fléau ne serait-ce qu'au niveau du suivi et de la prise en charge. Il souligne par ailleurs, que le nombre de victimes de suicide dans les villages de la province de Ouazzane a déjà atteint 13 depuis le début de l'année, sans compter les tentatives de suicide qui ont été tenues sous silence dans cette région où la tradition et les croyances sont un tabou à ce genre phénomène. Ahmed Dardari précise que les causes du suicide « se répartissent entre les questions familiales ou sociales, psychologiques et économiques, cliniques (maladies au risque suicidogène, dépressive, trouble anxieux, addictions, schizophrénie...) tandis que pour d'autres, il n'est aucune raison apparente et qu'elles demeuraient un secret que la victime aura emporté avec elle ». Pour sa part, Mohcine El Yarmani, théologien, chercheur et penseur islamologue, a déclaré à Hespress que « ce phénomène croissant de la mise à mort de soi volontairement, suscite beaucoup d'anxiété et d'inquiétude, tout en poussant à s'interroger sur les causes, conséquences et dimensions, de tels actes », ajoutant que la religion musulmane et au demeurant les autres monothéistes, ou pas étaient contre et les interdisaient. Pour le penseur, « celui qui se suicide est un kamikaze sur lequel pèse le poids d'un grand péché. Il porte le fardeau de la culpabilité un crime odieux à tout jamais et entache de cet acte sa famille, la société, l'Etat. Le Créateur le tiendra responsable du crime qu'il a commis contre lui-même et les autres ». Convergeant d'une manière ou d'une autre dans le même sens, ces deux témoignages qui ne s'opposent pas, pointent un acte suicidaire motivé par une douleur psychique insupportable, accompli pour échapper à l'intolérable. Que l'on ne se trompe pas ce n'est pas un acte de libre arbitre.