Condamné en France, en 1994 à 18 ans de réclusion, puis partiellement gracié en 1998 par Jacques Chirac, Omar Raddad qui a toujours clamé son innocence, dit maintenant pouvoir la prouver. Si Omar Raddad avait bénéficié de la grâce présidentielle et d'une libération conditionnelle en 1998, pour autant, elle ne vaut pas annulation de la condamnation et surtout son innocence, ce qu'il tentera de prouver à travers ce recours. Trente ans donc, après le meurtre de Ghislaine Marchal « non élucidé jusqu'à présent » et qui avait vu Omar Raddad être accusé « à tort », une expertise ADN dont le journal « Le Monde » a eu connaissance pourrait entraîner une révision du procès du jardinier marocain, qui a toujours clamé son innocence et surtout le dédouaner d'un crime qu'il clame n'avoir jamais commis. En effet, Ghislaine Marchal, la riche veuve d'un équipementier automobile, avait 65 ans quand elle a été retrouvée baignant dans son sang dans la cave de sa propriété le 23 juin 1991. Condamné en 1994 à 18 ans de réclusion, sans possibilité de faire appel à l'époque, Omar Raddad avait au total passé plus de sept ans en prison. La demande de révision s'appuie sur les analyses ultérieures d'un expert, rendues en 2019 et dévoilées par le journal « Le Monde » (version électronique et papier du lundi et mardi). Ce rapport conclut à la présence d'une trentaine de traces d'un ADN complet masculin n'appartenant pas au jardinier et trouvées dans l'une des inscriptions faites avec le sang de la victime qui désignaient Omar Raddad comme le meurtrier. Le document montre que des empreintes retrouvées sur le lieu du meurtre de Ghislaine Marchal, il y a trente ans, n'appartiennent pas au jardinier marocain condamné dans cette affaire. Dans son rapport de 2019, l'expert Laurent Breniaux, et dont les conclusions ont été confirmées par l'avocate d'Omar Raddad, Me Sylvie Noachovitch, se prononce sur l'origine de cette trentaine de traces d'ADN et penche en faveur des «hypothèses de transfert primaire direct ou indirect au moment des faits». Autrement dit, l'ADN aurait été déposé potentiellement par l'auteur du message. Aussi et dans cette perspective d'innocenter son client, la défense de Omar Raddad va déposer jeudi une nouvelle requête en révision de son procès sur la base de nouvelles analyses des traces ADN découvertes en 2015, selon un communiqué rendu public hier lundi. En novembre 2015, quatre empreintes génétiques correspondant à quatre hommes non-identifiés, deux empreintes parfaitement exploitables et deux autres partiellement, avaient été trouvées sur deux portes et un chevron qui se trouvaient sur la scène du crime. Sur ces deux portes avait été écrit «Omar m'a tuer» (sic) et «Omar m'a t», avec le sang de la victime, Ghislaine Marchal, quand elle a été retrouvée baignant dans son sang justement dans la cave de sa propriété le 23 juin 1991. Ces nouvelles traces d'ADN avaient été comparées avec une liste de proches de Ghislaine Marchal, comparaisons qui se sont révélées négatives. Ce rapport, dont l'existence était connue depuis 2019, mais pas son contenu, avait entraîné la poursuite des investigations au parquet de Nice, relancées en 2015, mais celles-ci n'ont pas abouti à ce jour. D'autres traces d'ADN ne correspondant pas à celles d'Omar Raddad avaient déjà été trouvées sur le lieu du crime, aboutissant à une première saisine de la Cour de révision qui avait refusé un nouveau procès en 2002. L'avocate de l'ex-jardinier déposera sa requête jeudi, au palais de justice de Paris, en présence de l'académicien Jean Marie Rouart, auteur d'un livre sur cette affaire et de l'ancien député Georges Fenech, un des artisans de la réforme qui a assoupli en 2014 les conditions de révision d'une condamnation définitive, selon le communiqué. «Grâce aux éléments nouveaux découverts depuis la dernière décision de rejet de la Cour de révision» en 2002, «la vérité sur l'innocence d'Omar Raddad sera reconnue, c'est notre intime conviction», poursuit le communiqué.