Sans confirmation ni infirmation officielle du gouvernement espagnol quant à l'Opération Paso del Estrecho (OPE) ou plus communément appelée Opération Marhaba sur l'autre rive, hôtels, ports, compagnies maritimes, magasins, autoroutes, stations-service... en Espagne sont à fleur de peau. En effet le pays soupire au regard d'une manne qui risque de lui filer une fois de plus sous le nez. C'est que l'Opération Marhaba ou Paso del Estrecho (OPE), sur son territoire concerne plus 3 millions de personnes qui traversent l'Espagne en direction des ports du sud pour traverser la Méditerranée et s'en retourner vers leurs pays d'origine. Si lors de l'exercice précédent Dame Covid a été pointée du doigt, ce coup-ci, l'intruse qui s'invite en bonne compagne de route de celle-ci, se prénomme « fâcherie diplomatique » ou ghaligate pour les initiés et le mot est faible. L'annulation de l'OPE l'année dernière en raison de la pandémie a été une difficile à surmonter pour ces différents commerces, d'autant plus que 70% de leurs revenus d'été proviennent du logement et de la consommation de ces clients transitaires marocains circulant en direction des ports de juin, juillet à mi-août qui ont subi des millions de pertes. L'Autorité portuaire de la baie d'Algésiras (APBA) a confirmé un manque à gagner de 11 millions d'euros à l'impact de l'absence d'OPE ou de l'opération Marhaba l'an dernier. L'Autorité portuaire de Sebta a informé en juin dernier que le manque d'activité lui avait coûté 6 millions d'euros, celle de Malaga n'a pas d'estimation en euros mais elle confirme que la baisse du nombre de passagers pendant la période OPE est d'environ 75% par rapport à 2019. Une année qui a été très bénéfique pour le port de Malaga puisqu'il a enregistré 142 955. passagers, 15% de plus qu'en 2018. Grosso modo on estime les pertes totales ou globales à environ 68 millions d'euros. Depuis avril, aucune compagnie maritime qui opère entre les deux rives ne s'est encore manifestée d'un quelconque programme de traversée. De plus, ni le Maroc ni l'Espagne n'ont encore levé la fermeture des frontières qui en principe devraient rouvrir lors de cette saison estivale à l'instar des pays européens. Cependant, tous ces ingrédients n'incitent guère à l'optimisme. C'est la perplexité totale quant à l'Opération Marhaba du moins pour ce qui est du transit par l'Espagne. Certes, l'Exécutif marocain et la Commission scientifique réfléchissent à l'éventualité de sa mise en place à partir de début juillet du moins si le protocole sanitaire le permet. Pour l'heure, rien n'est sûr. Le gouvernement, avec en vue une immunité collective d'ici début juillet, veut donc s'assurer que toutes les conditions sont réunies avant d'autoriser l'organisation de l'Opération Transit. Il se murmure que le lancement de l'Opération Marhaba, si Opération il y a, pourrait au meilleur des cas être organisée avec un retard de deux semaines, ceci pour permettre de préparer l'arrivée des MRE dans les meilleures conditions de sécurité sanitaire dès début juillet. La quarantaine obligatoire ne devrait pas être exigée, mais un dispositif de sécurité sanitaire sera mis en place dans les ports de transit. Le Maroc annonce au compte-goutte l'ouverture progressive de ses frontières aériennes dès mi-juin mais pour ce qui est, des frontières terrestre ou maritime, c'est le silence. On peut s'attendre comme l'an passé à des passages à partir de Gênes ou Sète vers Tanger voire Nador mais de l'Espagne on ne pipe mot. Il s'agirait, en fait, de programmation réduite de dessertes, comme dans le cas des dispositifs de rapatriement via le port de Tanger-Med. Toujours est-il que tout le monde est dans l'expectative et l'on s'attend à une ruée de Marocains résidents à l'étranger en cas de réouverture des frontières avec ou sans Espagne où les autorités portuaires espagnoles croisent les doigts et particulièrement ceux d'Algérisas qui espèrent que la traversée du Détroit reprenne.