Les scandales, les collusions, les fuites et les petites accointances avec l'extrémisme de tous bords, ont de tous temps jonché le parcours de l'appareil des renseignements allemand. Souvent, volontairement laissés de côté par la presse, ils ont eu cependant quelques échos peu glorieux. Le cas de Mohamed Hajib, ancien détenu pour terrorisme et extrémisme en raison de son association avec al-Qaïda dans ses bastions traditionnels au Pakistan et en Afghanistan, n'est pas le premier cas dans le lourd dossier de la légèreté des fréquences et relations des renseignements allemands. Il fait partie d'une suite de scandales successifs qui ont récemment frappé les chefs des services de renseignement en Allemagne. Le 24 septembre 2020, le ministre allemand de la Défense Angret Karenbauer « congédiait » le chef du renseignement militaire, Christoph Gram, en raison de : « la montée de l'extrémisme au sein de l'armée fédérale allemande ». Un porte-parole ministériel allemand déclarait à l'époque que « ce changement intervenait dans le contexte des efforts pour affronter l'extrémisme de droite au sein de l'appareil militaire ». «Spiegel Online», avait écrit à l'époque que : « le ministre de la Défense avait décidé de se passer Gram en raison du scandale de l'extrémisme de droite au sein de l'armée allemande », avant de poursuivre : «Officiellement Gram a été renvoyé à la retraite, mais le ministre l'a en fait licencié de son poste ». Deux ans auparavant en septembre 2018, un scandale avait éclaté au sein du service des renseignements internes allemand. Il a failli détruire la coalition du parti qui formait le gouvernement celui d'Angela Merkel à l'époque. Le Parti social-démocrate (PSD) avait alors demandé le limogeage du directeur du renseignement interne, Hans-Georg Massen, en raison d'accusations qui lui avaient été attribuées à savoir ceux d'affinité et de sympathie avec le parti d'extrême droite « Alternative à l'Allemagne », ainsi qu'en raison de l'escalade des Campagnes de « traque des étrangers » documentées par des vidéos et des contenus numériques publiés sur les plateformes de médias sociaux et les médias de communication de masse. Les craintes de l'élite politique allemande s'étaient accrues quant à la «collusion» des renseignements internes avec l'extrême droite. Les intentions du chef de l'agence, avaient été alors dévoilées « il fournissait des renseignements et autres moyens aux membres du parti « Alternative pour l'Allemagne ». des conseils pour éviter de les mettre sous surveillance constante de la sécurité ». Des accusations formellement confirmées par un député du parti en question. Hans-Georg Massen nommé en août 2012 au poste de chef de l'Office fédéral de la protection de la Constitution, avait été contraint de démissionner après avoir découvert que « l'appareil de renseignements avait déchiré, dispersé et détruit des archives et des documents sur des suspects dans le contexte de la cellule néo-nazie du« NSU ». Dans ce contexte et le « compromis du terrorisme contre la sécurité » que les renseignements allemands ont conclu avec un certain nombre d'extrémistes et de terroristes revenant de foyers de tension dans le monde, figure l'ancien détenu Mohamed Hajib. Les renseignements étrangers de l'Etat fédéral d'Allemagne ont divulgué des renseignements secrets qu'ils avait obtenus de leur homologue marocain au profit de Mohamed Hajib. En effet, il lui ont demandé de ne pas se rendre en Irlande, où sa femme résidait, afin d'éviter son arrestation en raison du mandat d'arrêt international émis contre lui, par les autorités judiciaires marocaines. «Les renseignements allemands violaient le code d'honneur qui régit les intérêts sécuritaires à travers le monde » s'indignait la presse marocaine. Le renseignement allemand conscient qu'il ne serait pas en mesure de fournir une protection et une couverture à Mohamed Hajib en dehors de son territoire, n'avait donc pas tardé à lui notifier de ne pas se rendre dans aucun autre pays, atteignant ainsi un double objectif, selon un responsable marocain. En rendant ce service à Mohamed Hajib le renseignement allemand s'octroyait tout simplement une monnaie d'échange. Au final, le terroriste et ancien détenu Mohamed Hajib n'est pas la pierre angulaire de la dégradation des relations bilatérales entre le Maroc et l'Allemagne, comme certains tentent de le promouvoir, mais plutôt un titre de collusion noire menée par les renseignements allemands avec des terroristes et des ex-combattants sur des champs de bataille « jihadistes ». Arrêté en 2009 lors d'un voyage au Pakistan, Mohamed Hajib, d'abord détenu sur place puis arrêté en Allemagne avant d'être relâché à la condition qu'il retourne au Maroc, avait été condamné à dix ans de prison – une peine ramenée à deux ans puis à cinq ans – pour des infractions liées à du « terrorisme ». Libéré en 2017, il avait à sa sortie de prison réclamé 1,5 million d'euros de dommages et intérêts à l'Allemagne, qu'il accuse de l'avoir poussé vers le Maroc en 2010, où il dit avoir été torturé. Installé aujourd'hui en Allemagne, il fait l'objet d'un mandat d'arrêt international lancé par le Maroc.