L'ouvrage « Contre vents et marrées » (Somoud wassatal issar) de son auteur feu Abdallah Ibrahim initialement publié en langue arabe en 1976, a été publié après sa traduction au français, dans le cadre d'un partenariat entre Hassan Benaddi, en partenariat avec la Fondation Abdallah Ibrahim. Cet essai d'explication de l'histoire du Grand Maghreb », est désormais disponible aux lecteurs et lectrices francophones désireux d'appréhender l'évolution des peuples qui ressemble à des lignes géométriques, des lignes droites et des lignes brisées. Le livre montre que contrairement aux pays d'Europe, la ligne d'évolution du Maghreb s'est historiquement brisée, au moins à trois reprises, au cours de trois mille ans: lorsqu'il est exclu du courant millénaire de la civilisation carthaginoise, pour se latiniser et se christianiser progressivement, sous la férule des Romains; puis lorsqu'il rompt avec l'influence romaine, pour s'arabiser et embrasser l'Islam. Son arabité et son Islam deviennent les leviers de sa gloire nationale et les fondements de la grandeur de ses empires, lit-on dans la note de présentation. La ligne se brise une troisième fois lorsque le Maghreb s'est trouvé incapable de suivre le rythme de l'évolution globale de la civilisation humaine. C'était au cours des siècles de la féodalité et de l'inertie. Il s'est trouvé au cours du 19e siècle face à l'impérialisme international, alors qu'il était miné à l'intérieur par les séquelles de l'asservissement et de l'arbitraire, ajoute la même source. A travers la traduction de « Contre vents et marrées », Hassan Benaddi offre à la Fondation Abdallah Ibrahim, une contribution remarquable tant sur le plan humain que politique, après avoir côtoyé l'auteur défunt sur le chemin de la politique et du syndicalisme et autour de discussions riches et denses d'enseignements sur des thèmes variés culturels ou d'actualité. Pour rappel, Abdallah Ibrahim (1918-2005) était une grande figure du mouvement national, un homme politique marocain progressiste et un professeur de l'enseignement supérieur. En 1945, il s'est inscrit à la Sorbonne à Paris où il côtoyait, entre autres, André Breton, Jean-Paul Sartre et Louis Aragon... Il est l'auteur de plusieurs ouvrages politiques et littéraires invitant à la réflexion et au dialogue. En 1956, il a occupé le poste de ministre du Travail dans le premier gouvernement postindépendance puis celui de ministre de l'Emploi et des Affaires Sociales dans le second. Deux ans plus tard, il est nommé, par feu Mohammed V, Président du conseil du gouvernement et ministre des Affaires Etrangères.