2020 est sur le podium des années les plus chaudes jamais enregistrées, alerte l'ONU qui annonce un risque de hausse du mercure dépassant les 1,5°C, seuil gravé dans le marbre de l'Accord de Paris, d'ici à 2024. « L'équilibre écologique de la planète est rompu » et « l'humanité fait la guerre à la nature, c'est suicidaire », a dénoncé le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, réclamant que le sommet du 12 décembre pour marquer le 5e anniversaire de l'Accord de Paris sur le climat permette de déclencher un véritable mouvement. « Faire la paix avec la nature » doit « être la priorité absolue pour tout le monde, partout », a lancé le chef de l'ONU, en se félicitant des premiers engagements vers la neutralité carbone émis par la Chine, l'Union européenne, le Japon ou la Corée du Sud. Selon le rapport annuel provisoire de l'Organisation météorologique mondiale (OMM) sur l'état du climat mondial, la décennie qui s'achève sera la plus chaude jamais observée, de même que les six années écoulées depuis 2015. Selon les données provisoires, 2020 atteint le deuxième rang des années les plus chaudes, après 2016 et avant 2019, avec une température moyenne mondiale entre janvier et octobre supérieure d'environ 1,2°C à celle de la période de référence 1850-1900. « La différence entre ces trois années est cependant faible et le classement exact pourrait changer une fois les données disponibles pour l'année entière », précise l'OMM. « Les années de chaleur record ont généralement coïncidé avec un fort épisode El Niño, comme ce fut le cas en 2016. La Niña a tendance à refroidir les températures mondiales, mais l'anomalie apparue cette année n'a pas suffi à freiner le réchauffement », a déclaré le secrétaire général de l'OMM, Petteri Taalas. Une chance sur cinq que la température moyenne mondiale dépasse temporairement 1,5°C d'ici 2024 Toujours selon l'OMM, il y a au moins une chance sur cinq que la température moyenne mondiale dépasse temporairement 1,5°C d'ici 2024. Dans l'Accord de Paris, signé en décembre 2015, 195 pays se sont engagés à limiter la hausse de la température « bien en deçà de 2°C » par rapport à l'ère pré-industrielle et de « poursuivre les efforts pour limiter la hausse de la température à 1,5°C », afin d'éviter des conséquences dramatiques et irreversibles. « Il a fallu environ un siècle pour que nos gaz à effet de serre réchauffent la planète de 1°C, nous sommes en voie d'ajouter 1°C supplémentaire dans les 30 prochaines années seulement », a observé John Church, professeur à l'Université de Nouvelle-Galles du Sud, en Australie. Chaleur extrême, incendies, inondations, acidité croissante des océans, saison record des ouragans dans l'Atlantique… autant de signes que le changement climatique a continué sa progression inexorable cette année. La chaleur la plus remarquable a été observée cette année en Asie du Nord, en particulier dans l'Arctique sibérien, où les températures ont été supérieures de plus de 5°C à la moyenne. Fin juin, 38°C ont été relevés à Verkhoyansk en Sibérie, ce qui est provisoirement la température la plus élevée constatée au nord du cercle arctique. La saison des incendies, qui ont ravagé de vastes zones en Australie, en Sibérie, sur la côte ouest des Etats-Unis et en Amérique du Sud, a été la plus active de ces 18 dernières années. « Les inondations dans certaines régions d'Afrique et d'Asie du Sud-Est ont entraîné des déplacements massifs de population et ont compromis la sécurité alimentaire de millions de personnes », a ajouté Taalas.