C'est toute une symbolique que véhicule le choix d'Al Hoceima pour l'accueil du 10e Congrès national de la route, dont les travaux s'achèvent le 26 septembre. Un événement organisé sous haut patronage royal, et qui a rassemblé le gotha du secteur de l'équipement et du transport au Maroc et en Afrique. Lors de ce Congrès tenu sous le thème « Le réseau routier face aux défis de financement et de gouvernance », les chiffres présentés par le ministre de l'Equipement, du Transport, de la Logistique et de l'Eau, Abdelkader Amara, dépeignent un secteur des routes en pleine expansion : l'investissement de l'Etat dans le secteur des routes a connu une nette évolution ces dernières années passant de 5 milliards de dirhams par an pendant la période 2008 — 2011 à 6.5 milliards de dirhams par an durant la période 2012-2017, soit environ 0.8 % du PIB. Et cet effort devra augmenter, selon le ministre, de manière significative durant la période 2018-2021, pour atteindre plus de 28 MMDH, à raison de 7 MMDH chaque année. Le ministre a de même assuré que le réseau routier marocain assure à lui seul 90 % de la mobilité des personnes et 75 % du flux des marchandises hors phosphates, mettant en exergue la contribution indéniable des infrastructures routières dans l'amélioration du potentiel économique. Cependant, la symbolique réside dans le fait qu'Al Hoceima traîne à bénéficier pleinement de cette contribution. C'est l'une des causes qui avaient provoqué le «séisme politique » d'octobre 2017. Le rapport d'évaluation dressé par la Cour des Comptes autour du programme de développement d'Al Hoceima — Manarat Al Moutaouassit, présenté devant le Roi par Driss Jettou le 24 octobre 2017, a relevé le retard accusé à la réalisation des projets de désenclavement de la province, « notamment les tronçons routiers relevant du programme "Manarat Al Moutaouassit" dont le budget a été porté de 464 millions de dirhams à 714 millions de dirhams. La Cour n'a pas manqué d'évoquer la voie expresse Taza-Al-Hoceima, recommandant au ministère de "prendre toutes les dispositions nécessaires pour l'achèvement des travaux de la dans les meilleurs délais, au regard de son importance pour l'ensemble de la région". À l'époque, le ministère avait avancé les arguments de "la nature instable des sols, les reliefs abrupts de la région et les fortes précipitations, ainsi que la nécessité de déplacer des réseaux d'eau potable, d'électricité et de télécommunication". À l'occasion de ce Congrès, des visites techniques ont été menées pour présenter ces grands projets routiers en cours de réalisation dans la région, dont ce projet autoroutier vital. Mais le rythme d'exécution des travaux n'est pas du goût de tout le monde. Des voix s'étaient élevées à la Chambre des conseillers, celles du groupe Authenticité et Modernité, réclamant la formation d'une commission exploratoire autour de l'autoroute Taza-Hoceima. Au niveau de certaines communes par lesquelles passe le projet, l'insatisfaction existe. Karim El Hamss, président de la commune d'Aknoul (province de Taza), par laquelle passe la R505, avait exprimé le 25 septembre à Hespress "la nécessité de former une commission régionale pour le suivi de ce chantier majeur", suite aux "défaillances" enregistrées dans sa réalisation. Le responsable local a imputé ces dysfonctionnements au bureau d'études et à la faiblesse des mécanismes de contrôle. Il donne l'exemple du tronçon adjacent à l'oued Béni Hazem, duquel les dernières pluies ont dévoilé les faiblesses de l'étude technique à son niveau. Il pointe du doigt l'absence de canaux d'évacuation des eaux de pluie sur certains tronçons, "ce qui transforme la route en oued une fois la pluie tombée". Toujours à l'occasion de cette 10e édition, le ministère a présenté un bilan autour de l'état d'avancement des chantiers routiers dans la région d'Al Hoceima, dont les projets relevant de "Manarat Al-Motawassit". Les taux de réalisation montrent qu'il reste encore du chemin à parcourir avant leur livraison. Le ministère évoque un taux de réalisation de 40 % de la RN 8 entre Targuist et Cala Iris (sur 31 km), de 35 % de la RP 5207 entre M'rika et Bni Hdifa (sur 19 km), de 40 % de la RP 5209 entre la RN 2 et Al Hoceima (sur 13 km), de 50 % de la RP 4115 entre Moulay Ahmed Chrif et Jebha (sur 15,6 km) et de 50 % de la RP 5201 entre Lakhlalfa et Taghzout (sur 13,4 km). Pour ce qui est de l'élargissement et du renforcement de la RR 509 entre Lakhlafa et Issaguen (sur 52 km), les travaux de la première tranche commenceront le 27 septembre, et la construction de la voie de contournement des villes Bni Bouayache et Imzouren est dans la phase des études. Au niveau de la voie express Taza-Al Hoceima, chantier qui porte sur le dédoublement de la RN 2 et de la RR 505 sur 148.5 km, et qui devait être livré en 2017 puis en 2018, le ministère n'a pas communiqué un taux de réalisation global, mais seulement celui propre à chaque tronçon. Sur la RN 2, les travaux sur la section Ajdir-Bni Bouayache (sur 17 km) sont achevés depuis août 2014, alors que celle entre Bni Bouayache et Oued Nekour le sont à 95 %. Cependant, pas de chiffres communiqués autour de la section entre Oued Nekour et Kassita. Concernant la RR 505, la section entre Taza et l'échangeur autoroutier se sont achevés en décembre 2015, et celle entre l'échangeur et Had Jbarna (sur 29 km) en août 2016. Reste à compléter les sections entre Had Jbarna et Aknoul sur 24 km (98 %) et entre Aknoul et Kassita sur 36 km (85 %).