Le Centre national Mohammed VI pour les handicapés à Sala Jadida (préfecture de Salé) a organisé jeudi 13 septembre, une journée d'information et de communication avec les parents et le corps enseignant et administratif marquant la rentrée scolaire 2018/19. A cette occasion Hespress FR est parti à la rencontre du directeur du CNMH, Dr Khalid Benhassan pour aborder avec lui la situation des personnes en situation de handicap qui seraient, selon certains des «laissés pour compte». Le responsable commence par énumérer les points positifs de la politique adoptée par le royaume en faveur des personnes en situation de handicap. Il estime à ce propos que le Maroc a connu «une évolution spectaculaire», surtout depuis les années 2000t. « Dans les années 90, on avait une centaine d'associations au Maroc, maintenant on est à un milliers», précise Khalid Benhassan. La prise de conscience de la cause de l'handicap serait en partie l'une des raisons qui expliquent cette évolution. «Le Maroc compte actuellement parmi les pays les plus avancés dans le monde, en terme de lois: le préambule de la constitution de 2011 aborde clairement dans son article 34 le droit des personnes handicapées au services sociaux, à la santé et l'éducation, l'emploi, les accessibilités, etc», ajoute-t-il. Dorénavant la législation intègre l'handicap dans les plans stratégiques de tous les départements. «C'est une nécessité, ce n'est plus un luxe», estime le responsable. Khalid Benhassan rappelle à cet égard la stratégie santé et handicap du ministère de la Santé et le plan cadre du ministère de l'Education nationale pour intégrer les handicapés. «Cela prouve qu'il y a une volonté extraordinaire et que les responsables sont plus conscientsst», dit-il. Problème de mise en œuvre et disparité entre l'urbain et le rural Par contre, des lacunes importantes restent à corriger. Khalid Benhassan précise qu'il y a un problème de «mise en œuvre de ce qui est planifié par les ministères». «Au niveau de la constitution, on n'est pas encore arrivé à la mise en œuvre», dénonce le responsable. Pour lui, les citoyens doivent «être plus conscients, plus convaincus» par la cause des personnes en situation de handicap. «Il y a certains parents qui ne sont pas encore convaincus que leur enfant avec un retard mental peut aller à l'école, puisse avoir son bac, puisse aller à la faculté et puisse avoir un travail après une formation professionnelle», regrette-t-il. Il cite en exemple un enfant trisomique qui a obtenu son baccalauréat. «Il est en licence cette année. Il a un retard mental léger. Il a eu la chance d'avoir des parents qui l'ont soutenu, qui ont cru en lui, qui ont persévéré, qui l'ont accompagné», se réjouit le directeur du CNMH. La disparité entre l'urbain et le rural est également un gros problème qui entrave la situation des handicapés. «On a le CNMH, et nous sommes présents dans les grandes villes. Pour les personnes en milieu rural, la situation est toute autre. On leur dit si vous voulez une prise en charge il faut venir dans nos centres. On couvre dans les grandes villes. Malheureusement on ne couvre pas 100% du territoire national», déplore le responsable. Retard du déblocage de subventions aux associations de personnes en situation de handicap Le rapport annuel de la Cour des comptes au titre des années 2016 et 2017, publié en août 2018, a fait état de nombre d'insuffisances dans la gestion du programme d'appui aux personnes en situation de handicap. Il relève le «faible taux de couverture en milieu rural» et la «répartition régionale inégale des associations opérant dans ce domaine». De plus la Cour des comptes constate que le nombre des bénéficiaires (4. 744 sur 33. 000 recensés en 2014) reste insuffisant, au vu de la faiblesse de l'enveloppe financière allouée à l'amélioration des conditions de scolarisation des enfants en situation de handicap. La Cour a, de même, mis en avant le retard constaté dans le déblocage des subventions aux associations bénéficiaires.