L'antiviral Remdesivir du laboratoire américain Gilead Sciences n'a pas réussi à ralentir la propagation du coronavirus chez les patients atteints, démontrent les résultats d'un des premiers essais cliniques sur le médicament en Chine. L'étude fait déjà polémique puisque ses résultats ont été publiés brièvement jeudi avant d'être retirés. Au moment où l'épidémie poursuit sa propagation dans le monde sans l'ombre d'un traitement ou d'un vaccin complètement efficace pour soigner les personnes touchées par le covid-19, les résultats de cette étude pourraient faire plonger encore plus le climat d'incertitudes lié à ce virus. L'essai chinois mené sur 237 malades et réalisé selon la méthode la plus rigoureuse, un essai dit « randomisé », a montré que « le Remdesivir (…) n'améliore pas l'état des malades et ne réduit pas la présence de l'agent pathogène dans le système sanguin », affirme le Financial Times, citant le document publié sur le site de l'OMS. Selon d'autres scientifiques chinois, le nouveau coronavirus aurait déjà muté 33 fois depuis son apparition en décembre 2019 dans un marché de la ville de Wuhan dans la province du Hubei. Cette rapidité et ce nombre de mutation est d'autant plus inquiétant au vu de la situation qui échappe au contrôle des Etats en l'absence de vaccin et au moment où certains pays se préparent déjà au déconfinement de la population. Un résumé des résultats de l'essai clinique des experts chinois ayant testé le Remdesivir, a été publié sur le site de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), a rapporté le Financial Times. Mais l'extrait a vite été retiré du site de l'organisation qui a évoqué une erreur. Le laboratoire américain qui a développé cet antiviral a réagi dans un message envoyé à l'Afp, indiquant regretter que « l'OMS ait publié prématurément des informations concernant l'étude (…). Les chercheurs de cette étude n'ont pas donné leur permission pour la publication des résultats », et ajoutant que l'échantillon sur lequel a été menée l'étude était trop faible pour tirer des conclusions. Gilead Sciences visait 400 malades. « Nous estimons que le résumé inclut des représentations inappropriées de l'étude. C'est important à souligner parce que l'essai a été arrêté assez tôt, en raison d'un faible taux de participation, ce qui ne permet pas de tirer des conclusions significatives du point de vue statistique« , a encore déclaré le laboratoire américain qui a vendu les licences d'exploitations à plusieurs pays dont le Maroc et même en Europe. « Par conséquent, les résultats de l'essai sont peu concluants, même si des tendances dans les données suggèrent que Remdesivir a un côté bénéfique tout particulièrement pour les malades pris en main tôt« , conclut Gilead Sciences. De nombreuses études et à plus grande échelle sont en cours à travers le monde pour tester l'efficacité du Remdesivir. A l'heure actuelle, aucune piste n'est négligée et plusieurs autres médicaments sont également en train de subir des tests afin de voir s'ils peuvent traiter le nouveau coronavirus. Pour rappel, une autre étude, cette fois-ci, américaine, publiée vendredi dernier par l'Institut national des maladies infectieuses, a estimé que l'antiviral Remdesivir s'est montré efficace pour ralentir la progression du Covid-19 chez des singes. L'étude aurait eu pour objectif de compléter les autres études sur cet antiviral expérimental et a été menée sur deux groupes composés de six singes porteurs du coronavirus. « La quantité de virus présent dans les poumons était significativement plus basse dans le groupe traité par rapport au groupe non-traité, et le SARS-CoV-2 a causé moins de dommages aux poumons chez les animaux traités que chez ceux non-traités », avaient estimé les scientifiques.