Le monde dans sa globalité, fait face à une véritable crise sanitaire engendrée par la propagation du coronavirus. Dr. Khadija Moussayer, spécialiste en médecine interne et en gériatrie et présidente de l'association marocaine des maladies auto-immunes et systémiques nous livre là plusieurs conseils pour se prémunir contre le virus fantôme, surtout les personnes âgées qui y sont les plus vulnérables. Dans sa synthèse, Dr. Moussayer commence par expliquer que l'être humain combat les virus et les bactéries grâce à son système immunitaire, un ensemble de cellules spécialisées et de substances et les anticorps, qui constituent un rempart contre les agressions extérieures comme le Covid 19. Une défense de l'organisme qui s'affaiblit avec l'âge ou est amoindrie lors de certaines pathologies, souligne-t-elle. Elle dresse ainsi cinq volets dans son analyse qui traite chacun une thématique. Le premier insiste sur les sujets à risques et les plus susceptibles d'avoir des atteintes graves en cas de contamination par le coronavirus (ou Covid-19), notamment ceux souffrant de problèmes respiratoires (asthme, mucoviscidose...), rénaux (dialysées), cardiaques et d'hypertension, de diabète, d'obésité. Ceux recevant des médicaments immunosuppresseurs ou de la cortisone dans le cadre du traitement des maladies auto-immunes (lupus, polyarthrite rhumatoïde, Gougerot-Sjögren...), ne sont pas épargnés, indique Dr. Moussayer, notant que certaines de ces maladies auto-immunes affaiblissent particulièrement le système immunitaire, donnant ainsi l'exemple du lupus systémique. Une chimiothérapie administrée pour traiter les cancers, affaiblit également le système immunitaire, de même évidement qu'avoir une immunodépression acquise engendrée par le Sida, poursuit la spécialiste dans ce même volet. Et bien-sûr les personnes âgées, surtout après 70 ans sont les sujets les plus à risque. La spécialiste explique que cette catégorie de personnes voient leurs défenses immunitaires diminuer à cause, d'une part, des pathologies associées (comme celles énumérées avant) et d'autre part, de facteurs propres au système immunitaire qui fonctionne moins bien avec l'âge : diminution de la production des globules blancs et des anticorps, soulevant que « ceux qui décèdent de cette épidémie appartiennent à plus de 90 % à cette catégorie de population ». Pour ce qui est du deuxième volet, Dr. Moussayer explique comment ces personnes peuvent se protéger contre le virus. « Le coronavirus nous atteint à la suite de son passage par les yeux, le nez ou la bouche. Il ne passe pas directement à travers la peau. Néanmoins, nos mains peuvent avoir à leur surface des virus après des contacts avec d'autres personnes ou des objets contaminés et nous risquons ensuite alors de nous transmettre la maladie en portant nos mains au visage », explique-t-elle. Elle conseille ainsi aux personnes âgées et toute autre personne à risque (ainsi que le reste de la population), d'observer de façon stricte les gestes « barrières » de protection et en particulier une distance d'au moins d'un mètre des autres personnes, des longs lavages complets et réguliers de toutes les parties des mains (doigts, paume, dos de la main, poignet) à l'eau savonneuse après tout contact à l'extérieur. Si ces personnes âgées vivent seules ou en couple et sont valides, le mieux, conseille la spécialiste, est qu'elles restent strictement confinées à l'écart de leur entourage qui peut leur apporter tous les moyens de subsistance en les livrant de préférence sur le pas de la porte de leur habitation. Si les personnes âgées vivent en famille, poursuit-elle, c'est aux autres membres d'observer scrupuleusement le confinement, en déléguant si possible à une seule et même personne le soin de faire toutes les courses nécessaires durant cette période, cette dernière acceptant alors de se mettre le plus possible en semi-confinement à l'égard du reste de la famille. Cela dit, les personnes âgées doivent continuer leurs traitements existants et ne pas hésiter à appeler leurs médecins pour des conseils, insiste la spécialiste, soulignant que « l'automédication, trop fréquente malheureusement au Maroc, est par contre à prohiber en cette période ! ». S'agissant du 3e volet, la spécialiste y livre la manière de renforcer la système immunitaire de cette catégorie de personnes. Pour assurer la meilleure défense immunitaire possible face au covid 19, Dr. Moussayer explique qu'il faut que les personnes âgées continuent plus que jamais à bien se nourrir, leurs besoins énergétiques étant d'ailleurs à peine inférieurs à ceux de l'adulte jeune : 2000 kilocalories par jour pour l'homme et 1800 kcal/j pour la femme contre respectivement 2800 et 2200 à 30 ans. Elle leur conseille également de faire quotidiennement des exercices physiques, même dans un espace restreint, car la force des muscles des personnes âgées diminue rapidement en l'absence d'activité physique ou de mobilité, mais aussi entretenir leur moral et les liens sociaux, le stress ainsi qu'un sommeil perturbé étant les pires ennemis du système immunitaire Le quatrième volet, lui, insiste sur le fait que les personnes atteintes de maladies rares font également partie des personnes vulnérables face au Covid-19. Ces personnes sont déjà souvent en situation de grande vulnérabilité par rapport à leur maladie, faute de prise en charge efficace, de difficulté d'accès aux soins et aux médicaments, nous dit Dr Moussayer, qui souligne ainsi que l'organisation des soins et le suivi des malades ne peuvent donc qu'être plus ardus avec les mesures de confinement indispensables. « Certaines maladies rares sont particulièrement à risque face au Covid 19 telle la mucoviscidose. Ce risque est maximum pour les enfants et les adultes atteints de déficit immunitaire primitif, l'adhésion aux traitements (immunoglobulines) et confinement doivent alors être des plus scrupuleux », insiste la spécialiste notant que « les enfants atteints de Xeroderma pigmentosum (enfants de la lune) subissent enfin la double peine ». Elle insiste à cet égard sur le fait qu'ils ne doivent pas s'exposer aux rayons de soleil pour se protéger des cancers de peau et doivent également se confiner pour se protéger du coronavirus. Dans le cinquième volet, Dr. Moussayer se penche sur les signes cliniques du Covid-19. Elle fait savoir que les signes cliniques de la maladie sont divers, et souvent peu différents d'une grippe banale au début. Mais ils sont dominés par la fièvre ou sensation de fièvre et par la toux, souligne-t-elle. Des courbatures comme dans la grippe saisonnière sont fréquentes, poursuit-elle, ainsi qu'une perte du goût et de l'odorat qui est un signe particulièrement caractéristique de la maladie. Les symptômes digestifs comme la diarrhée, notamment chez la personne âgée peut représenter les signes inauguraux de la maladie, révèle-t-elle. « Toute altération brutale de l'état général chez le sujet âgé ou signe d'aggravation d'une autre pathologie préexistante doivent alerter, avant la survenue de signes de gravité», met-elle en garde, citant « les difficultés respiratoires, accélération du rythme respiratoire, chute de la tension artérielle systolique (inférieure à 90 mmHG), perte d'équilibre, somnolence, confusion allant jusqu'à l'altération de la conscience ».