Le secrétaire d'Etat américain Mike Pompeo en appelant au téléphone dimanche le Premier ministre irakien désigné Mohamed Allawi, a implicitement reconnu le nouvel exécutif de l'Irak. En effet, cet appel de Pompeo à la veille du vote de confiance au Parlement convoqué par Allawi, sonne comme une reconnaissance à un gouvernement désigné jugé illégitime par la rue irakienne. Prévu donc pour ce lundi, le Parlement irakien ne se réunira in fine que jeudi pour accorder ou non sa confiance au gouvernement du Premier ministre désigné Mohamed Allawi, la présidence du Parlement ayant fixé lundi matin, la tenue du vote de confiance à jeudi. Quoique le secrétaire d'Etat américain ait invité Mohamed Allawi à protéger les troupes américaines déployées en Irak et à répondre aux revendications des Irakiens qui manifestent depuis octobre cet appel sonne comme une légitimation idéologique inespérée à l'interventionnisme tous azimuts du gouvernement et des blocs parlementaires de l'Irak. Ainsi, Pompeo aurait déclaré au téléphone au Premier ministre désigné, que les Etats-Unis soutiennent un Irak « fort, souverain et prospère », a indiqué dans un communiqué la porte-parole du département d'Etat, Morgan Ortagus. Dans cet entretien, il est dit encore que le secrétaire d'Etat « a souligné l'obligation de l'Irak de protéger les diplomates, les forces et les installations des Etats-Unis et de la coalition » qu'ils dirigent en Irak. Le communiqué soulignant en outre « l'urgence avec laquelle le prochain gouvernement irakien doit mettre fin aux meurtres de manifestants, assurer la justice pour ceux qui ont été tués et blessés, et répondre aux doléances des protestataires ». Pour sa part le bureau de Mohammed Allawi a décrit sa conversation avec Mike Pompeo comme un appel de félicitations après sa désignation. Or, le département d'Etat américain n'a pas mentionné dans son communiqué de félicitations, qualifiant simplement Allawi de « nouveau Premier ministre ». Cette discussion intervient après une longue période de froid et de tension entre les deux pays, qui trouve ses origines en janvier à la mort ciblée du général iranien Qassem Soleimani par les Etats-Unis ordonnée par le président américain Donald Trump. Ce dernier après les tensions qui ont suivi avait menacé l'Irak de lourdes sanctions économiques si Bagdad expulsait les 5.200 militaires américains déployés dans le pays. En outre, l'administration Trump avait rejeté l'idée du Premier ministre Adel Abdel Mahdi d'envoyer une délégation pour dialoguer sur la question d'un éventuel retrait de troupes américaines d'Irak.