Encore une autre viande étrangère importée au Maroc. Il s'agit cette fois-ci de la viande du pays de l'oncle Poutine. Dans un communiqué, le Service fédéral russe pour la surveillance vétérinaire et phytosanitaire (Rosselkhoznadzor) a indiqué que les producteurs russes ont obtenu le droit d'exporter de la viande bovine au marché marocain. La même note indique que « la partie marocaine a signé un certificat vétérinaire pour la fourniture de viande bovine en provenance de la Russie » et que « l'exportation de la viande russe peut commencer immédiatement pour les entreprises qui ont déjà passé l'inspection du service vétérinaire marocaine (ONSSA) et qui ont obtenu un résultat positif ». Interrogé par Hespress Fr sur cet échange commercial entre le Royaume et la Russie surtout que plusieurs exportateurs marocains se voient refusé l'accès à des marchés étrangers pour des raisons multiples, des fois banales, contrairement au Maroc, un responsable au sein de l'ASMEX nous a indiqué qu'historiquement, le Maroc n'a pas de problème avec le marché russe et que c'est une belle alternative au marché américain. « Le marché russe est très bien avancé dans la norme halal, puisqu'ils ont grande partie de la Russie de l'Ouest qui est musulmane ou qui a un héritage musulman. Turkménistan et autres. Il faut juste que ça ait un label halal, que ça soit fait dans des abattoirs halal et que ça respecte les normes de l'ONSSA, les droits de douane et c'est bon » nous explique-t-il. Et là, une autre question se pose et de savoir est-ce que cette viande importée de la Russie arrivera en bonne et due forme au Royaume notamment en termes de respect de la chaîne de froid. En réponse à cette question, notre source nous explique qu'on parle-là « de grandes quantités qui arrivent en conteneur réfrigéré, c'est des grandes cargaisons qui arrivent en bateau. Ce ne sont pas des petits morceaux qui arrivent dans des cartons ». Maintenant, ce qu'il faut savoir également est l'impact de l'exportation de cette viande russe sur le marché national. Sur ce point, notre source nous fait savoir dans un premier temps qu'il y a un déficit de viande au Maroc depuis toujours, puisqu'on n'est pas de grands producteurs de viandes rouges malgré le fait que les Marocains le consomment sans modération. Et le problème qui se pose, poursuit-il, ce n'est même pas la disponibilité des carcasses de bœuf, parce qu'ils sont disponibles, mais c'est le produit dérivé et transformé. Comment ? Notre source nous explique que le Maroc a connu de nouvelles tendances en termes d'alimentation, notamment le développement du secteur de la sandwicherie (tacos, burger, Wrap …) qui nécessite des produits d'une certaine caractéristique que les producteurs nationaux ne peuvent pas honorer dans la totalité, soulignant qu'il y a un déficit par rapport à ça, et par rapport à ses produits bien spécifiques. « Ce n'est pas uniquement ce qui a créé ce déficit de viande rouge au Royaume, mais c'est les nouveaux modes de consommation. C'est la ménagère qui veut partir à une enseigne de grande distribution est trouvé 4 ou 5 portions de bœuf différent, pour 4 ou 5 usages différents emballés, pesé et préparer. La marché national, vu que c'est en grande majorité un circuit traditionnel ou semi-traditionnel qui passe par les abattoirs municipaux et les grossistes boucher, les unités de transformation de viande au Royaume ne sont pas très développées ni très nombreuses » argumente-t-il. Alors que la viande rouge connait un déficit au Royaume, la viande blanche (dinde, poulet) elle cartonne. En effet, selon notre interlocuteur, il y a même « des champions nationaux qui exportent et qui exportent très bien, parce que le climat et l'écosystème agricole marocain sont favorables ». Revenant donc au fait que le Maroc reste tout de même un marché ouvert aux étrangers, contrairement à nos exportateurs qui trouvent des problèmes à promouvoir leurs produits dans les pays cibles. Sur ce point, notre interlocuteur n'est pas du même avis. Il avance que le Royaume a des restrictions et pas des moindres. « L'ONSSA a des mesures drastiques par rapport à l'origine de la bête, sa race, est-ce une race à viande ou une race à lait. Et des fois même elle demande à savoir ce qu'elle mange, où l'abattage s'est fait. Et des fois à partir du lieu de l'abattage on peut conclure est-ce une viande halal ou pas halal. Si elle se fait dans une unité d'abattage où il y a du porc, elle n'est pas halal, parce qu'elle est rentrée en contact avec le porc. Et les Marocains sont très sensibles à cela » argumente-t-il. Mais, notre source affirme que les marchés étrangers restent tout de même méfiants en termes de normes. Comment ? « Le principal problème qu'on a au Maroc, et de s'adapter aux normes de plus en plus exigeantes et qui bougent tout le temps des pays cibles. Le marché traditionnel du Maroc, généralement l'Europe et l'Amérique du Nord, c'est des marchés qui sont devenus très réglementés surtout l'Europe. C'est des marchés qui deviennent de plus en plus réglementés et leurs normes changent au quotidien » avance-t-il. Il donne ainsi l'exemple du Maroc qui possède une norme marocaine dans la viande rouge. Toutefois, les marchés cibles imposent une norme spécifique avec un nom commercial. « On ne va pas exporter par exemple chez X, mais chez Y. Et des fois c'est les mêmes caractéristiques attention, mais on se retrouve à refaire une certification et une adaptation par rapport à une norme qui répond des fois aux mêmes exigences marocaines » souligne-t-il. Et d'ajouter dans ce sens : « le problème c'est la force des normes marocaines et sa crédibilité à l'international. À l'international, tout le monde connait ISO, mais si tu leur dis la norme marocaine IMANOR, personne ne la connait. Ils ne font pas confiance. Il faut qu'on ait leur norme. Et pour ça, il faut investir beaucoup d'argent et des temps, et des gains en productivité, parce que notre norme n'est pas reconnue à l'international ». De ce fait, notre source avance que « le Maroc a tout à gagner à adapter ses normes et les faire reconnaitre dans les pays et marché cible. C'est le travail qui doit être fait. Quitte même à faire du chantage positif et leur dit, voilà, moi je reconnais vos normes dans tel et tel secteur et j'importe de chez vous faudra faire de même avec nous. Sachant que nous, le label halal marocain, c'est l'un des meilleurs labels halal qui existe. Quand on te dit halal au Maroc c'est un vrai halal égorgé avec les normes de notre charia et non par des pistolets. Alors qu'il y a des produits halal, mais qui ne respectent par la charia musulmane. Halal par rapport à des normes d'hygiène uniquement ». Cela dit, est-ce que le Royaume à le pouvoir d'exercer cette « pression » sur les Européens par exemple pour qu'ils reconnaissent nos normes. Selon notre interlocuteur, « malheureusement non, parce qu'ils ne dépendent pas de nous ». « Pour les marchés traditionnels cibles des exportateurs marocains, c'est simple. Ils nous disent clairement : vous voulez acheter vous êtes les bienvenus, sinon tant pis et vice versa, ils te disent vous voulez exporter chez nous vos produits avec nos normes vous êtes les bienvenus sinon tant pis » indique-t-il. Toutefois, notre source conclut que si par exemple, « le Maroc mettait en place une seule norme importante et forte, qui englobe, produit de la mère, viande rouge et viande blanche, là on sera une force. Qu'elle ait un ensemble de critère et de déclinaison sectorielle. Si tu stop sur l'Europe ou le Japon ou l'Indonésie ou même l'Amérique du Nord ou la Russie le poisson, ils vont le ressentir ».