Une campagne contre le cyberharcèlement et les cyberviolences a été lancée début novembre par le CMRPI, avec l'appui du Conseil de l'Europe. Pour cette première édition, l'accent a été mis sur les enfants, premiers utilisateurs des réseaux sociaux, surtout depuis la pandémie du Covid-19. Si les femmes sont souvent citées comme les principales victimes de cyber harcèlement, les enfants ne sont pas en reste. Premiers usagers des réseaux sociaux, selon plusieurs études publiées sur le sujet, ils sont au cœur de la première campagne lancée au Maroc contre le cyberharcèlement. Elle a été lancée le 4 novembre, journée internationale de lutte contre la violence et le harcèlement en milieu scolaire. C'est le Centre marocain de recherches polytechniques et d'innovation (CMRPI) qui est à l'initiative de la campagne, en partenariat avec les ministères de la Transition digitale et de l'Education, et avec l'appui du conseil de l'Europe. L'objectif dans un premier temps est de « réunir les parties prenantes qui travaillent sur la protection en ligne d'une manière générale au Maroc, pour discuter et travailler ensemble avec les acteurs et institutions concernés sur la question des cyberviolences et en particulier du cyber harcèlement. C'est un travail qui vise à mettre l'accent sur le sujet », nous explique Youssef Bentaleb, président du CMRPI. Ecouter les enfants Avec la crise du Covid19, le confinement et l'école en distanciel, le « problème s'est intensifié ». Le but est surtout de sensibiliser d'une manière générale les internautes et particulièrement les enfants et leurs familles, sur la protection contre le cyberharcèlement. « Les enfants sont les plus grands utilisateurs de la technologie numérique, en particulier lorsqu'il s'agit de réseaux sociaux et de plateformes de jeux où se déroulent la plupart des cyberharcèlements. De plus, les enfants sont plus susceptibles de demander de l'aide à leurs pairs, et non à leurs parents ou enseignants, lorsqu'ils rencontrent de tels problèmes », relève de son côté Malika Smaali, chargée de projet au Conseil de l'Europe, jointe par H24 Info. « Il est donc logique que nous écoutions les enfants pour mieux comprendre leur point de vue et les défis auxquels ils sont confrontés en ligne. Cela permet aux parents, aux enseignants et aux tuteurs de fournir un soutien au moment et de la manière la plus utile pour les enfants ». Des formations spéciales seront dispensées aux professionnels de l'éducation au Maroc. Selon Youssef Bentaleb, des ateliers régionaux seront organisés à Marrakech et Rabat pour les enseignants et éducateurs pour renforcer « leurs capacités en matière de bonnes pratiques de protection en ligne ». Une plateforme de signalement Début d'année, le CMPRI a lancé la plateforme Espace Maroc Cyberconfiance pour sensibiliser et accompagner les internautes marocains dans la prévention contre les « dangers d'internet ». Une « expertise technique, pédagogique et juridique » leur est offerte pour « mieux se protéger des actes cybercriminels ou d'attaques cybernétique », lit-on sur le site web. L'espace permet aux internautes de signaler des contenus « illicites ou inappropriés » à l'encontre d'enfants en ligne. Il peut s'agir de photos, vidéos, posts ou stories sur les réseaux sociaux « qui incitent à la haine, la violence, l'extrémisme ainsi que tout abus sexuel en ligne ». Selon Youssef Bentaleb, plusieurs signalements ont été faits depuis le début d'année sur la plateforme. Ils concernent souvent des cas de harcèlement sexuel contre les femmes sur les réseaux sociaux. « Grâce au partenariat de confiance que nous avons avec Facebook et Instagram, on peut supprimer assez rapidement les contenus qui sont violents ou qui représentent une atteinte à la dignité humaine », assure le président du CMPRI. Lire aussi: Arrestation du principal suspect dans l'affaire de harcèlement sexuel à Tanger Le nombre de cas de harcèlement en ligne contre les enfants au Maroc n'est pas connu exactement. L'UNESCO a récemment publié des statistiques qui montrent qu'environ 42,7% des enfants déclarent avoir été victimes d'intimidation (46% des garçons et 39% des filles), rappelle Malika Smaali. Selon elle, une nouvelle étude de Kaspersky, contenant de nouveaux chiffres sur le harcèlement des jeunes au Maroc, sera présentée le 16 novembre prochain à Rabat, lors de la conférence sur la campagne en question. Le plan d'actions de la campagne y sera aussi détaillé.