Toujours pris dans le tourbillon judiciaire, l'affaire Tariq Ramadan ne cesse de connaitre des rebondissements. Doublement mis en examen depuis deux ans pour « viol » et « viol sur personne vulnérable » après que deux femmes ont déposé plainte contre lui en octobre 2017, le célèbre islamologue vient d'être remis en examen. Et cette fois-ci c'est pour le viol de deux autres femmes, rapporte Le Monde. Il a dans ce sens été entendu cinq heures durant ce jeudi par les juges d'instruction. Une journée d'audition après laquelle le quinquagénaire suisse est ressorti du tribunal de Paris sans commenter ces nouvelles charges retenues contre lui. En liberté depuis le mois de novembre 2018 après avoir passé plus de neuf mois derrière les barreaux, il est actuellement placé sous contrôle judiciaire et est interdit de quitter le territoire français. Ces deux nouvelles victimes n'avaient à la base pas saisi la justice avant d'être auditionnées, inversement au deux premières, Henda Ayari et « Christelle » (nom d'emprunt). En effet, ces deux nouvelles femmes avaient été entendues en tant que témoins par la brigade criminelle de Paris au mois de février dernier. Les enquêteurs avaient en effet trouvé les photos de ces femmes dans l'ordinateur du mis en cause. Les plaignantes dénoncent l'emprise qu'avait Ramadan sur elles Parmi ces deux nouvelles victime, une femme de 37 ans qui a fini par déposer plainte et s'est constituée partie civile, au début de l'année. Lors de son interrogatoire elle avait parlé à la brigade d'une relation « toxique ». Elle a cependant évoqué un rapport sexuel « consenti », « ce dimanche de mars 2016 » où elle a vu l'islamologue à l'hôtel Crowne Plaza de la place de la République, à Paris. C'est dans une chambre de cet hôtel selon son témoignage qu'elle a eu une « relation sexuelle brutale » avec son bourreau. « Vous me demandez si, devant ces “violences”, je manifeste une désapprobation ou, au contraire, une satisfaction : je ne dis rien. Ce qui l'excite, ce sont les femmes qui ne veulent pas. » Elle tombe amoureuse de cet homme et garde donc contact avec lui. « C'est d'un autre ordre que le viol physique, cela va au-delà, il y a de l'emprise. Il y a un viol moral. Il a une telle emprise sur vous qu'on fait tout ce qu'il nous demande, on n'est plus maître de notre personne. Mais cette relation physique a été consentie. Il faudrait une autre infraction pour ce genre de personne », confie la trentenaire. La deuxième femme n'a, elle, pas déposé plainte. Lors de son audition, elle a raconté avoir vu l'homme deux fois à la fin de l'année 2015. C'est au cours de ces deux rencontres qu'elle dit avoir été giflée, insultée, et contrainte à certains actes sexuels violents. « Cela ne me plaisait pas mais j'ai fait ce qu'il demandait pour que cela s'arrête, j'étais prise dans quelque chose qui me dépassait », avait-elle déclaré aux policiers, au début de 2019. Tariq Ramadan dénonce une mascarade Deux ans après que l'enquête sur l'islamologue a été ouverte, il est aujourd'hui visé par cinq plaintes dans l'Hexagone. Sauf qu'il n'a pas été mis en examen pour les cinq puisqu'il a été entendu sous le statut de témoin assisté concernant la troisième plainte. Elvira, la quatrième femme, baptisée ainsi dans la presse, ne s'est pas présentée aux convocations de la justice et son récit a été contredit par les investigations. Me Marsigny a dénoncé, jeudi, la décision des magistrats, nouveau coup dur pour son client : « Il vient d'être de nouveau mis en examen alors que la première femme visée a elle-même déclaré que les relations avaient été “consenties” et que l'autre ne s'est jamais plainte de leurs deux rencontres. » D'ailleurs l'islamologue s'ets aussi exprimé via les réseaux sociaux notant entre autres : « Les choses sont claires. Mon dossier est vide de tout crime et de tout viol. Les juges d'instruction, Camille Guillermet, Camille Palluel et Cyril Paquaux, instruisent à charge, ignorent les enquêtes de la brigade criminelle, négligent les preuves flagrantes des multiples mensonges des plaignantes, et protègent les nombreuses personnes citées dans le dossier prouvant qu'il s'agit d'un traquenard. Aucune de ces personnes n'a été entendue à ce jour. » Et le quinquagénaire d'ajouter : « D'autres procédures sont en cours. Il faut que cette mascarade soit dénoncée et qu'elle cesse. » Pour rappel, au début de sa descente aux enfers, Tariq Ramadan niait toute relation sexuelle avec les deux premières plaignantes avant d'admettre les faits. En effet, après la découverte de messages explicites, il a avoué avoir eu des rapports, « consentis » selon lui, avec elles. Ayant également reconnu avoir eu des relations sexuelles avec la troisième plaignante, il réfute toute contrainte imposée à ces femmes. Une expertise, confiée au psychiatre Daniel Zagury, devra dans les prochaines semaines se prononcer sur la notion d'emprise entre l'islamologue et ses accusatrices.