Le 16ème Congrès National des Droits de l'Enfant s'est ouvert ce mercredi à Marrakech sous le haut patronage de Sa Majesté le Roi Mohammed VI et la présidence effective de Son Altesse Royale la Princesse Lalla Meryem. Organisée par l'Observatoire National des Droits de l'enfants (ONDE), cette édition est marquée par la célébration du 30ème anniversaire de la Convention internationale des Droits de d'Enfant (CIDE) et réunit plus de 3000 participants. La ville ocre abrite ainsi, du 20 au 23 novembre courant, la 16e édition du Congrès national des droits de l'enfant. L'événement, de portée internationale, se veut un plaidoyer en faveur de l'enfant. Pour jeter la lumière sur l'action de l'ONDE, sur le progrès qu'a connu la situation de l'enfance au Maroc mais également sur les manquements auxquels il faudra pallier, nous avons interpellé Mme Lamia Bazir, Directrice Exécutive de l'Observatoire et l'une des 100 jeunes africains les plus influents au Monde. Les détails dans cet entretien avec la Directrice Exécutive de cette institution indépendante chargée d'assurer le suivi de la mise en œuvre de l'application de la Convention des Nations Unies relative aux Droits de l'Enfant, notamment par le suivi et la veille de façon continue de la situation de l'enfant.. 2M.ma : La 16e édition du Congrès national des droits de l'enfant appelle à ériger «l'enfant en priorité nationale. Selon vous, comment peut-on élever l'enfance à ce rang ? Lamia Bazir : Il est crucial de souligner que cette 16e édition se tient dans un contexte particulier à plus d'un égard. Organisée sous le Haut Patronage de Sa Majesté le Roi Mohammed VI et sous la Présidence effective de SAR la Princesse Lalla Meryem, cette édition coïncide avec le 30e anniversaire de l'approbation de la Convention internationale des droits de l'enfant (20 novembre 1989). Cette année, la 16e édition du Congrès National des Droits de l'Enfant ambitionne de permettre à l'ONDE de remplir à nouveau son rôle de catalyseur des hauts responsables et des experts de la question de l'enfance au niveau national. Cette célébration sera un moment national et international historique de bilan et de disruption au niveau des approches et de modes d'action marquant un changement conceptuel et managérial, promouvant une approche décisionnelle intégrée et efficace, ainsi qu'une perception de l'enfant comme première richesse du pays et du continent. Le Congrès, aillant une optique à la fois rétrospective et prospective, représentera un point de mobilisation nationale et un événement d'envergure internationale qui réunira environ 3000 participants et se déclinera en un programme de quatre jours. Membres de l'Exécutif, responsables publics, personnalités onusiennes, représentants de la société civile, du secteur privé, et les enfants eux-mêmes seront invités à prendre un temps d'arrêt pour dresser le bilan de la situation de l'enfance depuis la ratification de la CIDE par le Royaume, valoriser les acquis, mais surtout identifier les défis à relever ainsi que les pistes à emprunter afin d'assurer une mise en œuvre optimale des principes de la Convention Internationale. En effet, cette grand-messe sera un moment de réflexion et d'auto-évaluation à partir duquel découleront des engagements opérationnels, dont l'objectif principal est d'inscrire l'enfant au cœur de toutes les priorités. L'idée est d'enclencher une disruption dans les méthodes de gestion des questions touchant à l'enfance et d'exhorter les participants à penser l'enfance autrement et à dépasser le champ théorique des droit consacrés par la CIDE, en intégrant la notion de besoins effectifs dans les politiques publiques. Le Congrès constituera une opportunité idoine pour engager les parties prenantes à adopter une nouvelle approche de gestion, laquelle doit être axée sur les résultats et dont la finalité est de faire de l'enfant un levier du développement. Nous voulons sortir de ce congrès avec un consensus national autour d'un ensemble de chantiers structurants et d'engagements prioritaires, qui seront intégrés dans le cadre d'une feuille de route nationale pour l'ensemble des départements ministériels et des institutions nationales pour la prochaine décennie. Tout cela constitue pour nous une démarche intégrée permettant de véritablement concrétiser la priorité nationale accordée à l'enfant. En outre, ce sera une occasion de donner de la visibilité aux droits de l'enfant dans les consciences citoyennes pour un changement de perception consacrant la valeur de l'enfant en tant que première richesse du pays. En plus de la dimension institutionnelle, la dimension culturelle sera prépondérante à travers notamment une "chanson nationale" pour l'enfance regroupant un grand nombre d'artistes de plusieurs styles et générations afin de sensibiliser et mobiliser les citoyens à protéger et à valoriser l'enfant en tout lieu et à tous les niveaux. Eriger l'enfant en priorité nationale n'est pas une ambition qui émane d'un simple hasard, elle émane d'une vision stratégique pour notre pays, démontrant la valeur et la richesse immatérielle notamment de l'enfance, que ce soit pour le développement de l'humain, de l'optimisation du potentiel humain ou du développement socio-économique, ou de la réduction des inégalités ou surtout pour le renforcement de la cohésion sociale. 2M.ma : L'année 2019 marque le 25e anniversaire de la création de l'ONDE. Pouvez-vous nous dresser une rétrospective de son action ? Mme Bazir : La Haute sollicitude qu'a portée, Feu Sa Majesté Hassan II, que Dieu ait son âme, à la question des droits de l'enfant, s'est manifestée dès la tenue du premier Congrès National des droits de l'enfant en 1994 à Casablanca, par la création en 1995, de l'Observatoire National des Droits de l'Enfant (ONDE), sous la Présidence effective de Son Altesse Royale la Princesse Lalla Meryem. La création de cette institution par une décision Royale et la Présidence de SAR la Princesse Lalla Meryem de cette institution, témoignent de la volonté du Royaume du Maroc et son engagement, à très haut niveau, pour mettre en œuvre la Convention des Nations Unies relative aux Droits de l'Enfant (CIDE) . Chargé de surveiller et d'accélérer la mise en œuvre de la Convention Onusienne des droits de l'enfant, cet instrument institutionnel unique est à lui-même un dispositif qui permet d'avancer la machine étatique dans la consécration et la réalisation des droits de l'enfant pour faire de la question de l'enfance une priorité nationale, mais aussi de fédérer les efforts des différents départements ministériels et des autres acteurs, et de générer des projets innovants et à titre démonstratif. Ainsi, l'ONDE a pu créer une dynamique nationale afin de promouvoir et d'activer les principes et les valeurs de la CIDE et de formuler une opinion publique, faisant du dossier des droits de l'enfant une priorité dans ses politiques et ses préoccupations. Cette dynamique se traduit par les initiatives nationales distinctives de l'ONDE en faveur des enfants dans différents domaines, notamment l'harmonisation du cadre normatif et législatif conformément aux exigences de la CIDE, et l'amélioration de la qualité et de l'accès des enfants à leurs droits, à savoir la la santé, l'éducation, la protection, et la participation. A titre illustratif, nous citons sa contribution à l'harmonisation de plus de 240 articles de lois dont le Code de la famille, le Code du travail, Code de l'état civil, la Kafala, mariage précoce, et autres, ainsi que son rôle d'amorce et de mobilisation dans plusieurs projets structurants comme la campagne nationale de vaccination, lancée chaque année par Son Altesse Royale la Princesse Lalla Meryem, les "Unités enfances" au niveau des hôpitaux, "Un douar un puits", "Villes protectrices de ses enfants", etc. On cite également son rôle crucial en matière de sensibilisation pour briser certains tabous liés à la violence sexuelle ou encore à la problématique des petites bonnes, la mise en place d'un numéro vert (2511) et d'un centre d'écoute et de protection des enfants victimes de maltraitance, et le Parlement de l'enfant qui fête cette année ses 20 ans, et qui constitue une bonne pratique au niveau internationale donnant une voix et une existence institutionnelle aux enfants. L'ONDE continue à jouer ce rôle de catalyseur. Il est actuellement en plein repositionnement institutionnel pour mieux assurer une vraie transformation du secteur de l'enfance. Il assure en ce moment le pilotage de la mise en place d'un observatoire de l'enfance en tant que dispositif de veille et de suivi-évaluation du secteur de l'enfance aux niveaux national et territorial. Les apports de cet observatoire est primordial pour les mécanismes de suivi des résultats, de coordination et de redevabilité des différents acteurs. L'Observatoire, dans le cadre de cette dynamique de ce repositionnement, se prépare pour assurer deux missions clés à l'issue de cette édition du Congrès national, à savoir le suivi et coordination des engagements du Pacte National en faveur de l'Enfance, et la poursuite de la concrétisation des perspectives de ce Pacte, en particulier pour la coordination de la mise en place de la stratégie nationale pour l'enfance 2021-2030. 2M.ma : Trente ans après la signature de la CIDE, qu'est ce qui a changé pour les droits de l'enfance au Maroc ? Et que faut-il encore améliorer ? Mme Bazir : En vue de bien cadrer le bilan du Maroc durant ces 30 ans, nous suggérons de relater la quintessence des avancées et des défis pour chacun des 4 domaines de droits que préconise cette convention internationale. Avant cette mise en lumière, précisons que ce qui ressort de l'analyse analytique pilotée par l'ONDE est que les avancées sont positives et très encourageantes, mais en même temps, les défis majeurs sont d'une ampleur qui peut être appréhendée comme préoccupants, et le chemin à parcourir semble long par rapport aux cibles tracées par la convention et par les objectifs de développement durable de l'agenda 2030. Le constat fondamental qui ressort, globalement, est que le Maroc a certainement progressé et réalisé des avancées tangibles dans le domaine des droits de l'enfant, notamment dans ce qui relève de six aspects. Le premier est la dimension institutionnelle, avec la création d'institutions publiques aux niveaux centralisé et décentralisé, assurant des attributions directement liées aux droits de l'enfant, dont en particulier, la création de l'ONDE, de l'Initiative Nationale pour le Développement Humain (INDH), du Conseil Economique, Social et Environnemental (CESE), du Conseil Supérieur de l'Education, de la Formation et de la Recherche Scientifique (CSEFRS) et du Ministère de la solidarité, du développement social, de l'égalité et de la famille (MSDSEF). S'en suit la dimension législative, consacrée par la normalisation du Maroc de son dispositif législatif, en harmonie avec les standards internationaux de la CIDE et par les nombreux protocoles qui en découlent. Nous citons les mises à niveau juridiques touchant la charte nationale d'éducation, le code de l'état civil, le code de la procédure pénale, la Kafala, le code du travail, le code de la famille, le code de la nationalité, etc. En troisième lieu, pour le système éducatif, nous signalons l'accès universel au cycle d'enseignement primaire et une nette amélioration de l'accès aux cycles d'enseignement préscolaire et secondaire. En chiffres, le taux net de préscolarisation (enfants âgés de 4-5 ans) est passé de 42 % en 1989-1990 à 57,8 % en 2018-2019, le taux net de scolarisation au primaire a atteint 99,7 % en 2018-2019 contre 68,6 % en 1997-1998, et le taux net de scolarisation en secondaire collégial a connu une amélioration notable, passant de 41,1 % en 1990-1991 à 63.8 % en 2018-2019. Le quatrième aspect concerne le système de santé, où nous notons la nette amélioration de la couverture sanitaire et une visible évolution positive des indicateurs relatifs à la santé maternelle et infantile. Les chiffres reflètent une nette baisse du taux de mortalité maternelle. En effet, pour 100 mille naissances vivantes, les décès des mères survenus pour des raisons liées à l'accouchement sont passés de 332 en 1992 à 72,6 en 2016. De même, la mortalité des enfants de moins de 5 ans (mortalité infanto-juvénile) s'est réduite de 104,1 pour 1000 en 1988 à 22,16 pour 1000 en 2018, la mortalité des enfants de moins d'un an (mortalité infantile) s'est réduite de 75,7 pour 1000 en 1998 à 18 pour 1000 en 2018, le taux de mortalité des enfants de moins d'un mois (mortalité néonatale) a connu une baisse passant de 43,2 pour 1000 en 1988 à 13,6 pour 1000 en 2018, et la mortalité des enfants d'âge entre 1 et 5 ans (mortalité juvénile) a connu également une nette baisse (30,7 pour 1000 en 1988 à 4,23 pour 1000 en 2018). Le cinquième et sixième aspect de cette avancée sont l'évolution positive des droits liés de la protection des enfants dont ceux liés aux droits au nom, à la nationalité et à la famille, et l'amorce d'une dynamique d'institutionnalisation du droit de participation des enfants, et la création du Parlement de l'enfant était déterminante dans ce domaine. Malgré l'importance de ces avancées, l'ampleur des défis non encore relevés a été confirmée. Nous citons les quatre défis majeurs qui semblent les plus prioritaires. Le premier est relatif à l'équité d'accès aux soins et aux services de santé, notamment pour la mère et l'enfant, avec au même temps les préoccupations d'amélioration de la qualité des prestations de la santé de la mère et de l'enfant. Le deuxième défi est de garantir une école de l'équité, de la qualité et de l'égalité des chances, ceci via la généralisation d'un préscolaire de qualité, l'accès au collège (transition primaire-secondaire en milieu rural), la qualité des apprentissages et l'inclusion des enfants à besoins spécifiques (en situation de handicap, enfants en situation de rue...). Le troisième est celui du placement des enfants en institution au Maroc. Ce défi couvre à la fois les préoccupations relatives à la protection familiale ou encore la nécessité de l'autonomisation et la capacitation des enfants pour la construction de projet de vie post-institutions, et le dernier est celui d'un faible mécanisme de participation au niveau des instances élues dans lesquelles les enfants sont invités à donner leur point de vue, et la faible participation dans les initiatives destinées aux enfants (au niveau scolaire, familial, au niveau des institutions, des associations travaillant avec les enfants). 2M.ma : Le Parlement de l'enfant fête également ses 20 ans d'existence. Considérez-vous que cette institution a rempli ses objectifs ? Mme Bazir : Parmi les grandes mesures prises en matière du droit de l'enfant à la participation, il y a lieu de signaler la création d'une instance novatrice dans la promotion du droit de l'enfant à la participation à savoir le parlement de l'enfant. Après 20 ans d'existence, le Parlement de l'Enfant représente aujourd'hui un modèle pour la région, au moment où d'autres institutions de ce genre ont été vouées à l'échec dans certains pays. Depuis sa création, plus de 4.000 enfants parlementaires ont pu exercer effectivement leur droit à la participation, l'un des droits et principes fondamentaux consacrés par la CIDE. Le Parlement de l'enfant leur a offert la possibilité d'exercer un véritable travail de terrain, en rencontrant les responsables gouvernementaux et les élus locaux pour exprimer leurs attentes et leurs avis sur toutes les questions les touchant. Ils y ont joué le rôle de porte-parole des enfants de leur territoire en contribuant à l'élaboration des politiques publiques, telle que la PPIPEM 2015-2025, à l'élaboration de textes juridiques intéressant l'enfance, notamment la loi sur le travail domestique. Ils ont été également sollicités par la Délégation interministérielle des droits de l'homme lors de la préparation du rapport national présenté au Conseil des droits de l'homme au titre du 3e cycle de l'examen périodique universel. Ce Parlement constitue une école de la citoyenneté, du pluralisme et de la démocratie. Il connaît également une redynamisation structurelle avec un renforcement de ses activités au niveau régional et territorial et l'amélioration de la représentativité. Enfin, une des mesures phares qui sera actée lors de ce congrès sera le renforcement de l'implication effective des enfants parlementaires dans les processus consultatifs des deux chambres du Parlement et dans les instances créées au niveau des conseils territoriaux (régionaux, provinciaux et communaux). D'ailleurs, le 21 novembre 2019, les membres du Parlement de l'enfant discuteront en exclusivité une proposition de loi de la commission nationale de protection des données personnelles pour donner leurs amendements et propositions avant sa soumission au parlement. Un exercice exemplaire de participation au processus législatif. 2M.ma : En marge du lancement de la campagne panafricaine « Pour des villes africaines sans enfants de rue » en novembre 2018, vous aviez lancé un projet pilote à Rabat dans ce sens. Commence-t-il à porter ses résultats ? Et quelle est la situation actuelle des enfants de rue au Maroc ? Mme Bazir : Au Maroc, les enfants en situation de rue, privés de leur enfance sont exposés à un risque accru de violence et d'exploitation. Ce phénomène n'est pas propre au Maroc, mais touche la majorité des pays du continent africain et même au niveau mondial, d'où le lancement de la campagne panafricaine « villes africaines sans enfants en situation de rue », en novembre 2018. Et c'est dans le cadre de cette campagne que l'initiative « Rabat, ville sans enfants en situation de rue » a vu le jour. L'idée est de faire de Rabat une ville pilote et pionnière en la dotant d'une stratégie et d'un plan d'action destinés à réduire, voire même à éradiquer le phénomène de l'enfant en situation de rue. Aujourd'hui, ce projet est fin prêt après une année de mobilisation des acteurs, de travail de terrain, d'expertise et de benchmarking. L'ONDE a établi, en partenariat avec tous els acteurs territoriaux un diagnostic pour Rabat d'une stratégie et d'un plan d'action triennal opérationnel, faisable et mesurable, élaboré de manière participative sur la base d'un diagnostic objectif, pour accompagner les acteurs en vue de faire de Rabat une ville protectrice de ses enfants. Ses éléments directeurs seront remis aux responsables territoriaux. Le bénéfice de cette initiative pilote de la ville de Rabat est la mise en expérimentation d'une "boite à outils", destinée à outiller et accompagner les acteurs gouvernementaux, locaux, et associatifs dans la mise en place d'un dispositif local de protection de ces enfants. Cette "boite à outils" est prête à être diffusée à d'autres villes marocaines et africaines. Plusieurs outils seront mis à disposition, à savoir des guides d'intervention et un programme composé d'actions urgentes pour outiller les responsables territoriaux. 2M.ma : Les enfants du monde rural bénéficient également d'un ensemble d'actions de l'ONDE. Quel tableau dressez-vous de leur situation ? Mme Bazir : Effectivement, l'ONDE accorde une attention particulière aux enfants du monde rural, et ce depuis sa création. Les déficits de ce milieu sont connus de tout le monde en comparaison avec le milieu urbain, et ce pour les différentes catégories de droits à l'éducation, la santé et la protection. Ces déficits nécessitent une priorisation, et un focus particulier et substantiel en termes d'adaptation des services publics et de réduction des inégalités socio-spatiales. La dernière action que nous avons organisée en matière de sensibilisation nous a permis de confirmer ces dysfonctionnements. L'analyse de la situation dans les zones rurales montre que malgré les avancées réalisées, quelques défis et obstacles persistent comme l'insuffisance des services de santé, de l'enseignement préscolaire, de l'enseignement secondaire (collégial et secondaire), sans omettre les préoccupations liées à la protection des enfants. Le focus doit être redirigé vers ces enfants afin de leur garantir leurs droits les plus fondamentaux pour qu'ainsi, aucun enfant ne soit plus laissé pour compte. D'ailleurs, ledit Pacte national a accordé une priorité accrue aux enfants du milieu rural, avec une priorisation consacrée au développement de la petite enfance, au renforcement de l'accès, et à l'amélioration et l'adaptation des services publics en éducation et en santé pour les enfants du milieu rural, un chantier phare mené sous l'égide de l'INDH. 2M.ma : Vous êtes également partie prenante dans le groupe permanent de recherche sur la petite enfance, créé en janvier 2019. Quels en sont les objectifs et les priorités ? Mme Bazir : On sait aujourd'hui que les trois premières années de la vie sont déterminantes non seulement pour le développement de l'enfant, mais aussi pour ses performances éducatives des années suivantes, ses capacités d'adaptation et d'intégration au marché du travail, et sa contribution au développement du capital humain du pays. Au Maroc, la situation de la petite enfance reçoit un intérêt grandissant de la part des pouvoirs publics et de la société. En effet les défis qui entourent les générations de demain sont multiples, y compris pour ce qui est en relation avec la survie, la santé, la nutrition et l'éducation. L'investissement dans le développement de la petite enfance devient une nécessité pour le développement, le bien-être social. Dans cette perspective, L'ONDE, soucieux de la problématique, avait scellé un partenariat avec l'ONDH et l'UNICEF en constituant un groupe de travail permanent de recherche et de production d'évidences sur le développement de la petite enfance, avec la participation des différents départements concernés et des chercheurs. Les objectifs de ce groupe consistent à contribuer au débat et à la réflexion sur les aspects liés au développement de la petite enfance (DPE) au Maroc, à l'appui à la production de données et d'évidences pour évaluer et éclairer la prise de décision, et au plaidoyer en faveur de l'amélioration de la situation de la petite enfance au Maroc. Plus récemment, un plan d'action est arrêté, et les thématiques d'analyse et de recherche sont en cours de définition pour bien délimiter le sujet. * Marrakech : Tenue de la 16e édition du Congrès national des droits de l'enfant, du 20 au 23 novembre 2019