Les bureaux de vote ont ouvert au Nigeria, après le report d'une semaine du scrutin pour cause de problèmes logistiques, pour accueillir quelque 72,8 millions d'électeurs qui choisiront leur président au cours d'un scrutin serré entre les deux favoris, le sortant Muhammadu Buhari et l'opposant Atiku Abubakar. Le président sortant Muhammadu Buhari a été un des premiers électeurs, en votant dans sa ville natale de Daura : "Jusqu'ici tout va bien (...) Bientôt je me féliciterai de ma victoire. Je serai le vainqueur", a assuré le président Buhari, rapportent des medias. Les quelque 120.000 bureaux de vote devaient ouvrir à partir de 08H00 (07H00 GMT) mais dans beaucoup d'endroits, notamment à Lagos ou Port Harcourt, le matériel électoral n'était pas prêt et les files d'attente s'allongeaient. Après cette éprouvante semaine qui a suivi le report du scrutin d'abord prévu le 16 février mais repoussé quelques heures avant le début du vote par la Commission électorale, les électeurs devront choisir parmi un nombre record de 73 candidats en lice pour prendre la tête de la première économie d'Afrique et premier exportateur de pétrole du continent. La République fédérale de Nigeria est un pays d'Afrique de l'ouest composé de 36 Etats et d'un territoire fédéral, celui d`Abuja. Le pays qui s'étend sur une superficie de 923.773 km2, est le plus peuplé du continent. Il compte environ 180 millions d'habitants et 250 groupes ethniques et linguistiques. Les trois grandes ethnies sont les Haoussas (nord), en majorité musulmans, les Ibos (sud-est), en majorité chrétiens, et les Yoroubas (sud-ouest). Sa capitale est Abuja alors que Lagos est la principale métropole économique du pays. Au Nigeria, l'Anglais est la langue officielle, aux côtés d'autres langues locales. Les musulmans et les chrétiens représentent chacun environ la moitié de la population, tandis qu'une minorité pratique les rites animistes. Ancienne colonie britannique (1900-1914), puis protectorat jusqu'à l'indépendance en 1960, le Nigeria a connu pas moins de six coups d'Etat militaires réussis depuis l'indépendance et plus de 28 ans de régime militaire. En 1993, une crise politique secoue le pays après l'annulation par l'administration du général Ibrahim Babangida de l'élection présidentielle, dont Moshood Abiola se proclame le vainqueur. Le général Sani Abacha prend le pouvoir et fait table rase des institutions démocratiques. Après le décès d'Abacha en 1998, le général Abdulsalami Abubakar, investi chef de l'Etat, lance un processus électoral pour remettre le pouvoir aux civils. Olusegun Obasanjo, ancien président de 1976 à 1979, remporte le scrutin présidentiel et prend ses fonctions en mai 1999, à l'issue des premières élections démocratiques depuis 16 ans dans le pays. Obasanjo est réélu lors des turbulentes élections de 2003. En 2007 des élections, une nouvelle fois agitées, amènent au pouvoir le successeur désigné d'Olusegun Obasanjo : Umaru Yar'Adua, qui décède le 5 mai 2010. Son vice-président Goodluck Jonathan lui succède alors. Suite à l'élection présidentielle de 2015, marquées par des tensions et surtout par la guerre contre Boko Haram au nord, Muhammadu Buhari est élu. C'est la première fois dans l'histoire contemporaine du Nigeria qu'une transition à la tête de l'Etat se fait de façon démocratique. Avec un PIB qui avoisine les 461 milliards de dollars en 2018, des ressources naturelles abondantes et un large potentiel agricole et minier, le Nigeria, figure parmi les 30 premières économies mondiales en terme de volume du PIB Après avoir enregistré une croissance de 5% entre 2010 et 2014, le pays le plus peuplé de l'Afrique, est toutefois entré en récession en 2016 (-1,6%) sous l'effet de la chute des cours du baril et du sabotage des infrastructures pétrolières dans le Delta du Niger. Sorti de la récession en 2017 (+0,8%) avec une croissance essentiellement tirée par la reprise de la production pétrolière, le Nigeria continue de faire face à des défis relatifs notamment à une alimentation énergétique inadéquate, une infrastructure de transport déficiente, un taux de chômage élevé (23,1%), un système judiciaire inefficace, un écart important entre le cours officiel du naira (monnaie locale) et celui du marché parallèle et un système bancaire fragilisé par la détérioration de la qualité de ses actifs.