Face à la stigmatisation des mères célibataires au Maroc, des voix se sont élevées contre vents et marées pour venir en aide à cette frange vulnérable de la société ainsi qu'à leurs enfants. Si nous connaissons presque tous Aïcha Ech-Chenna, Najat M'jid deux militantes actives surtout à Casablanca qui se sont faites connaitre au Maroc et au-delà des frontières, Mahjouba Edbouche est demeurée une militante qui œuvre dans l'ombre. Pourtant cette mère courage très active à Agadir a tant fait pour les mères célibataires. Présidente de l'Association Oum El Banine qu'elle a créée depuis 2001 avec le soutien de la Fondation suisse « Terre des hommes » et d'INSAF, elle s'est consacrée à la prise en charge des mères seules et des enfants en situation de détresse. Elle récidive et crée en 2012 à Dcheira « Ahdane », une autre association dédiée aux « mères avec ou sans contrats de mariage ». Pour nous parler de son long engagement et de la situation des mères célibataires dans la région du Souss, Mahjouba Edbouche a répondu à l'invitation de Hamid Barrada et venue répondre à ses questions avec beaucoup d'humilité. « Je ne suis pas une héroïne. Toutes les femmes sont héroïnes», commence-t-elle par préciser. Des statistiques qui ne reflètent pas la réalité Avant de nous parler de la situation à Agadir, Mahjouba Edbouche a commencé par faire allusion aux manques de statistiques relatives aux mères célibataires. Selon les statistiques réalisées en 2010 par l'Association INSAF, près de 24 bébés sont abandonnés à la naissance par jour ! Un chiffre qui ne reflète aucunement, selon Mahjouba Edbouche, l'ampleur réelle de la situation. Pour elle, les abandons sont bien plus importants et dépassent largement ce nombre. La naissance du phénomène à Agadir À Agadir, pour nous expliquer l'évolution du phénomène des mères célibataires, cette militante nous plonge dans les circonstances qui ont catalysé ce phénomène dans les années 80 durant lesquelles elle venait de rejoindre « Terre des Hommes », Mahjouba Edbouche raconte qu'à Agadir, les mères célibataires étaient pour la plupart des petites bonnes et des ouvrières saisonnières travaillant dans les conserveries. Elle rappelle qu'en cette période cette ville vivait au rythme du boom de son industrie agro-alimentaire surtout dans le secteur du conditionnement des sardines et des agrumes. Ces deux secteurs en manque de mains d'œuvre, attiraient les femmes des régions avoisinantes, notamment la ville de Tadla. Les conséquences désastreuses Selon Mahjouba Edbouche, après les 6 mois de travail saisonnier et puisque ces femmes devaient continuer à subvenir aux besoins de leurs familles, elles s'adonnaient à la prostitution. Et c'est ainsi que le nombre des mères célibataires a connu une croissance importante en atteignant plus de 1500 selon Mahjouba Edbouche. « 50 % des femmes abandonnaient leurs enfants », informe la militante. Pour écouter l'intégralité de son interview, regardons la Replay. Lire aussi: Confidences de presse avec Aïcha Ech-Chenna Lire également: Najat M'jid s'exprime sur l'affaire du père tortionnaire de Laâyoune