Les évènements de Razzia, le dernier long-métrage de Nabil Ayouch, prennent naissance dans les années 80 dans un petit village amazigh auprès d'un professeur brimé, et arrivent à maturité en 2015 en filmant la vie et les luttes de 4 personnages atypiques. En regardant « Razzia », le dernier long-métrage de Nabil Ayouch, on est tenté de penser que c'est un film qui se veut un porte-parole des minorités. Son réalisateur et coscénariste réfute cette idée en expliquant : « Je fais un cinéma de personnages car c'est l'être humain qui m'intéresse et qui drive les histoires que j'ai envie de raconter ». Il poursuit : « Dans ce film, je me suis intéressé à 5 personnages touchants que j'ai rencontrés et aimés et qui m'ont inspirés. Dans « Razzia », ces 5 personnages parlent d'eux et parlent aussi un peu de nous dans le Maroc d'hier et le Maroc d'aujourd'hui». La diversité spoliée Razzia, le dernier long-métrage de Nabil Ayouch, commence par nous plonger dans le début des années 80, une période durant laquelle le système éducatif a fait l'objet d'une réforme qui a sacrifié la diversité culturelle afin de se conformer à des exigences d'uniformisation. Une spoliation qui a semé les graines, selon Nabil Ayouch, d'une éventuelle « Razzia ». Par « Razzia », le cinéaste fait allusion à ces invasions de jadis durant lesquelles les envahisseurs arrivaient dans un territoire et prenaient tout sur leurs passage. Il s'intéresse aux conséquences de ces Razzias qui finissent par déclencher tôt ou tard des luttes pour rétablir les droits. Pour lui, dans ce Maroc des années 80, les dépossessions vécues par certains Marocains sur l'autel des réformes étaient des Razzias. Des dégâts sur la pensée critique « Avec l'arabisation, l'école est devenue une institution qui nous impose, l'arabe classique, qui est certes une très belle langue mais qui n'est pas la nôtre ». Car pour le cinéaste, notre vraie langue, c'est l'arabe marocain, les trois langues berbères, le Hassani la langue sahraouie …etc. Des langues qui constituent la pyramide et la diversité culturelles marocaines, que l'école des années 80 est venue uniformiser. « C'est une école qui retire les humanités du programme telles que la philosophie, la sociologie, avec les dégâts qu'on connait sur la pensée critique », autant de conditions possibles d'une Razzia pour Nabil Ayouch. Une autre Razzia en toile de fond « Il y a deux formes de Razzia auxquelles on assiste dans le film. La première c'est celle qui a déjà eu lieu sur les libertés individuelles, la justice sociale, l'éducation. La deuxième est en toile de fond. Elle monte dans le film et tend à la récupération des choses prises à cette jeunesse ». Pour écouter l'intégralité de l'interview de Nabil Ayouch,regardons la Replay.