Les dirigeants des pays de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) réunis, dimanche à Accra, ont décidé de fermer les frontières avec le Mali et de mettre le pays sous embargo, des mesures qualifiées de "très dures" sanctionnant le non-respect par les autorités maliennes de l'échéance de février pour des élections ramenant les civils au pouvoir. Les chefs d'Etat et de gouvernement de la CEDEAO, siégeant à huis clos dans la capitale ghanéenne, ont décidé de fermer les frontières avec le Mali au sein de l'espace sous-régional et de suspendre les échanges autres que de produits de première nécessité, souligne un communiqué lu à l'issue du sommet. Ils ont aussi décidé de couper les aides financières et de geler les avoirs du Mali à la Banque centrale des Etats de l'Afrique de l'Ouest (BCEAO). Ils vont rappeler les ambassadeurs des pays membres au Mali. Les dirigeants de la CEDAO ont entériné les mesures prises lors d'un sommet de l'Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) précédant immédiatement le leur, a dit un participant au sommet, parlant de mesures "très dures". Les pays de l'UEMOA sont tous membres de la CEDEAO. Les autorités maliennes disent aujourd'hui ne pas être capables d'organiser des élections présidentielle et législatives à la date prévue de fin février. Les autorités invoquent l'insécurité persistante dans le pays, en proie aux violences de toutes sortes, terroristes, communautaires, crapuleuses... Elles affirment la nécessité de réformes préalables pour que les élections ne souffrent pas de contestations à l'instar des précédentes. Récemment, les autorités maliennes ont demandé jusqu'à cinq ans de transition, un délai inacceptable pour la CEDEAO. Le président de la transition, le colonel Assimi Goïta, avait dépêché samedi à Accra deux ministres du gouvernement chargés de soumettre un calendrier révisé. La nouvelle offre a été présentée dans le souci de "maintenir le dialogue et une bonne coopération avec la CEDEAO", avait dit samedi à la télévision nationale l'un des deux émissaires, le ministre des Affaires étrangères et de la coopération internationale, Abdoulaye Diop, sans en préciser le contenu. A l'ouverture du sommet de l'UEMOA, le président en exercice de l'organisation, le chef de l'Etat burkinabè Roch Marc Christian Kaboré, avait exprimé "la répugnance à la mansuétude", disant sa "conviction que toutes les réformes politiques, économiques et sociales visant la refondation du Mali ne pourraient être conduites que par des autorités démocratiquement élues". La CEDEAO avait déjà suspendu le Mali de ses organes de décision et imposé un gel de leurs avoirs financiers et une interdiction de voyager à 150 personnalités de ce pays.
* CEDEAO: un sommet extraordinaire sur le Mali le 9 janvier à Accra