Alors que les températures entament leur baisse et que quelques semaines nous séparent de l'hiver, une nouvelle vague épidémique de Covid-19 sévit dans plusieurs contrées européennes. Son arrivée au Maroc est-elle une question de temps? La saison froide est-elle globalement propice à la résurgence des contaminations au virus? Dans ce sens, à quel point la vaccination, surtout par la troisième dose dite "booster", est-elle essentielle pour diminuer la sévérité de l'impact de cette éventuelle vague? ce faisant, faut-il desserrer l'étau sur l'application des mesures préventives individuelles? Autant de questions auxquelles nous répond Dr. Mouad Merabet, coordinateur du Centre national des opérations d'urgence de santé publique au ministère de la Santé. En effet, le risque de l'avènement d'une nouvelle vague épidémique au Maroc est concret. "Comme vous le savez, le Maroc est actuellement en période inter-vagues. L'Europe connaît une nouvelle vague, et cette dernière est entrain de s'étendre à plusieurs pays. La semaine dernière, l'Europe a enregistré près de 2 millions de cas, un nombre important qui de plus est en augmentation de près de 9% par rapport à la semaine d'avant", explique Dr. Merabet dans des propos accordés à 2M.ma. Ainsi, malgré un état des lieux actuel "très calme" au Maroc, une bonne préparation reste de la plus haute importance. "L'objectif maintenant est de préserver la situation actuelle et d'éviter au maximum l'avènement d'une nouvelle vague, quoique c'est une mission difficile, ou de faire en sorte qu'elle ne soit pas aussi sévère que la vague "Delta", par exemple", espère Dr. Merabet. La saison hivernale, quel impact sur la situation épidémiologique ? Ces questions coïncident avec la manifestation des conditions environnementales qui caractérise la saison froide. "L'hiver est une saison propice aux infections respiratoires de manière générale, la Covid-19 en est une. Cependant, cette dernière a une saisonnalité un peu particulière au Maroc : elle est principalement estivale", nous informe Dr. Merabet. Il explique que c'est durant l'été que le plus grand nombre de cas de contamination a été enregistré "que ce soit en 2020 ou en 2021", car "la mobilité de la population marocaine est très importante et les rassemblements plus fréquents dans la période estivale". Il n'en est pas moins que le nouveau coronavirus peut circuler tout aussi rapidement en saison froide, les conditions météorologiques pendant l'automne et l'hiver favorisant la survie des virus respiratoires dans l'environnement et la rapidité de leur transmission par voix aérienne. Aussi, la saison froide augmente la susceptibilité de l'hôte à ce genre de pathogènes, puisque "l'immunité diminue et les muqueuses respiratoires se fragilisent, ce qui prédispose à des infections respiratoires qui peuvent se révéler graves", poursuit le docteur. Un troisième élément pèse dans la balance, cette fois d'ordre comportemental. "Les gens ont tendance à exercer leurs activités sociales dans un environnement clos durant l'automne et l'hiver. L'interaction sociale dans des espaces fermés favorise la transmission de ce genre de virus", avertit Dr. Merabet. Face à ces éléments qui peuvent augurer une résurgence des contaminations à la Covid-19, l'expert appelle à la vigilance. "Même si nous n'avons heureusement pas enregistré de vague durant la précédente période froide grâce aux mesures préventives mises en place, ces dernières ne sont plus aussi strictes grâce à la progression rapide de la vaccination, et le risque d'une nouvelle vague est là. L'éviter étant difficile, il nous faut retarder son avènement au maximum et faire en sorte de limiter sa sévérité et la rapidité des contaminations", souligne-il. Pour ce faire, une bonne préparation passe impérativement par la combinaison de trois éléments : la vaccination, le respect des mesures préventives individuelles (gestes barrières, port du masque, hygiène, etc.) et le respect du protocole thérapeutique, estime Dr. Merabet. Vaccination, mesures préventives et protocole thérapeutique, le trio gagnant A ce sujet, le responsable préfère en venir directement aux faits. Les mesures préventives individuelles doivent aller de pair avec l'acte de vaccination. "Ces deux donnes sont au même rang d'importance et l'une reste insuffisante sans l'autre. L'exemple type pour illustrer la nécessité de les combiner est ce qui se passe actuellement en Europe. Certains pays du Vieux Continent ont atteint des taux élevés de vaccination, mais l'on remarque que leurs citoyens ont renoncé aux mesures barrières et préventives individuelles, d'où la hausse constatée au niveau des contaminations, de cas graves et de décès", explique Dr. Merabet. Cette parenthèse fermée, le médecin revient sur l'impact scientifiquement prouvé de la vaccination dans la protection contre les formes graves et critiques de la maladie, réduisant ainsi les probabilités de décès. "Plusieurs études montrent même que la vaccination diminue le risque de contamination au virus ou d'en ressentir les symptômes une fois malade. Ainsi, plus le taux de la population vaccinée est élevé, moins on risque d'expérimenter une vague « méchante », et vice-versa", poursuit-il. Au volet de la 3e dose, "il a été établi à travers des études épidémiologiques et immunologiques que l'immunité post-vaccinale est réduite après une période « X ». C'est pour cela qu'il faut rappeler cette immunité, la réveiller, la réactiver à travers « un boost ». Sa généralisation ne peut que réduire les conséquences d'une éventuelle vague en termes de morbidité et de létalité". Pour ce qui est de son appel au respect du protocole thérapeutique national, Dr. Merabet souligne que certaines personnes, conscientes d'être porteuses de la maladie, ne s'empêchent pas pour autant de se mêler aux autres. "Une personne pareille est considérée comme un « super contaminateur », car consciente de son infection mais ne s'abstenant pas de cotôyer, sans protection, d'autres personnes dans les cafés, restaurants et autres espaces publiques. Il faut prendre conscience du risque que cela présente pour la santé publique et de respecter scrupuleusement les exigences du protocole thérapeutique le temps de guérir complètement de la maladie". * Covid-19 : L'inter-vague est la meilleure période pour accélérer le processus de la vaccination (Mouad Merabet) * Maroc/Covid-19 : Renforcement du dispositif de contrôle pour l'accès au territoire national