Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a déploré lundi que la pandémie soit utilisée par certains pays pour réprimer les "voix dissonantes" et faire taire les médias. "Brandissant la pandémie comme prétexte, les autorités de certains pays ont pris des mesures de sécurité sévères et adopté des mesures d'urgence pour réprimer les voix dissonantes, abolir les libertés les plus fondamentales, faire taire les médias indépendants et entraver le travail des organisations non gouvernementales", a déploré le chef de l'ONU, devant le Conseil des droits de l'homme dans un message vidéo pré-enregistré. "Les restrictions liées à la pandémie servent d'excuse pour miner les processus électoraux, affaiblir les voix des opposants et réprimer les critiques", a-t-il ajouté. Ainsi, a-t-il ajouté, "des défenseurs des droits humains, des journalistes, des avocats, des militants, et même des professionnels de la santé, ont fait l'objet d'arrestations, de poursuites et de mesures d'intimidation et de surveillance pour avoir critiqué les mesures - ou le manque de mesures - prises pour faire face à la pandémie". En outre, "l'accès à des informations vitales a parfois été entravé, tandis que la désinformation mortelle a été amplifiée, y compris par quelques dirigeants", a-t-il poursuivi, sans dire lesquels. Dans son discours annuel devant le CDH, le chef de l'ONU a consacré une large part à la pandémie de Covid-19, en soulignant qu'elle avait notamment "aggravé les vulnérabilités" et bouleversé la vie de centaines de millions de familles qui ont perdu un emploi ou vu leurs revenus s'effondrer. "La pandémie a affecté de manière disproportionnée les femmes, les minorités, les personnes âgées, les personnes en situation de handicap, les réfugiés, les migrants et les peuples autochtones" et "l'extrême pauvreté gagne du terrain", a-t-il déploré. "Des années de progrès en matière d'égalité des genres ont été réduites à néant", a-t-il dit. Le chef de l'ONU a par ailleurs dénoncé "le nationalisme vaccinal": "à eux seuls, dix pays se sont partagés plus de trois-quarts des doses de vaccin contre le Covid-19 administrées à ce jour". "L'incapacité d'assurer un accès équitable aux vaccins représente une nouvelle faillite morale nous renvoie en arrière", a-t-il jugé. Dans son intervention, Guterres a par ailleurs appelé à "intensifier la lutte contre la résurgence du néonazisme, de la suprématie blanche et du terrorisme à motivation raciale et ethnique" et à mettre en place une action concertée à l'échelle mondiale pour mettre fin à cette "menace sérieuse et croissante". Plus qu'une menace terroriste intérieure, ils sont en train de "devenir une menace transnationale", a-t-il considéré.