Le gouverneur de Bank Al-Maghrib, Abdellatif Jouahri, a présenté hier au Souverain le rapport de linstitut démission relatif à lexercice 2004. En résumé, les performances économiques et financières réalisées sont globalement positives et ont consolidé les fondements de la stabilité macroéconomique. Le gouverneur a passé en revue succinctement les principaux développements économiques, monétaires et financiers qui ont caractérisé cet exercice, tels que retracés dans le rapport. Il ressort de ce rapport que lenvironnement international sest caractérisé en 2004 par la dépréciation du Dollar par rapport à lEuro et le redressement des marchés boursiers, ainsi que par le renchérissement du pétrole. Dans ces conditions, la croissance sest globalement accélérée, bien quelle soit restée relativement modérée en Europe, principal partenaire du Maroc. Cette évolution sest accompagnée dun nouvel essor du commerce mondial et dune inflation modérée, la situation de lemploi ayant cessé de se dégrader. Au niveau national, la croissance sest poursuivie à un rythme soutenu, stimulée comme en 2003, par la demande intérieure tant de consommation que dinvestissement. Le produit intérieur brut a en effet marqué un accroissement de 4,2%, recouvrant une progression de 1,9% de la valeur ajoutée des activités primaires et, surtout, une expansion de 4,7% de celle des autres secteurs. Dans le même temps, le taux de chômage a baissé, sétablissant à 10,8% à léchelle nationale. Linflation est demeurée contenue, avec un taux de 1,5%. Les comptes extérieurs, pour leur part, ont continué de se consolider grâce à la poursuite de lévolution favorable des recettes touristiques et des transferts des Marocains résidant à létranger, ainsi que du flux des investissements étrangers, notamment au titre des privatisations. Pour ce qui est des finances publiques, les recettes ont marqué une hausse qui a concerné le produit des différentes catégories dimpôts, y compris cette année les droits de douane. En regard, les dépenses alourdies par les charges exceptionnelles ont enregistré une augmentation liée davantage à laccroissement des charges de fonctionnement et de compensation et, dans une moindre mesure, de celles déquipement, le service en intérêt de la dette étant resté quasiment inchangé. Dans ces conditions, le déficit budgétaire a atteint 3,2% du PIB, en léger dépassement par rapport à lobjectif de 3% programmé par la loi de finances. Dégradation de la balance commerciale Au niveau des transactions avec létranger, la tendance à la dégradation de la balance commerciale sest accentuée en 2004, en relation avec la persistance de facteurs défavorables tels que le renchérissement du pétrole, la diminution de loffre des produits de la mer et lintensification de la concurrence étrangère sur certains produits. Malgré son ampleur, le déficit commercial a été plus que couvert grâce à la poursuite de lévolution favorable des recettes touristiques et des transferts effectués par les Marocains résidant à létranger. Aussi, le compte courant a-t-il dégagé un nouvel excédent de 2,2% du PIB. Compte tenu des privatisations et des paiements nets au titre de la dette extérieure, lensemble des opérations avec létranger sest soldé par des entrées nettes de devises de lordre de 17 milliards de DH, portant ainsi les réserves de change à 144,8 milliards de DH, soit léquivalent de 10 mois dimportations de biens et services. Le flux de devises a été, dans une large mesure, à lorigine du dépassement de la valeur de référence de progression des agrégats de monnaie, ainsi que de la persistance des excédents de liquidités. Bank Al-Maghrib, dans ce contexte de surliquidité, a procédé à un affinement du cadre opérationnel de la politique monétaire, à travers notamment linstitution de la facilité de dépôt à 24 heures et des opérations de reprises de liquidités hebdomadaires sur appels doffres. A la faveur de la modération de la hausse des prix et de la demande de crédit, Bank Al-Maghrib, tout en maintenant inchangé son taux directeur, a favorisé la poursuite de la détente des taux dintérêt. En effet, elle a régulé le marché monétaire principalement par le biais de la facilité de dépôt à 24 heures, léquilibre sétablissant à un niveau proche du taux dintérêt appliqué à cette facilité qui constitue la limite inférieure de la bande. En conséquence, le taux interbancaire a fléchi de 83 points de base, pour sétablir, en moyenne, à 2,39%, consolidant ainsi le mouvement baissier du niveau général des taux dintérêt. Pour ce qui est des agrégats de monnaie, ils ont connu une progression atteignant 7,7% pour M3 et 9,7% pour M1, soit un rythme supérieur à la norme de 6,5% à 7,5% fixée au début de lannée 2004. Ce dépassement traduit la poursuite de la transformation des portefeuilles, du fait des arbitrages qui ont continué de seffectuer dans un contexte dabondance des liquidités et de baisse des taux dintérêt, notamment en faveur des comptes à vue, et ce au détriment des placements à terme. Il a, surtout, résulté du renforcement plus important que prévu des avoirs extérieurs nets. Compte tenu du comportement des principales monnaies comprises dans le panier de cotation, le taux de change du Dirham a enregistré, en moyenne annuelle, une dépréciation de 1,9% par rapport à lEuro et une appréciation de 8% à légard du Dollar. Pour sa part, le taux de change effectif du Dirham est resté stable en nominal et sest légèrement déprécié en termes réels. Performances économiques positives Les performances économiques et financières réalisées en 2004, globalement positives, ont consolidé les fondements de la stabilité macroéconomique. Elles restent cependant insuffisantes eu égard aux enjeux et défis internes et externes auxquels le Maroc sera confronté à moyen terme. La croissance économique reste, en effet, insuffisante face aux attentes en matière de lutte contre le chômage, la pauvreté et lexclusion. À cet égard, lInitiative nationale pour le développement humain lancée par Sa Majesté le Roi, lors du discours du 18 mai 2005, a souligné limportance des défis liés aux déficits sociaux. Laccélération de la croissance nécessite la création dun environnement favorable à linvestissement, tant national quétranger, et une plus grande célérité dans la réalisation des réformes requises, tout en veillant à leur cohérence densemble et à leur mise en uvre de manière ordonnée. Cest à ces conditions que la compétitivité de léconomie pourra être améliorée, la relance des exportations favorisée et que le Maroc pourra se transformer en une plate-forme attractive pour les investissements et tirer ainsi parti de son intégration dans léconomie mondiale. Afin daugmenter la productivité, il convient déliminer les rigidités structurelles, liées notamment aux insuffisances en matière de gouvernance et de concurrence et de favoriser la réallocation des ressources vers les branches qui possèdent un potentiel de développement et offrent des avantages comparatifs. Il importe également de rattraper au plus vite le retard pris dans le processus de mise à niveau des entreprises. Inscrivant son action dans un contexte douverture de plus en plus marquée de léconomie sur lextérieur, Bank Al-Maghrib a engagé les réformes lui permettant dassumer pleinement les missions découlant de ses nouveaux statuts et du projet de loi bancaire. Ces actions visent notamment à adapter le cadre de la politique monétaire et à conférer au secteur bancaire ainsi quaux systèmes de paiement lefficience requise.