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Philippe Lorin, le publicitaire reconverti
Publié dans Finances news le 31 - 08 - 2010

Publicitaire, écrivain, amoureux du Jazz et du théâtre, Phillipe Lorin laisse tout derrière lui pour venir s’installer au Maroc en 1993. Il choisit Tanger, ville qui l’avait marqué lors d’un voyage. Mais ne sachant tenir en place, il va rapidement s’impliquer dans la vie sociale et culturelle de la cité en créant le Tanjazz, rendez-vous incontournable sur la scène artistique d’ici et d’ailleurs, et qui est aujourd’hui à sa 11ème édition.
Philippe Lorin est né dans une période douloureuse de l’histoire puisqu’il voit le jour en 1941 à Antibes, en France. En effet, ses parents s’étaient réfugiés en Zone Libre et Philippe naîtra dans la maison de sa grand-mère, puisqu’il était trop risqué d’aller à l’hôpital. Sa mère ayant disparu quand Philippe avait 2 ans, il restera enfant unique.
Il n’a pas de souvenirs précis de cette période si ce n’est qu’à l’âge de trois ans il se rappelle vivre dans une maison aux rideaux tirés et où il ne fallait pas faire de bruit.
Enfance dans un cocon de bourgeois, vie confortable, Philippe est très bon élève à l’école, mais quelque peu agité, trop vivant et très curieux pour un enfant de son âge. Il a toujours de bonnes notes et quand il lui arrive d’en avoir une mauvaise, c’est surtout en raison de sa conduite.
Il grandit dans la France des années 50. Ces années particulières le marquent. «C’était à la fois dur mais à la fois fabuleux. J’ai commencé à mettre le nez dehors et je traversais Paris à vélo pour voir mes amis. On jouait dehors en toute insouciance, chose qui est impensable aujourd’hui. Nous sommes peut-être des survivants, mais c’était comme ça. Il y a avait à la fois beaucoup de rigidité à l’école et, d’un autre côté, beaucoup de liberté de s’amuser».
A 15 ans déjà, Philippe fréquente les boites de Jazz où se produisent des artistes, notamment noirs, ayant fui la ségrégation en Amérique à l’époque, comme Kenny Clarke et Miles Davis. Et c’est ainsi que naîtra chez lui cette passion pour le Jazz qui était en pleine effervescence. Décalé comme toujours, Philippe consacre ses dimanches au théâtre du Trocadéro, ce qui lui donna envie de devenir comédien. «Mais mon père n’a pas voulu !». Il suivra tout de même des cours et jouera dans le théâtre amateur pendant trois ans. Il animait également un ciné club. A 16 ans, Philippe Lorin a une vie associative et culturelle intense.
Il est encore précoce dans l’obtention de son Bac, ou plutôt ses deux Bacs A : Latin/Grec et philosophie. Il poursuit ses études en préparation pour l’Ecole normale supérieure et alors qu’il est reçu, il y renonce.
Entre temps, à 20 ans, il accueille son premier enfant. Cela n’empêche qu’il est mobilisé pour le service militaire. Il passera ainsi 25 mois dans l’armée, dont 16 en Algérie dans des conditions difficiles. Et pour cause, il avait pris position pour l’Algérie alors qu’il servait sous le drapeau tricolore. «J’en ai eu des sanctions !».
Deux ans qu’il passe loin de son univers meublé de musique, de culture et de littérature. Comme il voit le verre à moitié plein, il estime que cette expérience a tout de même un côté positif.
«Deux éléments m’ont permis dans la vie de côtoyer des gens d’origines sociales différentes, chose qui n’existe plus aujourd’hui. D’abord, en faisant de la musique, de la batterie de jazz, où l’on ne vous demande pas : vous êtes le fils de qui ? Et à l’armée qui rassemblait les Français d’origine africaine, les Bretons... Pour moi, fils de bourgeois que j’étais, c’était une vraie expérience ». Il faut noter que Philippe connaît déjà le brassage culturel puisque lui-même est issu d’un couple mixte. « J’ai des liens très forts avec la Turquie puisque ma mère est née à Salonique, ma grand-mère maternelle est d’Izmir, tandis que mon grand- père maternel est né à Istanbul».
Une fois son service terminé, Philippe doit se mettre au travail pour subvenir aux besoins de son enfant. Comme il aimait écrire, il envisageait de devenir journaliste. Mais ce métier ne nourrissant pas son homme, on finit par le convaincre de choisir autre chose.
Il se trouvait que le grand-père de Philippe était ami avec Marcel Bleustein -Blanchet, le fondateur de Publicis en France. Le jeune homme qu’est Philippe décide alors d’envoyer une lettre à Blanchet. Ce dernier le reçoit et lui demande s’il veut travailler dans la création ou dans le commercial. « Comme j’aimais écrire, j’ai choisi la création. Alors, il m’emmène au service Radio où il m’informe que c’était désormais à moi de jouer». Philippe commence en tant que rédacteur dans un domaine qui le captivera pendant trente ans.
Il va d’ailleurs créer sa propre agence qui va fidéliser d’importants clients.
Voyageant un peu partout dans le monde, Philippe Lorin vient souvent au Maroc et à Marrakech. « Mais c’était dans les années 70 et 80 ». Cela dit, la ville qui l’avait marqué était Tanger dans laquelle il effectuera un séjour en 64.
« Nous avions une résidence secondaire en Floride, mais nous avions voulu, ma femme, mes enfants et moi, trouver quelque chose de plus proche et j’ai pensé au Maroc, à Tanger».
Il viendra avec sa femme en février 87 dans la ville du Détroit chercher une maison, mais la réalité ne colle pas avec le mythe ou à l’idée qu’il s’était faite de la ville puisqu’ils étaient descendus dans un grand hôtel en plein centre ville.
Déçus, ils repartent donc pour Paris, mais Philippe n’est pas convaincu. Il pense être passé à côté de quelque chose et décide de revenir quelque mois plus tard à Tanger, mais loue cette fois une charmante petite maison chez une bonne dame qui leur prépare des mets locaux. « Et c’est là que la vie commence telle que nous l’avions imaginée ». Il cherche donc une maison pour y venir durant les vacances, mais également les week-ends avec sa femme et ses deux enfants.
Sa perle rare trouvée, c’est toute la petite famille qui vient régulièrement à Tanger. «Je travaillais encore à l’époque, mais en 1993, j’ai eu une opportunité de vendre mon affaire. N’étant pas un accumulateur de richesse, on avait assez pour lever le pied. Déjà en 92, je prenais une semaine de vacance par mois». Sa femme est d’accord pour venir s’installer définitivement à Tanger. Mais l’aventure se heurte à un événement tragique puisque la femme de Philippe meurt dans un accident à Tanger le 30 janvier 93. Il n’avait pas encore vendu son agence et hésitait à réaliser son projet de retraite dans la ville du Détroit.
«J’ai finalement décidé de vendre mon affaire et de mener à bout notre programme». Il débarque donc en 93 à Tanger, une ville déglinguée à l’époque, mais qui avait du charme. Philippe ne reste pas les bras croisés. Il commence par créer la Fondation Lorin qui installe le musée de Tanger International, organise des expositions de photos et monte avec un professeur des Beaux Arts un atelier d'arts plastiques pour les enfants des quartiers défavorisés. Philippe formera par la suite une troupe de théâtre amateur : La Comédie de Tanger.
Et en 1999, il estime que la ville mérite un évènement culturel et décide de créer le Tanjazz. Cette idée lui vaut d’être taxé de fou. Mais s’il y a une chose qu’il ne faut jamais dire à Philippe, c’est bien «Impossible» et «vous n’y arriverez pas». Il retrousse ses manches sans se soucier des sarcasmes. Et 11 ans plus tard, le festival est parvenu à s’inscrire dans le calendrier des événements très attendus au Maroc. C’est l’un des rendez-vous où il faut être présent. Et plusieurs démonstrations sont gratuites au grand plaisir des amateurs de Jazz.
La vie lui réserve une bonne surprise, puisqu’il rencontrera Isabelle, sa femme actuelle, qui l’épaule dans les actions qu’il mène. Rien que pour la restauration, il faut présenter 3.500 repas aux participants au festival, rechercher des sponsors, négocier les cachets des artistes, faire les courriers… Il créera également Tanja Latina. Philippe peut également compter sur Nacer Amiar, architecte tangérois qui s’est également impliqué dans cet événement.
Grand timide, abrité derrière une carapace pour se protéger, Philippe Lorin regrette de ne pas être devenu comédien. Mais cette chance qu’il n’a pas eue, il essaye de la créer pour les autres puisqu’il continue de soutenir le théâtre amateur et lit quelque 120 pièces par an. Il a également consacré deux ans de sa vie à la recherche pour publier un livre singulier et anecdotique sur l’histoire de la publicité.
Généreux et fidèle en amitié, Philippe continue son bonhomme de chemin, n’hésitant jamais à s’impliquer et à donner de sa personne.


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