* Une course de solidarité au profit de lAssociation marocaine de soutien et daide aux handicapés mentaux a eu lieu dernièrement à Rabat, à linitiative de groupes scolaires de la capitale. * Cette manifestation annuelle voit la participation notamment des enfants des écoles de Rabat, des enfants trisomiques dont lAssociation a la charge et de plusieurs vedettes du monde des sports, de la culture et des arts. * Lun des objectifs de lAssociation est lorientation, la prise en charge et la rééducation des personnes atteintes de la trisomie 21. * Najib Amor, président de lAMSHAM, revient sur cet événement annuel. - Finances News Hebdo : Dans quel cadre sinscrit cet événement « Je cours pour lAMSHAM » ? - Najib Amor : Le point de départ de cet événement est linitiative dune école proche de lAssociation qui a décidé dorganiser avec nous un événement annuel qui consiste à faire rencontrer des gens normaux avec les trisomiques dont nous nous occupons. Cest une rencontre qui a un but dabord de solidarité et, en même temps, cest une reconnaissance dun problème qui existe et quil faut prendre en charge. De même, cette rencontre a permis la rencontre des enfants des écoles avec les enfants trisomiques. Cela constitue pour eux un réel enrichissement et cela leur donne aussi une dimension humaine supplémentaire. Cest le but de cet événement qui sinscrit dans une série dactions que mène notre Association. Parce quil y a un travail mené sur le terrain, la prise en charge des enfants trisomiques en bas âge, de leur naissance jusquà leur insertion professionnelle ; cest un itinéraire que nous proposons et durant lequel nous accompagnons les familles avec leurs enfants dans leurs projets. Notre but est lintégration sociale de ces enfants, en leur octroyant autonomie et formation professionnelle. Et à travers ce travail avec lenfant, nous essayons de permettre à la famille de se reconstruire. Car larrivée dun enfant trisomique dans une famille est un réel choc. - F. N. H. : LAssociation va se doter bientôt dun nouveau centre daccueil et de prise en charge des enfants. Avez-vous rencontré des difficultés de financement à ce sujet et aussi pour dautres projets ? La société marocaine est-elle assez engagée dans la vie associative ? - N. A. : LAssociation existe depuis 25 ans, ce qui revient à dire que pendant tout ce temps nous avons trouvé des fonds. Malgré cela, nous sommes toujours dans une situation de précarité. Cest-à-dire que pour linstant, malgré les projets en cours par lintermédiaire de notre président dhonneur, SAR le prince Moulay Rachid et bien que nous ayons des financements sur six mois à un an, nous peinons à trouver un financement pérenne. Notre objectif est darriver à avoir un type de financement qui nous permette dassurer la pérennité de notre action, et cela nest pas un problème spécifique à lAMSHAM mais à toutes les autres associations. Notons, à juste tire, que lEtat nous aide beaucoup de même que lINDH, par exemple, qui est intervenue à hauteur de 90 % dans la réalisation du nouveau centre. Nous avons également des sociétés citoyennes et des sponsors qui nous permettent de fonctionner et de mener à bien nos actions. Mais tout cela reste précaire. - F. N. H. : En plus du problème du financement, quasiment toutes les associations se plaignent de ne pas avoir les capacités nécessaires pour répondre aux demandes des citoyens. Est-ce que cest le cas aussi avec lAMSHAM ? - N. A. : Excusez-moi cette expression, mais on est surbooké de manière permanente. Et cest dramatique de ne pas pouvoir répondre aux demandes des gens. Nous avons actuellement quelque 300 enfants qui sont pris en charge. Certes, nous essayons de répondre au maximum de personnes et de trouver des solutions ne serait-ce que partielles à des gens que nous ne pouvons pas prendre de manière permanente ; mais cest difficile daller au-delà de ses capacités. Et même si on ne peut pas accueillir tout le monde, il nous arrive de dispenser des formations aux parents pour quils puissent soccuper de leurs enfants. - F. N. H. : Justement, quelles sont les ressources humaines dont dispose lAssociation pour mener à bien ses actions ? - N. A. : Dans le centre daccueil de lAssociation, nous avons des psychologues qui vont accompagner les parents denfants trisomiques dans la première phase qui est une phase très difficile, puisquil il faut reconstruire le foyer. Ces psychologues accompagnent également les enfants. Après la phase où les parents apprennent le diagnostic, il faut les amener à lacceptation du handicap, il faut passer à des choses concrètes. Ces enfants manquent généralement de tonicité, donc il faut leur faire des séances de rééducation et de psychomotricité. Quelques fois, ils ont aussi un problème de langage doù la nécessité dune prise en charge orthophonique. Ils peuvent également souffrir de problèmes digestifs, on doit alors faire appel à la médecine générale. Parallèlement à cela, lAssociation mène des actions dans lobjectif dassurer à ces trisomiques une intégration sociale. Cela commence dabord par une intégration scolaire. Cest pourquoi nous les plaçons dans des écoles mais non sans aller voir les instituteurs et discuter avec eux sur la manière de faire. Nous nallons pas chercher ces valeurs véhiculées par la société de consommation, cest-à-dire la performance, ni à en faire des pilotes de ligne. Mais petit à petit, nous faisons deux des personnes humaines et autonomes. Ces enfants sont adorés par leurs parents et ils sont acceptés tels quils sont. - F. N. H. : Comment se fait la réinsertion professionnelle des enfants trisomiques ? Est-ce que les entreprises marocaines sont enclines à les accueillir ? - N. A. : Je pense quil faudrait légiférer dans ce domaine. Cest-à-dire établir des quotas demplois à accorder à des personnes en situation de handicap, ce qui favoriserait une meilleure insertion professionnelle de ces enfants puisque ces derniers arrivent à accomplir un certain nombre de tâches. Au sein de notre Association, nous avons construit un atelier-cuisine pour former les enfants trisomiques parce que nous avons constaté quen Europe, par exemple, on arrive à former ces jeunes pour faire de la restauration avec encadrement. Cest une initiation qui me paraît louable. Pour revenir à votre question, nous constatons que certaines personnes apportent spontanément leur aide. À ce titre, nous avons eu dans certains quartiers, des menuisiers qui ont pris des trisomiques pour les aider. Il reste beaucoup de choses à faire dans ce domaine. Ce nest que le début !