* Après la CIMR, cest au tour de la Caisse Marocaine de Retraite de revoir sa politique de placements afin dassurer sa viabilité. * La CNSS et le RCAR restent significativement handicapés par lorientation de leurs placements vers les titres de créances sur lEtat. Changements démographiques importants, fragilité des équilibres financiers Le système de la retraite au Maroc est entré dans une phase critique où les efforts des opérateurs devront redoubler afin dassurer sa pérennité. Et la pérennité des Caisses de retraite passe inéluctablement par une réforme de leur politique de placements. Dailleurs, une étude est en cours de finalisation et devrait permettre de se prononcer sur les réformes à adopter en ayant une meilleure visibilité sur les perspectives et la viabilité des régimes. Mais en attendant, certaines Caisses de retraite semblent avoir déjà pris conscience de la chose et ont adopté de nouvelles mesures. «L'optimisation de l'allocation stratégique des actifs financiers, adossés au passif de chaque régime, est de plus en plus plébiscitée par les Caisses de retraite», note un opérateur. Cest notamment le cas de la Caisse Marocaine de Retraite, considérée comme le régime le plus important en termes de nombre de bénéficiaires et de prestations. Son Conseil dAdministration, réuni en septembre dernier, a décidé dune nouvelle politique de placements. Désormais, la CMR placera 60% seulement de ses réserves dans des bons du Trésor et autres valeurs de lEtat, alors quauparavant elle plaçait plus de 80% sur cette catégorie dactifs. Cette décision a été prise alors que le marché connaît des rebondissements majeurs. Dun côté, les rendements obligataires sont de plus en plus faibles et, de lautre, lEtat sabstient démettre des bons du Trésor à long terme. Dans ce contexte, et vu que dautres compartiments du marché financier offrent de meilleurs rendements, il est évident pour les Caisses de retraite de remodeler leur politique dinvestissement. Désormais, la CMR orientera 40% de ses avoirs vers des placements en Private Equity, valeurs non cotées, obligations privées (avec un plafonnement de 10%) et en actions cotées avec un plafonnement de 20% du portefeuille. Il faut dire que cette décision réjouit aussi les opérateurs de la place casablancaise, car ces 20% des actifs placés en actions cotées, cest un nouvel institutionnel de taille, avec 60 Mds de DH environ de réserves, qui vient répondre à la volonté des opérateurs de mobiliser lépargne longue dans le marché des capitaux. Par ailleurs, il est à noter que la CMR ne négligera pas le secteur immobilier puisque son Conseil dAdministration a aussi autorisé la Caisse à se renforcer dans limmobilier de manière directe ou à travers des prises de participations dans les fonds dinvestissement à vocation immobilière et touristique. Les autres régimes de retraite ont une approche complètement différente de celle de la CMR. A commencer par la CNSS qui est régie par un dahir lui imposant de reverser les fonds collectés à la Caisse de Dépôt et de Gestion. Cette dernière se charge des placements de la CNSS, mais reste cependant orientée vers les placements en bons du Trésor dune maturité allant de 10 à 15 ans. Cependant, le problème est que le Trésor ne lève que très rarement des fonds sur ces deux maturités et, quand il le fait, il se voit confronté à une demande importante que, souvent, il narrive pas à assouvir», explique un opérateur du marché obligataire. Du coup, cest un grand manque à gagner que doivent subir les placements de la CNSS. Cest dans ce sens que les professionnels réclament une réflexion de fond sur la CNSS, ses rapports avec la CDG et avec l'ensemble du système financier afin dassurer sa viabilité. Il est à signaler que la CDG a aussi recours à des placements en actions et en OPCVM pour le compte de la CNSS, quoi quils soient de moindre ampleur. Le cas de la CNSS est similaire à celui du RCAR. Le régime a lui aussi lobligation de transmettre ses fonds à la CDG qui se charge de la politique de placement régie par un décret qui établit une liste d'actifs, mais sans règle définie. Cependant, que ce soit pour la CNSS ou le RCAR, il y a des comités mixtes qui comprennent des responsables des Caisses et de la CDG pour le suivi de lexécution des politiques de placement et des systèmes de gestion actif-passif qui ont été mis en place en 2008 pour une meilleure allocation stratégique des actifs. Ce quil faut donc savoir cest que 80% du volume des fonds collectés par le RCAR sont placés dans les bons du Trésor et les OPCVM investis en obligations, instruments dont le rendement sest fortement effrité durant ces dernières années. La part allouée aux actions et aux OPCVM actions et diversifiés nest que de 17,7%. Enfin, la CIMR sest inscrite dans un processus de réforme en 2008 déjà. Son management a revu sa politique dinvestissement pour que le portefeuille action ait une structure plus équilibrée. Dans ce sens, les participations détenues dans les fonds étrangers ont été intégralement cédées. En revanche, la Caisse se concentre sur la diversification de ses investissements. En témoigne lallocation stratégique réservée aux actions, qui sétablissait à 68 % début 2008, et qui a été ramenée à 46 % au terme de lexercice. Depuis, elle est retombée à 43 % au premier trimestre 2009. De même, 4 nouvelles classes dactifs ont été introduites dans le portefeuille dinvestissement. Il reste à signaler quune attention particulière est accordée aux investissements dans les infrastructures, avec pour objectif de porter la contribution de ce type dinvestissement à 10 % de la performance globale de la Caisse, alors quà fin 2008 elle nen représentait que 6%. Lattention est donc orientée vers les politiques de placements des différents régimes de retraite afin dassurer leur pérennité dans un environnement de plus en plus incertain. Les espoirs des opérateurs sont aussi tournés vers la réforme tant attendue du système de retraite au Maroc et qui devrait voir le jour très prochainement. Cependant, il ne faut pas omettre que la gouvernance de ces régimes est un point tout aussi important que les politiques de placements afin de faire sortir le système de lanarchie qui la longtemps pénalisé.