Indéniablement, les programmes de rachat dactions ont le vent en poupe. De plus en plus de sociétés cotées y ont recours pour des montants de plus en plus importants. Dailleurs, la dernière opération en date en témoigne. Il sagit de celle initiée par lopérateur historique de télécommunications, Maroc Telecom. Ce programme, qui sera soumis à lAssemblée générale ordinaire du 3 décembre prochain, porte sur un montant colossal de 3,4 Mds de DH, soit 16 millions dactions représentant 1,82% du capital. Il devrait sétaler du 10 décembre 2009 au 10 juin 2011, avec un prix minimum unitaire de vente fixé à 130 DH et un prix maximum unitaire dachat à 210 DH. Actuellement, 16 sociétés cotées à la Bourse de Casablanca ont un programme de rachat dactions en cours. Avec toutes le même objectif : régulariser les cours des actions dans un marché boursier inscrit dans une spirale baissière qui dure depuis plusieurs mois. Cette longue dépréciation des cours avait dailleurs incité le ministre des Finances, Salaheddine Mezouar, à autoriser, à titre dérogatoire, les sociétés cotées à racheter leurs propres actions en dehors de la limite minimale de prix. Cest la fameuse notion de «cours minimum dachat et de vente» qui entraîne, en principe, la suspension du programme dachat dès lors que le niveau du cours de laction franchit ce seuil à la baisse. Mais cette dérogation na plus deffet depuis fin juin dernier. Et pourtant Il semble en effet que certains émetteurs jouent la prolongation. Cest ce qui ressort des statistiques mensuelles publiées par le CDVM et relatives aux transactions effectuées durant le mois doctobre. Une société cotée semble avoir fait une entorse aux caractéristiques de son programme : Atlanta. En effet, malgré un cours maximum dachat et de vente de 187,5 DH et un cours minimum dachat et de vente fixé à 125 DH, le cours moyen pondéré à lachat sest élevé à 95,49 DH. «Atlanta agit dans un cadre conforme à la loi, mais hors-cadre de lautorisation donnée par lAssemblée générale ordinaire», souligne le CDVM qui rappelle qu«une action a été engagée pour quelle rectifie le tir; et cest à ce titre quune Assemblée générale devrait se tenir pour revoir la fourchette de prix». En attendant, poursuit le gendarme du marché, «elle devrait, prochainement, procéder temporairement à la suspension de son programme de rachat». Par ailleurs, pour plus de souplesse, lon devrait bientôt passer à une nouvelle formule pour avoir un «prix minimum de vente» et un «prix maximum dachat», au lieu dun «cours maximum dachat et de vente» et un «cours minimum dachat et de vente». Cest cette nouvelle formule qui a dailleurs été appliquée pour le nouveau programme de rachat que vient dinitier Maroc Telecom. Rappelons, à ce titre, que lopérateur de télécommunications a reçu laval de lAssemblée générale, dans le cadre de son ancien programme de rachat dont la date déchéance est prévue le 28 novembre courant, dopérer en dehors de la fourchette de prix préalablement arrêtée. Raison pour laquelle on peut constater sur les dernières statistiques publiées par le CDVM que le cours moyen pondéré à lachat sest établi à 141,3 DH, alors que la limite inférieure de la fourchette de prix a été arrêtée à 150 DH. Il en est de même pour Cartier Saada qui a reçu lavis favorable de lAssemblée générale, ce qui justifie un cours moyen pondéré à lachat de 16,82 DH pour un cours minimum dachat et de vente de 19,7 DH. Il est vrai quavec la nouvelle formule, les émetteurs auront plus de marge de manuvre. Nempêche que, pour bon nombre danalystes, lidéal serait de supprimer le prix minimum autorisé à lachat afin de permettre aux émetteurs de poursuivre efficacement leur programme, surtout que la Bourse baigne dans la morosité. Sauf quil faut aussi veiller aux manipulations suspectes des cours.