* En six ans, cest la troisième OPV réservée aux salariés : les deux premières leur ont permis de générer des plus-values nettes de 1,3 milliard de MDH. * La note dinformation est en train dêtre visée par le CDVM. Certains voient en cette opération une manière de fidéliser le personnel, dautres un moyen de soutenir le titre en Bourse. Et de 3 pour Othman Benjelloun ! Un communiqué faisant état dune augmentation de capital de BMCE Bank réservée exclusivement aux salariés du Groupe BMCE vient dêtre rendu public. Après celles de 2003 et 2005, ce sera donc la troisième offre publique de vente réservée aux salariés et décidée lors du dernier Conseil dAdministration (CA) tenu le 24 septembre dernier à Strasbourg. Pour autant, le communiqué post-CA nen a nullement fait référence, se contentant de signaler que le CA «a examiné lactivité de la banque au terme du premier semestre 2009 et arrêté les comptes y afférents». Une entorse au règlement ? «Non», nous confirme un expert-comptable. «Tout dabord, il faut savoir que les communiqués post-CA sont filtrés : tout ce qui y est discuté nest pas forcément rendu public. Ensuite, si une décision est prise, quelle que soit son importance, et quelle nécessite, par exemple, la mise en place dune commission pour la concrétiser, la diffusion de linformation peut être différée. Cela dit, cette décision, consignée dans le procès-verbal du Conseil dAdministration, doit rester secrète». Même son de cloche du côté du Conseil déontologique des valeurs mobilières. «Toute information importante doit être certes publiée, mais dans le cas où elle nest pas sûre, on peut différer sa diffusion ; mais elle doit rester confidentielle. Et dans ce cadre, BMCE a respecté le principe de la confidentialité dans la mesure où aucune information relative aux caractéristiques de lopération nest rendue publique. Dailleurs, la note dinformation relative à lOPV a été soumise au CDVM pour validation», souligne-t-on. En cela, cette OPV nest pas en soi une surprise. Elle figurait dans le calendrier de la banque depuis bien longtemps. Il était même attendu quelle se fasse à loccasion de la célébration du cinquantenaire de la banque. Mais pourquoi cette OPV ? Le timing choisi est-il judicieux ? Othman Benjelloun offrira-t-il les mêmes avantages que lors des deux précédentes OPV ? Les salariés souscriront-ils massivement ? LOPV réussira-t-elle ? Selon le communiqué rendu public, «cette augmentation de capital réservée exclusivement aux membres du personnel de la banque, des filiales financières spécialisées et du holding FinanceCom, souhaitant se porter acquéreurs de ces nouvelles actions, est prévue dêtre opérée en numéraires, à hauteur de près de 3% du capital social». Avec le prix démission des actions basé ( ) «sur la moyenne des cours de laction enregistrés durant lannée 2009». Une moyenne qui, selon nos calculs, sétablit à 241 DH. A lheure quil est, les salariés du Groupe sont sûrement en train de se demander sil faut souscrire à cette OPV ou non. Sils se réfèrent strictement aux résultats des deux précédentes OPV, il ne fait aucun doute quils souscriront. Car, au total, ces deux opérations ont permis au personnel de réaliser des plus-values cumulées de 1,3 Md de DH. Alléchant, nest-ce pas ? Mais reste à savoir si les conditions préférentielles retenues, notamment lors de la première OPV, seront reconduites. Pour rappel, BMCE Bank avait mis en place, au profit des membres du personnel éligibles, un système de financement sous forme de prêt, à des conditions préférentielles, afin de financer tout ou partie des actions à acquérir dans le cadre de lOPV. Toutefois, cette offre était assortie dune condition : les membres du personnel devaient sengager à conserver les actions acquises pendant deux ans pour la première moitié et trois ans pour le solde. Sous réserve de cet engagement, condition du prêt, la cession pouvait alors être effectuée en Bourse. Et, pour souligner sa marque de confiance dans lévolution du titre, la BMCE avait garanti aux membres du personnel un prix minimum de revente de 400 DH (qui était le prix dacquisition, supérieur au cours du titre sur le marché boursier lors de lOPV -384 DH-), sous réserve des conditions de durée de détention. Dans tous les cas, ils ne pouvaient être perdants. Bien au contraire, ils y ont beaucoup gagné, surtout lors de la seconde OPV où, pour des actions acquises à 525 DH lunité, la valeur du titre a pu atteindre un pic de 3.000 DH en Bourse. Mais, aujourdhui, les conditions du marché ne sont plus les mêmes. La place a littéralement changé de physionomie, plombée par une atonie qui dure depuis plusieurs mois. Les investisseurs sont attentistes, alors que se profilent, comme à lapproche de chaque fin dannée, les opérations de reclassement de portefeuille. Dès lors, la réussite de lopération daugmentation de capital décidée par BMCE dépendra tant des conditions préférentielles qui vont laccompagner que de la croissance future attendue du titre, laquelle détermine les plus-values escomptées. La réussite de lOPV témoignera donc, tant sen faut, de la confiance du personnel en létablissement bancaire et en son potentiel de développement. Une confiance qui, peut-être, sera un signal suffisant au marché boursier pour permettre au titre, qui affiche, au 10 novembre, une contre-performance annuelle de 8% à 236 DH, de reprendre du poil de la bête. Cet analyste a dailleurs un avis assez tranché sur la question. Selon lui, «rien ne peut, actuellement, justifier cette OPV, sinon que cest une manière de susciter de lintérêt pour la valeur BMCE qui est en train de subir une correction, à linstar de plusieurs autres valeurs de la corbeille. Et en réussissant cette opération, un signal important sera donné aux autres investisseurs qui sont devenus plus regardants et plus prudents, surtout en cette période de crise; ce qui devrait permettre de soutenir le titre». Une analyse à laquelle ne souscrit pas tout à fait notre expert-comptable qui voit en cette OPV «lempreinte anglo-saxonne du groupe, avec une politique régulière de motivation et de fidélisation de son personnel». Mieux, poursuit-il, «à lheure où les rumeurs fusent sur la succession dOthman Benjelloun et la cession éventuelle du Groupe, cette OPV tend à rassurer le personnel : cest une manière de dire que la banque nest pas dans une logique de cession et quelle met le personnel au centre de ses préoccupations». Lon attend de voir comment réagira le marché au-lendemain de lOPV.